Finances News Hebdo 1205

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 29 juillet 2025 - 8 DH - N° 1205

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

P. 22 à 24

Parcours d’un résistant «Le moment le plus

Feuille de route climatique Leila Benali branche le Maroc sur le réel ● Investissements multipliés, réformes législatives, vision territoriale et mobilisation du privé : la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable défend une écologie réaliste et intégrée. ● La feuille de route climatique du Maroc veut concilier croissance, compétitivité et équité. P. 2/30 à 32

marquant reste le jour où j’ai rencontré Zerktouni»

P.26 à 28

 Entretien avec Mohamed Talout Meknassi, figure de la résistance marocaine

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

2

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

ACTUALITÉ

Editorial

4

Voyons voir : Réforme du CNP : Bensaid esquive le guet-apens politique Ça se passe au Maroc

5

Établissements de crédit : Résilience du secteur et accélération des réformes Risques bancaires : Les fondamentaux revus de la classification des créances douteuses Risques climatiques : La Banque centrale pose les bases d’une supervision verte Digitalisation des services financiers : BAM précise son rôle d’accompagnateur et de régulateur Réclamations bancaires : Montée en charge des dis- positifs de traitement et de médiation Capital-investissement : Un booster pour les entre- prises Capital-investissement : Un changement d’échelle porté par le FM6I 8 10 12 14 16 18 20 BOURSE & FINANCES

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Transition énergétique

O Benali branche le Maroc sur le réel

n aurait pu croire à un PowerPoint comme les autres. Des slides, des chiffres, des sigles et des acronymes qu’on ne retient jamais. Mais ce jeudi 24 juillet 2025, dans le cadre des Nuits de la Finance organisées par Finances News Hebdo à Rabat, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, n’est pas venue faire de la figuration, encore moins de l’écologie de salon. Elle a déroulé une vision concise et cohé- rente. Car en matière de feuille de route climatique, le Maroc ne veut plus se contenter de faire acte de présence dans les COPs, ces grands rendez-vous mondiaux où l’on débat souvent plus qu’on n’agit. Il veut proposer, exister et influencer. Et pour cela, il s’est donné un plan. Ou plutôt sept. Sept piliers stratégiques pour transformer le modèle énergétique, industriel et écologique du pays. Du classique, me direz-vous ? Pas tout à fait. Car si l'on connaît déjà les grands axes (énergies renouvelables, développement durable, économie circulaire…), ce que Leila Benali a présenté jeudi, c’est une feuille de route à la fois ambitieuse et ancrée dans le réel, capable de faire du vert une couleur rentable. La stratégie nationale de développement durable, qualifiée de «mère de toutes les stratégies», a été revisitée et actualisée. L’économie circulaire, elle, tente de rattraper trois décennies de retard. Quant aux énergies renouvelables, elles avancent à marche forcée. L’objectif des 52% de capacité installée sera atteint bien avant 2030. Mais ce n’est pas cela le vrai sujet, nous dit-elle. Le vrai défi ? Faire en sorte que les ampoules de nos salons s’allument grâce à une électricité propre et bon marché. En résumé : faire du soleil, du vent et même du gaz des atouts pour notre porte-monnaie. Car oui, le gaz a fait son grand retour dans le discours politique. Après la fermeture brutale, fin octobre 2021, du gazoduc Gaz Maghreb Europe qui fournissait, via le Maroc, du gaz à l’Espagne, le Royaume a dû inventer, en urgence, une diplomatie du gaz à flux inversé. Résultat : dès juin 2022, un méthanier accostait, les centrales redémarraient et Rabat s’inscrivait au tableau d’honneur de la résilience énergétique mon- diale. A ce jeu-là, seuls le Maroc et l’Ukraine ont réussi l’exploit. Mais au-delà de l’énergie, ce sont les messages politiques qui percent dans le discours de la ministre. L’Afrique, dit-elle, subit une double peine : elle est peu émettrice de CO2 mais doit quand même se transformer. Et en plus, sans budget. Les financements climat ? Trop peu et trop lents. Résultat: à la prochaine COP, le Maroc veut proposer un nouveau cadre pour sa contri- bution déterminée nationale, moins technocratique, plus humain et surtout plus crédible. Et puis, il y a cette petite musique discrète : le multilatéralisme est en panne, la solidarité climatique à bout de souffle et les nations du Sud sont de plus en plus seules face aux urgences. Dès lors, il faut oser et réécrire les règles du jeu. Et c’est peut-être cela la vraie feuille de route du Maroc : ne plus attendre le consensus mondial pour tracer son chemin. Même si ce chemin passe parfois par une ligne à haute tension. u

ECONOMIE

34 36

Tourisme : Le Maroc veut garder le cap Entretien avec Samir Cherfan : Industrie automo- bile, «Le taux d’intégration de l’usine Stellantis de Kénitra atteindra 75% à l’horizon 2030» Mondial 2030 : De la pelouse aux politiques publiques Entretien avec Khalid Doumou : Fondation Maroc 2030, Sport, économie et diplomatie s’unissent Influenceurs au Maroc : La fin du «Far West» numérique

38

40

44

46 L'UNIVERS DES TPME

Entretien avec Youssef Jbel : NowEdge, L’onboarding digital réinventé par la gamification

22

Mohammed VI : Récit d’un règne transformateur Parcours d’un résistant : «Le moment le plus marquant reste le jour où j’ai rencontré Zerktouni»

26

Gazoduc Afrique-Atlantique : Le Maroc acte son opérationnalisation 48 DEVELOPPEMENT DURABLE

30 FOCUS

Feuille de route climatique : La méthode Benali

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

4

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Réforme du CNP

Bensaid esquive le guet-apens politique

Par D. William Q uand un ministre touche à la presse, il marche sur des œufs. Quand il réforme son organe d’autorégulation, il égratigne des sensibilités. Et quand il le fait dans un contexte de muta- tion, c’est un petit miracle politique. Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, vient de réaliser ce tour de force avec l’adoption, par la Chambre des représentants, du projet de loi n°026.25 portant réorganisation du Conseil national de la presse (CNP). Et autant dire les choses clairement : ce n’est pas tous les jours qu’un ministre choisit la tempête plutôt que la tranquillité.

témoigne d’une volonté d’écoute réelle. Et le nombre d’amendements montre, tout autant, qu’il y avait à dire à propos de ce texte, notam- ment en ce qui concerne le mode de désigna- tion des membres du CNP. En effet, les journalistes seront élus, mais les éditeurs, eux, seront désignés. Un choix qui n’a pas plu à l’opposition, qui y voit une atteinte au principe démocratique. «L’élection est la forme la plus noble de l’exercice démocratique» , ont plaidé les députés critiques, redoutant un retour en arrière. Mais Bensaid a assumé. «Le choix de l’élec- tion pour les journalistes professionnels et de la désignation pour les éditeurs est dicté par la nature de ces deux catégories» , a-t-il expli- qué, ajoutant que cette désignation repose sur une logique de «représentation fondée sur le consensus» . Cette position, courageuse dans un contexte aussi sensible, rappelle une vérité que beau- coup aimeraient oublier : la démocratie, en matière de gouvernance sectorielle, consiste à toujours trouver le bon équilibre. Bref, à l’heure où certains médias sombrent dans le sensationnalisme pour survivre et où d’autres se battent pour exister face aux géants du web, la consolidation du CNP apparaît comme une réponse structurante. Et même si l’opposition et certains observateurs sont critiques, il est difficile de nier la cohérence globale du projet, qui doit atterrir par la suite à la Chambre des conseillers. En attendant, Bensaid semble avoir réussi son pari, en esquivant ce qui s’apparentait à un guet-apens politique, avec notamment une presse marocaine parfois ombrageuse, une classe politique toujours en alerte quand il s’agit de liberté d’expression et des ONG internationales promptes à dégainer leur clas- sement. Bien sûr, tout n’est pas parfait. On peut légiti- mement continuer à s’interroger sur le traite- ment différencié entre journalistes et éditeurs. Sur le rôle futur du CNP dans la lutte contre la désinformation. Ou encore sur sa capacité à accompagner une transition numérique encore balbutiante. Mais on ne peut pas, honnête- ment, balayer d’un revers de main ce travail de refonte. Il fallait le faire. Il fallait oser. Et il l’a fait. ◆

nantes du secteur, puisqu’il est né de la concer- tation et du dialogue avec les profession- nels, répond aux défis structurels du secteur: lectorat en chute libre, érosion des recettes publicitaires, modèle économique en panne, émergence des réseaux sociaux et difficulté d’adaptation au numérique. C’est pourquoi les choses ont été réorganisées en profondeur. Le texte prévoit ainsi la création d’une commis- sion indépendante pour superviser les élections professionnelles. Il met également à jour les dispositifs de médiation et d’arbitrage, accorde une meilleure lisibilité aux procédures discipli- naires et corrige certaines dispositions jugées liberticides, à l’image de la suppression de la suspension pouvant frapper un journal pour trente jours. Là encore, Bensaid a tenu à replacer la réforme dans son contexte : «ce texte vise à parvenir à un équilibre entre la liberté de la presse et la nécessité de respecter les règles profession- nelles et déontologiques» , ajoutant qu’ «il reflète une compréhension approfondie que la liberté de la presse, garantie par la Constitution, ne peut être réalisée que par les mécanismes d'autorégulation». 45 amendements retenus Durant son parcours législatif, ce projet de loi a cependant su évoluer. En effet, sur les 249 amendements déposés, 45 ont été retenus. Cette souplesse dans le débat parlementaire oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

A l’origine de cette réforme, un constat sans appel : le cadre juridique issu de la loi 90.13 pro- mulguée en 2016 avait montré ses limites avec, entre autres, les difficultés des commissions Ethique & Déontologie et Médiation & Arbitrage à s’acquitter correctement de leurs missions, ou encore le flou sur le mode de scrutin et l’autorité devant superviser les élections des membres du CNP. Bref, une belle architecture institutionnelle, mais des fondations fragiles. Il fallait reprendre le chantier, et Bensaid n’a pas hésité. «Il ne s'agit pas d’un simple nouveau texte législatif, mais d'une étape cruciale dans le processus de modernisation et de dévelop- pement du paysage médiatique», a-t-il souligné devant les députés. Ce projet de loi, qui s’appuie sur une approche participative saluée par toutes les parties pre-

ÇA SE PASSE AU MAROC

5

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Infrastructures aéroportuaires

Un investissement de 38 milliards de DH pour les cinq prochaines années

L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé la signature d’un proto- cole ambitieux pour la période 2025-2030 avec l’Office national des aéroports (ONDA), visant à hisser le Maroc au rang de hub aérien régional et international. Doté d’un budget de 38 Mds de DH, le plan prévoit l’extension des aéroports de Marrakech, Agadir, Tanger, Fès et la modernisation de l’aéroport Mohammed V, avec un nouveau terminal hub et une piste. Un nouvel aéroport international verra aussi le jour à Casablanca. Objectif : porter la capacité nationale à 80 millions de passagers

d’ici 2030, contre 34 millions actuellement. Ce projet stratégique soutient les ambi- tions touristiques du Royaume, à l’horizon de 26 millions de visiteurs. Le financement repose sur un montage innovant : une titrisation des redevances aéroportuaires per- mettra à l’ONDA de mobiliser 5 Mds de DH sans garantie étatique. Le projet s’inscrit dans la stratégie ONDA-2030, axée sur l’innovation, la performance et l’intégration territoriale, et accompagnera la montée en puissance de la RAM et la croissance du trafic aérien. ■

Programmation budgetaire Les priorités du Maroc pour 2026-2028

A l’occasion de la Fête du Trône, qui célèbre cette année le 26 ème anniversaire de l’Accession de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, que Dieu Le Glorifie, au Trône de Ses Glorieux Ancêtres, le Directeur et l’ensemble du personnel de l’Office des Changes ont l’insigne honneur de présenter à leurs vœux les plus déférents de santé et de longue vie, priant le Tout Puissant de préserver Sa Majesté et de l’assister dans son œuvre d’édification d’un Maroc moderne et prospère. le Roi MOHAMMED VI Sa Majesté

L a ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a pré- senté jeudi à Rabat, devant les deux Commissions des finances du Parlement, la programmation budgé- taire triennale 2026-2028, axée sur le maintien des équilibres macroéco- nomiques pour financer les réformes stratégiques du Royaume. Cette feuille de route vise à consolider les piliers de l’État social, renforcer l’investis- sement, soutenir l’emploi et accom- pagner la transition énergétique. Les priorités incluent la généralisation de la protection sociale, la réforme de la santé, le développement de l’en- seignement préscolaire et le soutien à l’habitat. Côté infrastructures, les efforts porteront sur l’eau, l’électri- cité, les transports, l’agriculture, le tourisme et les énergies renouvelables. Basée sur des hypothèses prudentes (croissance de 4,5%, inflation à 2%, baril à 65$), la stratégie entend réduire le déficit à 3% du PIB et la dette à 64% d’ici 2028. Malgré les incertitudes mondiales, la ministre souligne la rési- lience de l’économie marocaine, fruit d’une gestion budgétaire rigoureuse et d’investissements publics soutenus. ■

Ils saisissent cet heureux événement pour présenter leurs vœux également à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay EL HASSAN, à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et aux membres de la glorieuse Famille Royale.

www.fnh.ma

ÇA SE PASSE AU MAROC

6

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

À l’occasion de la Fête du Trône Les équipes de JMA Conseil, éditeur de Finances News Hebdo, Autonews et la Quotidienne, ont l’insigne honneur de présenter à Congés annuels N ous vous informons que Finances News Hebdo prend une pause estivale, comme chaque année. En raison des congés annuels de notre équipe, la publication de votre hebdomadaire est suspendue pour les prochaines semaines. Cette interruption nous permet de revenir avec des contenus toujours plus pertinents et enrichissants. Le prochain numéro de Finances News Hebdo est prévu pour fin août 2025. Nous sommes impatients de vous retrouver à cette date pour toujours vous offrir des analyses approfondies et un regard expert sur l'actualité financière et économique. Merci pour votre compréhension et votre fidélité. ■ Retraites Le Conseil d'administration de la CMR valide l'élaboration d'un contrat-programme 2025-2027 avec l’État

leurs vœux sincères et déférents, ainsi qu’à Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan, à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et aux membres de la Famille Royale. SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI QUE DIEU LE GLORIFIE

L e Conseil d'administration de la Caisse marocaine des retraites (CMR), réuni récemment à Rabat sous la présidence de la ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, a donné son accord pour l'élaboration d'un nouveau contrat-programme avec l’État pour la période 2025-2027. Ce contrat-programme sera élaboré sur la base du plan stratégique de l'établissement au titre de la même période. Lors de cette réunion, le Conseil a pris acte avec satisfaction du bilan d'exécution du contrat-programme 2022-2024 signé avec l’État, dont le taux de réalisation a atteint 91%. ■

BOURSE & FINANCES

8

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

aux risques croissants induits par le changement climatique et le développement des services ban- caires en ligne. Dans ce sens, la Banque centrale a édicté deux nouvelles directives réglemen- taires destinées aux institutions bancaires précisant ses exi- gences en matière de gestion des risques climatiques et a contribué à la conception de la stratégie de développement de la finance climat à horizon 2030, selon le responsable. En ce qui concerne la digitali- sation des services financiers, Bank Al-Maghrib a entrepris une réforme importante du cadre réglementaire régissant les éta- blissements et services de paie- ment afin de dynamiser les paie- ments numériques, a-t-il dit. Il poursuit que la Banque centrale a octroyé des agréments à trois sociétés de crowdfunding, dont une spécialisée dans le finance- ment par don, et a renforcé en parallèle la surveillance des cyber risques et amélioré la coordina- tion avec la Direction générale de la sécurité des systèmes d’infor- mation (DGSII) relevant de l’admi- nistration de la Défense nationale. Selon le directeur de la Supervision bancaire, BAM a également entrepris des mesures visant à promouvoir un usage sécurisé des services bancaires digitaux et à sensibiliser le public par rap- port aux actions de prévention contre les risques d’escroqueries financières, démontrant ainsi son engagement continu pour la pro- tection de la clientèle et le déve- loppement d’un secteur bancaire moderne et résilient. L’année 2024 a été marquée par la finalisation de réformes légis- latives et réglementaires visant à rehausser l’efficacité du dis- positif de gestion de crises ban- caires. Ces réformes portent sur la refonte des outils de traite- ment des difficultés des établis- sements de crédit, la révision du mécanisme interne d’octroi de liquidité d’urgence en faveur des banques, ainsi que la finalisa- tion d’un projet de loi ayant pour objectif la création d’un marché secondaire des créances non performantes. ◆

 Présenté à Casablanca le 25 juillet, le rapport annuel de supervi- sion bancaire de BAM dresse le bilan de l’exercice 2024.

Établissements de crédit Résilience du secteur et accélération des réformes P La Banque centrale a dévoilé, jeudi dernier à Casablanca, la 21 ème édition de son rapport annuel sur la supervision bancaire qui porte sur l’exercice 2024. Ce qu’il faut retenir. Par Y. Seddik résenté lors d’une conférence de presse par Nabil Badr, adjoint au directeur de la direction de la Supervision bancaire chez BAM, ce rapport dresse le bilan des acti- vités de régulation et de contrôle de la Banque centrale, ainsi que des activités des établissements de crédits et organismes assimi- lés pour l’exercice 2024. A cette occasion, Nabil Badr a souligné que l’économie nationale a fait preuve d’une résilience notable avec une croissance de 3,8% et un recul très sensible de l’inflation à 0,9%, en dépit d’un environ-

conventionnelles de 24,1%, confortant la solidité et la rési- lience du secteur bancaire, ainsi que sur les banques participa- tives qui ont atteint l’équilibre de leurs résultats après une période de montée progressive de leurs activités. Sur le plan prudentiel, le ratio de solvabilité moyen s’est établi à 16,2%, et le ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 s’est situé à 13,5%, dépassant largement les minima réglementaires qui sont respectivement de 12% et 9%, a relevé Badr, notant que le ratio de liquidité moyen à court terme s’est également maintenu à un niveau confortable. Côté régulation, le rapport sou- ligne que Bank Al-Maghrib a accordé une attention renforcée

nement international incertain et de la succession des années de sécheresse. Il a indiqué que le crédit ban- caire a progressé de 4,6% et les dépôts collectés auprès de la clientèle se sont accrus de 9,2%, tandis que le taux des créances en souffrance s’est stabilisé à 8,4% sur base individuelle et 9% sur base consolidée par rapport à l’année 2023. Dans ces condi- tions favorables, Bank Al-Maghrib a amorcé un assouplissement de sa politique monétaire, rédui- sant son taux directeur à deux reprises, en juin et en décembre, d’un total de 50 points de base à 2,50%. Badr a également mis l’accent sur la progression remarquable des résultats cumulés des banques

Sur le plan prudentiel, le ratio de solvabi- lité moyen s’est établi à 16,2%, et le ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 s’est situé à 13,5%.

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

10

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

les décisions de reclassement, les conditions de restructuration et les politiques internes d’alerte précoce. Enfin, l’intégration expli- cite des dimensions ESG, avec une attention nouvelle portée aux risques climatiques dans la détério- ration du profil de crédit. Le chantier s’est accompagné d’un processus de concertation avec les banques, afin de garantir une appropriation progressive des nou- velles règles. La version révisée de la circulaire devrait entrer en vigueur en 2025, avec une phase transitoire permettant d’adapter les systèmes d’information et les dis- positifs internes.

 La Banque centrele met en avant une série d’initiatives destinées à renforcer l’identification, le suivi et le traitement des risques bancaires.

Vers une supervision plus prospective

Risques bancaires Les fondamentaux revus de la classification des créances douteuses L Si les indicateurs globaux du secteur bancaire demeurent solides, Bank Al-Maghrib renforce ses exigences prudentielles en matière de risque de crédit. En 2024, elle engage la révision de la circulaire 19/G sur la classification des créances en souffrance, dans une démarche d’alignement avec les standards internationaux et d’amélioration de la résilience du système. Par Y. Seddik Les ratios de solvabilité (16,2%) et de fonds propres de catégorie 1 (13,5%) dépassent confortablement les exigences minimales. Mais der- rière ces données rassurantes, BAM souligne la persistance d’éléments de fragilité. La concentration secto- rielle des expositions, les effets dif- férés des chocs post-Covid, la vul- nérabilité de certaines entreprises publiques et l’exposition croissante au risque climatique constituent autant de menaces systémiques. Le ralentissement de certains seg- ments du crédit, notamment immo- bilier et consommation, appelle à une lecture différenciée des indica- teurs globaux.

Au-delà de cette réforme spéci- fique, Bank Al-Maghrib continue de faire évoluer son dispositif de supervision vers une logique plus prospective. L’approche fondée sur le SREP (Supervisory Review and Evaluation Process), déjà amorcée, permet une évaluation globale et qualitative de la résilience des éta- blissements. Elle prend en compte non seulement les ratios réglemen- taires, mais aussi la gouvernance, les stratégies commerciales, la gestion des risques émergents et la capacité à absorber des chocs. En 2024, la Banque centrale a mené des exercices d’auto-éva- luation avec les établissements, en particulier sur les dispositifs internes de mesure et de gestion du risque de crédit. Des simula- tions de stress tests ciblés ont été réalisées, notamment sur les expo- sitions aux PME fragiles et sur les prêts restructurés. La volonté de contenir les créances non performantes s’est également traduite par l’élaboration d’un projet de loi instituant un mar- ché secondaire des NPLs (Non Performing Loans) d’une taille de 100 milliards de dirhams. Ce méca- nisme, en discussion avancée, vise à permettre la cession ordon- née de portefeuilles de créances problématiques à des structures spécialisées. Une telle démarche libérerait des ressources dans les bilans bancaires et améliorerait la capacité d’octroi de crédit à l’éco- nomie réelle. ◆

a solidité du secteur bancaire, confortée par des indicateurs de solvabilité stables, n’exonère pas les autorités prudentielles d’une vigi- lance constante face aux risques. Dans son rapport annuel 2024 sur la supervision bancaire, Bank Al-Maghrib (BAM) met en avant une série d’initiatives destinées à ren- forcer l’identification, le suivi et le traitement des risques bancaires. Parmi elles, la refonte de la circulaire 19/G relative à la classification des créances en souffrance marque une étape décisive, tant sur le plan régle- mentaire que méthodologique. Les chiffres affichés en 2024 traduisent une stabilité globale du risque de crédit. Le taux des créances en souffrance est resté à 8,4% sur base sociale (9% consolidée), et le taux de couverture par les provisions a légèrement progressé à 69%.

laire 19/G, qui régit depuis 2002 les modalités de classification des créances en souffrance. Le projet vise à moderniser un texte devenu partiellement obsolète face à l’évo- lution des standards internationaux (notamment IFRS 9), à l’essor des financements complexes, et aux exigences croissantes en matière de transparence. Plusieurs axes de réforme sont détaillés dans le rapport. D’abord, une redéfinition des catégories de risque, avec une distinction plus affinée entre situations d’impayé technique, restructuration et défaut avéré. Ensuite, l’introduction d’une logique de provisionnement basée sur la probabilité de défaut, dans une approche plus dynamique et prospective. Aussi, une exigence élevée de documentation, notamment sur

La circulaire 19/G, un outil à moderniser

Dans ce contexte, BAM a initié une révision substantielle de la circu-

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

12

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Risques climatiques La Banque centrale pose les bases d’une supervision verte À mesure que les enjeux environnementaux s’invitent dans les équilibres financiers, la régulation bancaire évolue. Bank Al-Maghrib confirme son engagement à intégrer les risques climatiques et environnementaux dans son dispositif prudentiel. Par Y. Seddik

son approche SREP (Supervisory Review and Evaluation Process), afin d’y introduire des indicateurs ESG. Cette orientation suppose une montée en compétence des équipes de supervision, ainsi que l’adaptation des reportings régle- mentaires. BAM envisage de demander aux établissements, à moyen terme, la publication de données relatives à leurs exposi- tions carbone, à la part verte de leur portefeuille et à leur stratégie de décarbonation. La difficulté réside dans la disponi- bilité des données et leur standardi- sation. À ce titre, Bank Al-Maghrib soutient les efforts d’harmonisa- tion des disclosures extra-finan- ciers à l’échelle régionale, notam- ment à travers des coopérations avec les autres Banques centrales africaines. Des enjeux d’allocation du crédit et de transition juste L’intégration des risques clima- tiques dans la régulation bancaire ne se limite pas à un exercice de conformité. Elle soulève des enjeux fondamentaux d’allocation des ressources. BAM observe que certains secteurs à forte intensité carbone continuent de représenter une part significative des encours bancaires, alors même que les risques associés augmentent. Le régulateur cherche donc à encourager un redéploiement pro- gressif des financements vers les secteurs à faible émission, sans provoquer de rupture de finan- cement pour les acteurs écono- miques concernés. Cette approche de «transition juste» repose sur la gradation des exigences, le dia- logue avec les établissements et le développement d’outils d’incitation comme les garanties vertes ou les lignes de refinancement ciblées. Bank Al-Maghrib franchit une étape décisive dans la reconnais- sance des risques environnemen- taux comme composante structu- rante de la supervision bancaire. Le chantier est encore en phase exploratoire, mais la trajectoire est claire : alignement progressif sur les standards internationaux, mon- tée en compétence des supervi- seurs et mobilisation des données ESG. ◆

 En 2024, BAM consolide son

approche de supervision

climatique, avec une priorité : ne pas subir la transition, mais l’encadrer.

L

nécessaire pour inciter les établis- sements à intégrer ces paramètres dans leur gouvernance, leur appé- tit pour le risque et leurs stratégies d’octroi de crédit. Bank Al-Maghrib est membre du Réseau des Banques centrales et superviseurs pour le verdisse- ment du système financier (NGFS) depuis 2019. À ce titre, elle s’aligne sur les recommandations de ce réseau, qui promeut l’intégration graduelle des risques ESG dans la supervision bancaire. En 2024, BAM a poursuivi ses tra- vaux dans trois directions princi- pales. Premièrement, la sensibili- sation des établissements via des circulaires, ateliers et échanges techniques sur les bonnes pra- tiques internationales. Vient ensuite l’auto-évaluation qualitative des dispositifs de gouvernance des

risques climatiques dans les princi- pales banques du pays. Et puis, la préparation à la mise en œuvre de stress tests climatiques, à l’horizon 2025, en s’appuyant sur des scé- narios NGFS. Le rapport mentionne également la coordination avec le ministère de la Transition énergétique et d'autres acteurs publics pour structurer une taxonomie verte nationale, qui permettra d’identifier les activités compatibles avec les objectifs cli- matiques du Royaume. Un encadrement prudentiel en construction Pour l’heure, aucun ratio réglemen- taire spécifique n’intègre encore directement les risques clima- tiques dans les exigences de fonds propres. Mais Bank Al-Maghrib tra- vaille à une révision progressive de

es risques liés au changement cli- matique peuvent être classés en deux types. D’une part, les risques physiques, liés aux événements extrêmes ou aux évolutions chro- niques du climat (sécheresse, montée des températures, inonda- tions), qui affectent directement les actifs et la solvabilité des emprun- teurs. D’autre part, les risques de transition, découlant de l’évolution réglementaire, fiscale ou techno- logique vers une économie bas carbone, qui peuvent impacter cer- tains secteurs d’activité (énergie, transports, immobilier). Ces risques, encore peu modéli- sés par les banques marocaines, sont susceptibles d’engendrer des pertes de crédit, des dépréciations d’actifs, voire des déséquilibres systémiques. BAM estime qu’un cadre de supervision renforcé est

www.fnh.ma

À l'occasion du 26 ème anniversaire de la Fête du Trône Le Directeur Général du Groupe Barid Al-Maghrib et l’ensemble de la famille postière ont l'insigne honneur de présenter leurs vœux les plus déférents à

NOTRE AUGUSTE SOUVERAIN,

SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI

et renouvellent leur indéfectible attachement au Glorieux Trône Alaouite . Puisse Dieu accorder longue vie à Sa Majesté le Roi et le combler en la personne de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan , de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid ainsi que de tous les membres de l’Illustre Famille Royale . QUE DIEU L’ASSISTE,

BOURSE & FINANCES

14

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

tion d’un cadre réglementaire pour organiser l’accès sécurisé aux données bancaires par des tiers agréés (TPP – Third Party Providers). Ce chantier, encore à ses débuts, suppose la défini- tion de standards d’API, de pro- tocoles d’authentification forte et de mécanismes de consen- tement explicite. Le régulateur entend s’inspirer des bonnes pratiques européennes (PSD2) tout en adaptant le dispositif aux spécificités du marché marocain. Au-delà de l’ouverture des don- nées, ce projet soulève des enjeux majeurs : équilibre entre innovation et protection des don- nées personnelles, responsabi- lité des parties prenantes en cas d’incidents, standardisation tech- nique dans un marché encore très hétérogène en matière d’in- frastructures digitales.

 Bank Al-Maghrib dresse un bilan d’étape des différentes initiatives engagées pour encadrer, soutenir et réguler la transformation digitale des services financiers.

Digitalisation des services financiers BAM précise son rôle d’accompagnateur et de régulateur L Bank Al-Maghrib multiplie les initiatives pour accompagner la transformation digitale du secteur financier marocain. Entre accompagnement des Fintechs, lancement de projets d’Open banking et encadrement du crowdfunding, le régulateur met en place les fondations d’un écosystème innovant, sécurisé et inclusif. Par Y. Seddik L’activité reste encore marginale, mais BAM assure un monitoring étroit de ces opérateurs, en lien avec l’AMMC et le ministère des Finances. L’objectif est d’antici- per les risques liés à la liquidité, à la gouvernance ou au blanchi- ment, tout en permettant à ce canal alternatif de financement de se développer, notamment au profit des TPE/PME et des pro- jets à impact social.

Surveillance du mobile banking et cybersécurité

Enfin, BAM a poursuivi la super- vision des services bancaires sur mobile, dont l’usage conti- nue de progresser. Le nombre de comptes de paiement est en hausse, avec plus de 8,3 millions d’unités à fin 2024, dont près de la moitié ouverts par des établis- sements de paiement. BAM note une montée en charge progres- sive, mais appelle à renforcer l’inclusion digitale, notamment dans les zones rurales. Dans un contexte de montée des cybermenaces, la surveillance prudentielle intègre désormais des indicateurs spécifiques liés à la sécurité des systèmes d’infor- mation et à la résilience opé- rationnelle des établissements. Une attention particulière est portée aux plans de continuité d’activité et aux dispositifs de gestion des incidents. Bank Al-Maghrib joue un rôle d’équilibriste dans la digitalisa- tion du secteur financier : sou- tenir l’innovation sans compro- mettre la stabilité. Le rapport 2024 illustre cette approche progressive, où chaque nou- velle technologie fait l’objet d’un encadrement prudent, dans l’at- tente d’un cadre réglementaire mature. ◆

e soutien aux Fintechs reste un axe structurant de l’action de la Banque centrale. En 2024, le dispositif de «sandbox régle- mentaire» s’est consolidé, avec l’évaluation de huit dossiers, dont cinq ont été validés pour passer en phase d’expérimentation. Ce cadre, qui permet à des porteurs de projets innovants de tester leurs solutions en environne- ment contrôlé, s’inscrit dans une logique de co-construction entre innovation technologique et exi- gence réglementaire. Les projets concernés touchent notamment aux paiements digitaux, à l’agré- gation de comptes et à l’authen- tification numérique. Parallèlement, BAM a renforcé

les synergies avec le Centre marocain d’innovation financière (CMIF) et a maintenu un dialogue ouvert avec les incubateurs et opérateurs de l’écosystème. Ce rôle de «facilitateur-régulateur» vise à éviter une prolifération non maîtrisée d’offres financières numériques, tout en soutenant leur émergence dans un cadre sécurisant pour les consomma- teurs et le système bancaire. 2024 marque également la pre- mière année effective de fonc- tionnement pour les plate- formes marocaines de finance- ment participatif. À ce jour, huit demandes d’agrément ont été traitées, dont deux plateformes ont obtenu l’aval des autorités.

Open banking, un chantier structurant Le lancement en 2024 d’un pro- jet de mise en place de l’Open banking marque une évolution majeure. BAM a initié les tra- vaux préparatoires à l’élabora-

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

16

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Réclamations bancaires Montée en charge des dispositifs de traitement et de médiation

(32%) et des moyens de paie- ment (21%). Les réclamations relatives à la bancassurance et autres motifs constituent res- pectivement 2% et 5%. Dans 54% des cas, la média- tion a débouché sur un accord amiable, tandis que 46% des dossiers se sont soldés par un échec de la transaction, sans recours judiciaire automatique. Le CMMB intervient dans les différends entre particuliers, TPE et établissements ban- caires, dans la limite d’un pla- fond d’un million de dirhams. En 2024, BAM et le CMBB ont poursuivi la digitalisation de la saisine, avec un objectif de sim- plification des démarches pour le grand public. Bank Al-Maghrib poursuit le renforcement du cadre pruden- tiel applicable au traitement des réclamations. Les établis- sements de crédit sont désor- mais tenus de désigner un res- ponsable unique du traitement des plaintes; publier un rapport annuel sur le sujet et mettre en place des mécanismes internes de gestion et de suivi des récla- mations. Des contrôles sur place ont été réalisés pour vérifier la conformité des pratiques. BAM a également engagé un chantier réglementaire autour de la gou- vernance des réclamations, en lien avec la stratégie plus large de renforcement de la relation banque-client. En définitive, le traitement des réclamations bancaires n’est plus une fonction périphérique. Il s’im- pose comme une composante à part entière de la supervision prudentielle, avec des implica- tions en matière de gouvernance, de transparence et de confiance dans le système financier ◆

ank Al-Maghrib a enre- gistré 2. 298 récla- mations en 2024, soit une hausse de 58% par rapport à l’année précédente (1.459 en 2023). Cette évolution reflète La relation entre banques et clients s'intensifie à mesure que se complexifie l’offre de services financiers. Le traitement des réclamations devient dès lors un indicateur-clé de maturité du secteur bancaire. Dans son rapport 2024 sur la supervision bancaire, Bank Al-Maghrib met en lumière la montée en puissance de son dispositif de gestion des réclamations. Par Y. Seddik B à la fois une amélioration des mécanismes de signalement mis à disposition du public, et une sensibilité plus marquée des usagers à leurs droits en matière de services financiers. La typologie des litiges reste

dominée par le fonctionnement des comptes bancaires (36% des cas), suivi par les condi- tions de crédit (27%), puis les moyens de paiement (22%). Les autres réclamations portent sur des produits de bancassurance (3%) ou d’autres situations diverses (12%). Dans 74% des cas, le traite- ment a abouti à une décision favorable au plaignant, ce qui témoigne, selon le régulateur, de l’efficacité du cadre de recours mis en place. Les 26% restants ont été tranchés en faveur des établissements.

Un rôle central pour le CMMB

Le Centre marocain de média- tion bancaire (CMBB), organe indépendant de résolution amiable, a traité 5.084 dossiers en 2024, soit une hausse de 21% par rapport à 2023. Les litiges pris en charge sont très majoritairement liés au fonc- tionnement des comptes (39%), suivis des conditions de crédit

Dans 54% des cas, la médiation a débouché sur un accord amiable, et 46% des dossiers se sont soldés par un échec de la transaction, sans recours judiciaire automatique.

www.fnh.ma

BOURSE & FINANCES

18

FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

moment de l’investissement. Elles sont aussi plus nombreuses à anti- ciper la gestion des compétences (43% contre 18% auparavant) et à adopter une charte éthique (50% contre 26%). Les actions pour la protection de l’environnement progressent également, passant de 20% à l’entrée des fonds à 28% en 2024. L’amélioration de la gouvernance constitue un autre acquis majeur. La quasi-totalité des entreprises investies répond aujourd’hui aux standards impo- sés par les fonds. Les outils de reporting, les tableaux de bord, les audits internes, les comités de suivi et les procédures budgétaires sont devenus la norme: 99% des entreprises ont une politique de suivi budgétaire, 98% utilisent des indicateurs de performance et des outils de reporting et 95% sont désormais auditées. Cet effort de structuration se reflète également dans les performances financières. L’EBITDA cumulé est passé de 3,23 milliards de dirhams à l’entrée à 8,02 milliards de dirhams en 2024, soit un multiple de 2,5. Par secteur, les meilleures progressions sont enregistrées dans les TIC (+101%), la distribu- tion (+99%), la santé (+84%) et l’industrie (+68%). Enfin, la contribution fiscale des entreprises investies illustre leur intégration croissante dans l’éco- nomie formelle. Entre leur année d’entrée et leur sortie, ou à 2024 pour celles toujours en portefeuille, la collecte d’impôts et taxes a plus que doublé, atteignant 5,15 mil- liards de dirhams, soit plus de 3 milliards de dirhams supplémen- taires sur la période 2000-2024. A elle seule, l’année 2024 marque une progression de 250 millions de dirhams par rapport à 2023. Au-delà des performances comp- tables, c’est donc une véritable montée en gamme du tissu éco- nomique que reflète ce rapport. Le capital-investissement ne se contente pas d’injecter des fonds: il diffuse une discipline de gestion et une culture de long terme. Dans une économie encore largement dominée par l’informel, cette indus- trie apparaît donc plus que jamais comme un catalyseur de transfor- mation profonde. ◆

 A fin 2024, les investissements réalisés dans plus de 320 entreprises s’élèvent à 15,7 milliards de dirhams.

Capital-investissement Un booster pour les entreprises

Le capital-investissement s’affirme comme un puissant moteur de transformation économique et sociale. Le Rapport d’impact 2024 de l’AMIC, réalisé avec Grant Thornton, dévoile des résultats édifiants : croissance accélérée, structuration renforcée et gouvernance améliorée.

A

Par D. W.

de l’AMIC. Ainsi, sur le plan de l’activité, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les entreprises investies ont enregistré une croissance annuelle moyenne de leur chiffre d’affaires de 18,9% sur la période allant de leur entrée dans le portefeuille des fonds (2000) jusqu’à 2024. Une perfor- mance constante depuis plusieurs années (18,8% en 2023, 18,4% en 2022) et bien supérieure à la progression du PIB national, qui a plafonné à 3,8% en 2024. Mieux encore, la seule année 2024 affiche une hausse de 20,5% du chiffre d’affaires des entreprises concernées, avec des pics remar- quables dans les secteurs des technologies de l’information (79%), de la santé (59%) et des services (9%). Dans cette même logique d’ouverture, 33% des entreprises accompagnées par les fonds sont tournées vers l’export, générant plus de la moitié (53%) de leur chiffre d’affaires à l’inter- national en 2024 contre 44% deux ans plus tôt. Côté emploi, le rythme est sou-

u Maroc, le capital-investissement apparaît comme un levier puis- sant, mais souvent sous-estimé. Le Rapport d’impact 2024 de l’As- sociation marocaine des investis- seurs en capital, réalisé en col- laboration avec le cabinet Grant Thornton, évalue ainsi l’impact du capital-investissement sur les entreprises marocaines investies depuis l’an 2000. Il révèle la dyna- mique des entreprises accom- pagnées par les fonds, tant en matière de croissance que de structuration. «Ce rapport illustre de manière concrète comment le capital-investissement peut trans- former en profondeur notre tissu économique. En accompagnant les entreprises dans leur structuration, leur croissance et leur ouverture à l’international, nous contribuons à bâtir une économie nationale, plus compétitive, inclusive et durable. Notre ambition est claire : faire émerger les champions nationaux de demain, alliant performance financière, impact social réel et exemplarité environnementale», affirme Hassan Laaziri, président

tenu. Le TCAM des effectifs atteint 15%, traduisant une véritable mon- tée en puissance des ressources humaines. La parité progresse éga- lement : les femmes représentent désormais 37% des effectifs des entreprises investies contre 35% en 2022. Dans les sociétés de ges- tion, elles comptent pour 34% des équipes métier, 20% des membres des comités d’investissement et 18% des administrateurs.

Une transformation en profondeur

L’impact du capital-investissement ne se limite pas à la croissance des indicateurs économiques. Il s’ex- prime aussi dans la transforma- tion structurelle des entreprises. En effet, «les entreprises investies affichent une amélioration signi- ficative de leurs indicateurs RSE entre la date de la prise de parti- cipation et la date de cession (ou à fin 2024 pour les entreprises encore investies par les fonds)», fait savoir l’AMIC. Ainsi, en 2024, 56% d’entre elles disposent d’un plan de formation annuel contre 23% au

www.fnh.ma

Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24 Page 25 Page 26 Page 27 Page 28 Page 29 Page 30 Page 31 Page 32 Page 33 Page 34 Page 35 Page 36 Page 37 Page 38 Page 39 Page 40 Page 41 Page 42 Page 43 Page 44 Page 45 Page 46 Page 47 Page 48 Page 49 Page 50 Page 51 Page 52

fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker