BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025
Capital-investissement Un changement d’échelle porté par le FM6I
Le coup d’accélérateur du FM6I
Cette dynamique, déjà solide, vient de recevoir un appui de taille. Celui du Fonds Mohammed VI pour l’investisse- ment. Créé pour accompagner la relance post-Covid et sou- tenir des secteurs stratégiques dans la perspective du Mondial 2030, le FM6I ambitionne de changer d’échelle. Le 10 juillet 2025, le Fonds a annoncé la sélection de 14 sociétés de gestion (marocaines et internationales) pour piloter des fonds sectoriels ou géné- ralistes. Les domaines couverts vont de l’industrie au tourisme, en passant par l’agriculture et la logistique. Avec 4,5 Mds de DH engagés par le FM6I et 14,5 Mds de DH mobilisés par les sociétés sélectionnées, ce sont 19 Mds de DH qui seront injectés dans l’économie à court terme. L’effet de levier est remarquable: 1 Dirham public en génère 4 dirhams privés. Sur un horizon plus large, ces véhicules d’investissement devraient permettre de mobili- ser entre 50 et 60 Mds de DH, triplant potentiellement la taille historique de l’industrie. «En 15 ans, le secteur a levé 15 mil- liards. Ce montant sera doublé en deux ans grâce au FM6I», souligne dans ce sens Hassan Laaziri. Au-delà des montants levés, c’est la structuration de l’écosys- tème qui se joue. L’installation de sociétés de gestion interna- tionales au Maroc, l’attraction de talents spécialisés et la mon- tée en compétence des acteurs locaux placent le Royaume en position de hub régional du pri- vate equity. Toutefois, certains maillons manquent encore. Le disposi- tif marocain souffre d’un vide juridique sur les procédures préventives de traitement des difficultés des entreprises. Aujourd’hui, nombre de socié- tés n’accèdent à la justice com- merciale qu’à un stade avancé de dégradation. L’introduction de mécanismes comme le man- dat ad hoc ou la conciliation,
Tiré par des performances solides et un soutien public inédit, le capital-investissement connaît au Maroc une phase d’expansion sans précédent. En 2024, le secteur franchit un cap, tant en volume investi qu’en impact économique. L’entrée en action du Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I), avec des engagements massifs et ciblés, change la donne.
Par Y. Seddik
Soutenu par l’entrée en scène du FM6I, le private equity passe d’un rôle discret à celui de levier stratégique pour l’économie nationale.
A
u Maroc, le capital-investisse- ment est en pleine accélération. Longtemps embryonnaire, le secteur connaît depuis quelques années une croissance structu- rée et désormais soutenue par des mécanismes puissants de leviers publics, notamment le Fonds Mohammed VI pour l’in- vestissement (FM6I). À fin 2024, plus de 15,7 milliards de dirhams ont été injectés dans quelque 320 entreprises, un chiffre qui rompt clairement avec les volumes modestes des années passées. Les résultats sur le terrain confortent cette dynamique. Les entreprises accompagnées enre- gistrent une croissance moyenne annuelle de 18,9% de leur chiffre
d’affaires, et de 15% pour leurs effectifs. La rentabilité suit le mouvement, avec un Ebitda mul- tiplié par 2,5 entre l’entrée et la sortie du fonds. En 2024, ces sociétés ont crû à un rythme de 20,5%, contre +3,8% pour l’économie nationale. Un écart significatif qui illustre l’effet d’en- traînement du capital-investisse- ment sur le tissu productif. En parallèle, leur contribution fiscale cumulée a dépassé les 3 Mds de DH. Pour Hassan Laaziri, président de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), l’année 2024 marque un tour- nant: «Nous sommes sur une année record, tant au niveau des
levées de fonds, qu’à celui de l’investissement et du désinves- tissement. Le secteur entre dans un cercle vertueux» . Selon lui, les trois fonctions clés (lever, investir et désinvestir) sont désormais maîtrisées. Le marché boursier, redevenu attractif, facilite également les sorties «par la voie royale» : les IPO. Depuis la pandémie, les introductions en Bourse se mul- tiplient, et plusieurs opérations sont attendues d’ici fin 2025. Un changement culturel s’opère chez les entrepreneurs, de plus en plus enclins à envisager la cotation comme issue naturelle d’une trajectoire de croissance financée par les fonds.
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