FNH N° 1176

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JEUDI 5 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Désenvasement des barrages

«C’est le moment de lancer un vaste programme»

capacité de stockage de 15 millions de m 3 d’eau. Avec l’envasement, sa retenue a été réduite à 5 millions de m 3 seu- lement. Sous l’effet de pluies torrentielles, qui ont duré 12 heures, il a commencé à déver- ser de l’eau à 108 m 3 /s et la catastrophe n’a pas tardé à venir. Ce scénario pouvait se répé- ter lors des fortes intempéries ayant marqué le sud-est du Royaume en octobre dernier, notamment au niveau des bar- rages de Mansour Dahbi, sur oued Draâ, et Hassan Dakhil, sur Oued Ziz. Heureusement que ces ouvrages avaient des réserves en eau faibles et leur capacité de stockage atteint 445 millions de m 3 pour le pre- mier et 312 millions m 3 pour le second. «Fortement pénalisées par plu- sieurs années de sécheresse, les réserves en eau des bar- rages sont à un niveau très bas. C’est le meilleur moment pour procéder aux opérations de désenvasement ou de dra- gage. Elles seront plus faciles et moins coûteuses. Il est utile de profiter de cette situation, surtout pour les ouvrages qui sont dans un état de tarisse- ment ou baisse drastique de l’eau. Il est également utile d’accélérer les programmes de reboisement aux alentours des bassins hydrauliques afin de réduire l’érosion des sols» , explique-t-il. Certaines agences de bassins hydrauliques ont déjà program- mé des opérations de désen- vasement, à l’image de celle de Moulouya. Elle a conclu un accord avec de nombreux intervenants publics et privés pour procéder au dragage du barrage Titaouine. Pour des rai- sons budgétaires, ces projets sont limités. ◆

Les opérations seront faibles et à coût réduit car les réserves en eau présentent un niveau faible. Le reboisement est marginalisé dans les projets de construction des ouvrages. Par C. Jaidani L

a construction des barrages est un levier important pour assurer la sécurité hydrique du Royaume. Semi-aride et mar- qué par l’irrégularité des pluies, le pays a besoin d’optimiser l’utilisation de toutes ses res- sources en eau pour faire face à la sécheresse. C’est pour cette raison qu’il est utile de lutter contre toutes les formes de gaspillage ou de mauvaise uti- lisation de l’eau. L’envasement des barrages figure parmi les facteurs qui impactent directe- ment les réserves en eau. Le département de l’Équi- pement et de l’Eau estime le volume perdu à cause de ce phénomène à 75 millions de m 3 par an. Interpellé récemment à ce sujet à la Chambre des représen-

tants, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’Eau, a reconnu que le «l’envasement des barrages ne date pas d’au- jourd’hui. Le degré diffère d’un ouvrage à un autre et d’une région à une autre. Le phéno- mène biaise les données sur le niveau de stockage en eau». Sur la base des études de bathymétrie (technique d’ana- lyse des profondeurs), le dépar- tement de tutelle est en train de faire un diagnostic de la situation à partir duquel il pren- dra les mesures qui s’imposent, comme le désenvasement, la surévaluation des barrages concernés ou carrément la construction d’un nouveau bar- rage soit en amont ou en aval. «L’envasement des barrages présente de nombreux risques

qu’il faut prendre en considé- ration. Non seulement il fait perdre de l’eau, mais il réduit les capacités de lutte contre les crues et aussi la production d’électricité pour les ouvrages qui ont cette fonction, sans compter les effets néfastes sur l’écosystème» , affirme Mounir Benzohra, expert en hydrolo- gie. Il faut rappeler qu’à cause de l’envasement du barrage oued El Maleh, la ville de Mohammédia a été inondée en 2002. Les crues ont généré des dégâts humains et matériels importants, causant même une dégradation de la raffinerie de Mohammédia. Construit au début des années 30 du siècle dernier, l’ouvrage avait à son lancement une

 A cause de l’envasement, le volume en eau perdu annuellement est estimé à 75 millions de m 3 .

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