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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 5 DÉCEMBRE 2024
ces pays sont trop petits pour se développer seuls. Si nous arrivons à créer un marché unique, comme l’Europe avec ses 27 membres, nous pourrons fabriquer au Mali et vendre en Afrique du Sud sans entraves. La zone de libre-échange conti- nentale africaine (Zlecaf) est un pas dans cette direction, mais elle doit être accompagnée d’une réflexion sur les avantages comparatifs de chaque pays. Par exemple, le Mali, riche en bétail, pourrait devenir le princi- pal fournisseur de viande pour le continent. Pourquoi importer de la viande d’Australie alors que le Mali peut répondre à cette demande ? Il suffit de créer des infrastructures comme des abat- toirs modernes. F.N.H. : La plupart des pays africains ont des similitudes en termes de produits agri- coles, miniers ou énergé- tiques. Comment gérer cette similitude tout en per- mettant aux pays de rester compétitifs ? M. B. : C’est une question de spécialisation. Chaque pays doit se concentrer sur ses avantages comparatifs. Par exemple, la Côte d’Ivoire et le Ghana, grands pro- ducteurs de cacao, pourraient se spécialiser dans la transformation du cacao au lieu d’exporter des matières premières. Aujourd’hui, nous envoyons nos noix de cajou au Vietnam pour qu’elles soient décortiquées et revendues sous forme de snacks, générant ainsi 15 fois plus de valeur. Cette aberration doit ces- ser. La valeur ajoutée doit rester en Afrique. Pour cela, il faut des politiques coordonnées au niveau de l’Union africaine et un engage- ment politique fort. La volonté politique reste le princi- pal obstacle. Nous avons 54 chefs d’État, chacun attaché à son dra- peau et à son petit budget. Prenez le Mali : avec un territoire immense et une population de 22 millions, notre budget national est de seule- ment 6 milliards d’euros. Ce mon-
nent. Mais le narratif africain doit être raconté par les Africains eux- mêmes. Trop souvent, les médias internationaux ne retiennent que les aspects sensationnalistes. Il est temps que l’Afrique prenne la parole et montre son vrai visage, celui d’un continent en pleine mutation. ◆
«Avec une population de 1,5 milliard aujourd’hui et 2,5 milliards dans 25 ans, majoritairement jeune, le continent représente une force de travail et un marché de consommateurs énormes».
tant ne suffit même pas pour sécu- riser le pays, encore moins pour investir dans son développement. Pourtant, des signes d’espoir
émergent. Les investisseurs afri- cains commencent à jouer un rôle clé. En 40 ans, j’ai vu une trans- formation incroyable sur le conti-
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