Argenteuil_2022_08_12

COLLECTIVITÉ

LACHUTE ATTIRERA-T-ELLE DAVANTAGE LE TOURISTE?

FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

La rue Principale s’est refait une beauté durant le mois de juillet. Entre les rues Harriet et Bellingham, on a disposé sur les trottoirs un mobilier urbain origi- nal. En août, ce même mobilier a été transbahuté entre les rues Bellingham et Water, cette fois pour élargir le terre- plein central. Il s’agissait, comme l’avait annoncé fin juin le maire Bernard Bigras-Denis, d’un projet pilote de revampage du centre-ville afin de le rendre plus attrayant pour les résidents et les visiteurs. La municipalité invite d’ailleurs les usagers à dire ce qu’ils en pensent en répondant à un sondage en ligne. Le résultat de ce sondage devrait être connu vers la fin septembre, Le journal l’Argenteuil, impatient de connaître l’avis des citoyens, a décidé de demander sans aucune prétention scienti- fique leur avis à environ deux douzaines de personnes, lachutois et provenant d’ailleurs. Notons d’entrée de jeu que lors de notre passage, nous nous sommes adressés aux gens sur les terrasses, le nouveau mobilier urbain étant inoccupé. Dans l’ensemble, les avis sont plutôt positifs. «Je trouve ça invitant, ça donne de l’ambiance», déclare Catherine Taylor, de Brownsburg-Chatham. Virginia Léonard de Lachute renchérit: «It’s very pretty. The people will stop because it’s pretty.» Son mari, Yvon, est un peu moins enthousiaste:

Avec ses couleurs jaunes et son emplacement central, les aménagements transitoires ne peuvent pas passer inaperçus au centre-ville de Lachute. —photo François Daniel

plus de commentaires. C’est à ce chapitre que les critiques sont les plus nombreuses. Nathalie Miron: «Le parking derrière me gêne». Mme Carmelle Lacasse qui travaille chez un chiropraticien de la rue Principale: «Les patients sont désavantagés par rapport à leur handicap. On a parfois des patients qui ont de la difficulté à marcher. Stationner derrière leur crée un problème». L’homme d’affaires Éric Gosselin de Lachute fait remarquer: «La ville incite les gens à stationner derrière (les commerces), mais la plupart des places de stationnement n’appartiennent pas à la ville»; une remarque que relève Amélie Gagnon, propriétaire de L’Infusion: «La ville ne nous a pas contactés pour l’utilisation de nos parkings. Il n’est pas question de charger pour nos clients, mais les autres… Heureusement, on n’en est pas rendu là.» Mais certains sont aussi inquiets pour la conduite. Pour M. Gosselin, même si c’est «un bel attrait pour les gens de l’exté- rieur (…) c’est dangereux à cause du petit croche qu’on doit faire, surtout pour les gros véhicules». Son ami Martin Lamoureux ajoute: «En ce qui concerne les cyclistes et les motos, il n’y a pas beaucoup d’espace pour ouvrir les portes des autos». Martin Guay, pour sa part estime que «ça fait modérer les autos sur la rue principale». Il ajoute toutefois: «Mais c’est sûr qu’il va y avoir des accidents.» L’objectif à long terme de la ville, on l’a dit, est de revaloriser le centre-ville et de favoriser la promenade et des regroupe- ments dans la rue Principale. À en croire certaines des personnes interrogées, il y a du chemin à faire. Evelyne Beaulieu et Matthieu Douville se sont arrêtés à la brasserie Sir John avec leurs deux enfants. Ils viennent de l’exté- rieur. Constatation de Mme Beaulieu: «Il n’y a pas assez de commerces attirants (…) On n’a pas envie de marcher pour le plaisir.» Un des boutiquiers, Denis Desjardins, qui fabrique du mobilier pour les animaux de compagnie, partage cet avis lorsqu’il dit que le Centre des Arts d’Argenteuil devrait se retrouver rue Principale plutôt que dans le bas de la Clyde. «À la place du

«Les terrasses, c’est beau et c’est assez. Ce n’est pas nécessaire d’en faire plus», et il ajoute: «Il y a trop de mobilier et pas assez de stationnements. Moi, j’ai de la misère à marcher.» Les places de stationnements, environ une vingtaine qui sont retirées, suscite le

gouvernement, j’aurais aimé cent fois mieux subventionner un centre des arts qu’une place qui vend de la guenille» dit-il. Il fait allusion à Recypro récemment aménagé au cœur de la rue Principale dans l’ancien magasin Rossy. Pourtant, Lachute est reconnu pour ses magasins spécialisés: la mercerie Pep, Mes saisons en couleurs, JB Shoes, etc. En revanche, la propriétaire de Chaussures Monique, étable depuis nombre de décen- nies, a annoncé sa retraite; la fermeture des 3 bijouteries constituaient pour les touristes un attrait certain. La question des coûts de l’expérience préoccupe beaucoup de gens. Elle fait même l’objet d’une critique virulente de la part de Sylvain Paquette, associé chez Bernard Tessier, fleuriste : «C’est de l’argent dépensé vraiment inutilement. Beaucoup d’argent dépensé pour ça quand les rues ont besoin d’amour.» Il ajoute qu’en ce qui concerne les espaces de stationnement derrière la boutique, «on est quasiment en Afghanistan. Y a assez de trous, c’est effrayant.» Concernant les coûts de l’opération, M. Benoît Gravel, directeur de la ville de Lachute a répondu par courriel: «nous avons utilisé le budget prévu de 200 000$ pour réaliser les aménagements transitoires sur la rue Principale. Ce montant est pour les aménagements physiques installés sur la rue.» Le temps des employés de la ville n’a pas été comptabilisé puisque la plupart des éléments du mobilier urbain se retrouveront éventuellement dans les parcs de la ville et émargera à des budgets prévus à cet effet. Quant au sondage en ligne et à l’analyse terrain, ils représentent une dépense d’envi- ron 12 000$. Il faudra attendre l’automne pour connaître l’opinion de ceux qui auront répondu au sondage en ligne. Entretemps, les citoyens peuvent toujours aller se faire bronzer sur les chaises longues à deux places installées devant le trafic routier ou pique-niquer sur les tables près des terrasses de restaurateurs. Les fleurs qui abondent dans cet aména- gement aux allures festives s’ajoutent aux grands terrepleins aménagés autrefois sous le règne Mayer.

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