Finances News Hebdo 1205

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Risques climatiques La Banque centrale pose les bases d’une supervision verte À mesure que les enjeux environnementaux s’invitent dans les équilibres financiers, la régulation bancaire évolue. Bank Al-Maghrib confirme son engagement à intégrer les risques climatiques et environnementaux dans son dispositif prudentiel. Par Y. Seddik

son approche SREP (Supervisory Review and Evaluation Process), afin d’y introduire des indicateurs ESG. Cette orientation suppose une montée en compétence des équipes de supervision, ainsi que l’adaptation des reportings régle- mentaires. BAM envisage de demander aux établissements, à moyen terme, la publication de données relatives à leurs exposi- tions carbone, à la part verte de leur portefeuille et à leur stratégie de décarbonation. La difficulté réside dans la disponi- bilité des données et leur standardi- sation. À ce titre, Bank Al-Maghrib soutient les efforts d’harmonisa- tion des disclosures extra-finan- ciers à l’échelle régionale, notam- ment à travers des coopérations avec les autres Banques centrales africaines. Des enjeux d’allocation du crédit et de transition juste L’intégration des risques clima- tiques dans la régulation bancaire ne se limite pas à un exercice de conformité. Elle soulève des enjeux fondamentaux d’allocation des ressources. BAM observe que certains secteurs à forte intensité carbone continuent de représenter une part significative des encours bancaires, alors même que les risques associés augmentent. Le régulateur cherche donc à encourager un redéploiement pro- gressif des financements vers les secteurs à faible émission, sans provoquer de rupture de finan- cement pour les acteurs écono- miques concernés. Cette approche de «transition juste» repose sur la gradation des exigences, le dia- logue avec les établissements et le développement d’outils d’incitation comme les garanties vertes ou les lignes de refinancement ciblées. Bank Al-Maghrib franchit une étape décisive dans la reconnais- sance des risques environnemen- taux comme composante structu- rante de la supervision bancaire. Le chantier est encore en phase exploratoire, mais la trajectoire est claire : alignement progressif sur les standards internationaux, mon- tée en compétence des supervi- seurs et mobilisation des données ESG. ◆

 En 2024, BAM consolide son

approche de supervision

climatique, avec une priorité : ne pas subir la transition, mais l’encadrer.

L

nécessaire pour inciter les établis- sements à intégrer ces paramètres dans leur gouvernance, leur appé- tit pour le risque et leurs stratégies d’octroi de crédit. Bank Al-Maghrib est membre du Réseau des Banques centrales et superviseurs pour le verdisse- ment du système financier (NGFS) depuis 2019. À ce titre, elle s’aligne sur les recommandations de ce réseau, qui promeut l’intégration graduelle des risques ESG dans la supervision bancaire. En 2024, BAM a poursuivi ses tra- vaux dans trois directions princi- pales. Premièrement, la sensibili- sation des établissements via des circulaires, ateliers et échanges techniques sur les bonnes pra- tiques internationales. Vient ensuite l’auto-évaluation qualitative des dispositifs de gouvernance des

risques climatiques dans les princi- pales banques du pays. Et puis, la préparation à la mise en œuvre de stress tests climatiques, à l’horizon 2025, en s’appuyant sur des scé- narios NGFS. Le rapport mentionne également la coordination avec le ministère de la Transition énergétique et d'autres acteurs publics pour structurer une taxonomie verte nationale, qui permettra d’identifier les activités compatibles avec les objectifs cli- matiques du Royaume. Un encadrement prudentiel en construction Pour l’heure, aucun ratio réglemen- taire spécifique n’intègre encore directement les risques clima- tiques dans les exigences de fonds propres. Mais Bank Al-Maghrib tra- vaille à une révision progressive de

es risques liés au changement cli- matique peuvent être classés en deux types. D’une part, les risques physiques, liés aux événements extrêmes ou aux évolutions chro- niques du climat (sécheresse, montée des températures, inonda- tions), qui affectent directement les actifs et la solvabilité des emprun- teurs. D’autre part, les risques de transition, découlant de l’évolution réglementaire, fiscale ou techno- logique vers une économie bas carbone, qui peuvent impacter cer- tains secteurs d’activité (énergie, transports, immobilier). Ces risques, encore peu modéli- sés par les banques marocaines, sont susceptibles d’engendrer des pertes de crédit, des dépréciations d’actifs, voire des déséquilibres systémiques. BAM estime qu’un cadre de supervision renforcé est

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