FNH N° 1176

8

JEUDI 5 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

BOURSE & FINANCES

de crédit. Cette croissance sera éga- lement alimentée par les incertitudes économiques persistantes et l’entrée en vigueur de la prochaine note circulaire de Bank Al-Maghrib relative à la classifica- tion des créances en souffrance. Le projet de loi, qui sera bientôt sou- mis au circuit législatif, lève plusieurs contraintes pour faciliter la cession de cette catégorie d’actifs, notamment les obstacles juridiques liés au consente- ment du débiteur. Les banques cédantes auront en face d’elles des investisseurs spécialisés dans cette classe d’actifs, notamment des opérateurs interna- tionaux. La mise en place du marché secondaire des créances en souffrance bénéficie également de l’accompagne- ment technique de la Société financière internationale (SFI). ◆

 Abderrahim Bouazza, Directeur général de Bank Al-Maghrib

Banques

Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance Piloté par un comité interministériel aux côtés de Bank Al-Maghrib, le lancement du marché secondaire des créances en souffrance permettra aux banques de libérer de nouvelles capacités financières en cédant ces actifs à des investisseurs spécialisés. Par A. Hlimi

L’expérience européenne

Le marché secondaire des créances en souffrance a permis aux banques européennes de réduire sensiblement leur stock, passant de 1.000 milliards d’euros à 350 milliards en quelques années. Pour les experts, ce marché est cyclique. Actuellement, les volumes sont bas, mais maintenir le marché permet de faire face à des périodes de stress. Une autre recommandation pour réussir cette expérience réside dans l’investissement dans les don- nées et dans les entreprises spécia- lisées dans le recouvrement afin de libérer tout le potentiel du marché. Ces opérateurs sont en effet un élément essentiel pour le fonctionnement de ce marché. De manière générale, la qua- lité de l’information et sa disponibi- lité, notamment via des plateformes spécialisées, permet de réduire l’asy- métrie d’information et encourager les investisseurs. Autrement, il est pos- sible d’observer des spreads impor- tants entre les cours acheteurs et ven- deurs. Des écarts supérieurs à 40% ont été observés, y compris sur des prêts garantis, ce qui peut rendre l’attrait de ce marché peu intéressant pour les banques qui viennent s’y refinancer.

B

ank Al-Maghrib a récemment réuni à Casablanca l’ensemble des acteurs de l’écosystème financier pour discuter des apports de la future loi qui encadrera le marché secondaire des créances en souffrance. Une réforme annoncée par le wali de Bank Al-Maghrib il y a quelques années et menée, selon Abderrahim Bouazza, Directeur général de la Banque centrale, de manière inclusive et avec une large concertation avec les acteurs concernés. Les enjeux sont considérables : le mon- tant actuel des créances en souffrance avoisine les 98 milliards de dirhams, soit un peu plus de 8,6% du porte- feuille de crédits des banques et 7% du PIB. Ces montants se sont accu- mulés, entre autres, en raison d’une conjoncture économique difficile pour

les entreprises et les ménages. Ces créances en souffrance sont conservées pour des périodes relativement longues dans les bilans bancaires en raison des délais de recouvrement, mais aussi des contraintes fiscales. En effet, la Direction générale des impôts exige un délai de cinq ans de détention pour bénéficier de la déduction fiscale des provisions. Cette situation pèse sur les fonds propres des banques, leur solvabilité et leur liquidité. La mise en place de ce marché leur per- mettrait de recycler une partie de ces créances, de soulager leurs ratios pru- dentiels et d’offrir de nouvelles capacités de financement. Il convient de noter que le gisement de créances en souffrance du secteur ban- caire devrait continuer à croître naturel- lement avec l’augmentation des encours

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker