Finances News Hebdo 1205

28 MARDI 29 JUILLET 2025

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la monarchie et son peuple, une véritable communion de cœur et d’histoire. Dans son premier discours après son retour d’exil, le Sultan avait déclaré : «Nous sommes sortis du petit Jihad pour le grand Jihad». Par «Jihad Al Akbar», il entendait le développement du pays. Ce message demeure, aujourd’hui encore, au cœur de notre res- ponsabilité collective. La célébration du 30 juillet 2025 ne fait pas exception. Elle nous rappelle combien la continuité monarchique reste un pilier fon- damental de stabilité et de pro- grès. À travers elle, je formule le vœu que les jeunes généra- tions poursuivent l’œuvre de leurs grands-parents et parents, s’approprient cette mémoire et la fassent vivre à leur manière. C’est sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que ce grand Jihad du déve- loppement prend tout son sens, porté par un effort constant en faveur du progrès et de l’unité du Royaume. Chaque année, la fête du Trône nous rappelle l’im- portance de préserver ce riche héritage. F.N.H. : À Casablanca, un boulevard porte aujourd’hui votre nom, non loin de celui de Mohamed Zerktouni. Que représente pour vous cet hommage symbolique de la nation ? M. T. M. : Il est certain que cela représente un sentiment de fierté. La reconnaissance des autorités casablancaises envers ceux qui se sont sacrifiés pour le Maroc est précieuse. À titre personnel, cela me donne le sentiment du devoir accompli, et me permet surtout de transmettre un mes- sage à mes enfants et à mes petits-enfants : celui de l’amour de la patrie. Cet amour est fonda- mental pour tout citoyen digne de ce nom. Notre génération consi- dérait la lutte pour l’indépen- dance comme un devoir religieux sacré, et c’est dans cet esprit que nous avons combattu le colonia- lisme français. ◆

 Mohamed Zerktouni (photo) supervisait six cellules clandestines, trois dans l’ancienne médina de Casablanca et trois à Derb Soltane.

les gifles. Le commissaire voulait savoir deux choses : d’abord, si j’étais membre du PI, ce qui pour les Français, revenait à être traité comme un extrémiste. Ensuite, connaître les noms des membres de la cellule dont je faisais partie. Ce que j’ai nié fermement. Je lui ai seulement dit que je connaissais feu Allal El Fassi, figure emblématique de notre combat, alors en exil. Cela l’a rendu furieux et il m’a giflé violem- ment. Pour l’anecdote, le com- missaire avait été impressionné par ma maîtrise du français. Je parle ici de souvenirs vieux de 75 ans, mais leur intensité demeure intacte dans ma mémoire, tant la violence de l’acte et la déter- mination à se battre pour l’indé- pendance de notre pays étaient profondes. À l’époque, notre lutte était encore pacifique. La résistance armée ne commencera qu’après l’exil du Sultan. Les premiers actes armés furent la bombe du marché central, celle du café Mers Sultan, ou encore le sabo- tage du train Fès-Oujda. Je suis sorti de prison en mars 1952. De 1952 à 1954, j’ai poursui- vi mon engagement de manière plus discrète. Nos réunions, sou- vent après la prière d’al-Icha,

se tenaient chez moi, à côté de la mosquée Derb Houmane. En 1954, un voisin, inspecteur de police, a prévenu ma mère de mon arrestation imminente. J’ai alors fui à Fès chez mon oncle maternel, feu Ahmed Raïs. C’est là que j’ai appris la mort tragique de Zerktouni, décédé en martyr, en avalant une pas- tille de cyanure qu’il portait en permanence autour du cou, dans une maison attenante au cinéma Atlas. Il a opté pour la mort au risque de trahir ses compagnons sous la torture. Il est arrivé mort au commissariat, au grand regret des Français, emportant avec lui les noms des 60 membres des six cellules qu’il dirigeait. Qu’Allah ait son âme. F.N.H. : À l’approche de la fête du Trône, qui occupe une place particulière dans l’histoire nationale, quel message souhaite- riez-vous adresser aux jeunes marocains ? M. T. M. : La fête du Trône a tou- jours été pour notre génération bien plus qu’une célébration. Elle incarnait l’attachement profond à feu Sultan Mohammed V et à son combat pour l’indépendance. Elle symbolisait ce lien sacré entre

accepter le protectorat». Deux jours plus tard, j’ai été arrê- té sur mon lieu de travail. En novembre 1951, j’ai été incar- céré pour «propos lancés contre les autorités du protectorat fran- çais», mention encore visible sur mon casier judiciaire. F.N.H. : Que retenez-vous de votre passage en pri- son ? A-t-il représenté un tournant dans votre enga- gement ? M. T. M. : Dans la prison de Ghbila, j’ai gagné l’estime des détenus de droit commun malgré mon jeune âge. J’ai même dirigé les prières. Mon arrestation avait fait grand bruit dans l’ancienne médina; tout le monde parlait de l’arrestation de Meknassi. Ma mère recevait de nombreuses visites en signe de soutien. Mes codétenus me respectaient pro- fondément. Mais au commissariat, j’ai subi de graves sévices physiques et psy- chologiques. Mes genoux ont été écrasés par les coups de bâton, mes oreilles abîmées à vie par

La fête du Trône symbolise ce lien sacré entre la monarchie et son peuple, une véritable communion de cœur et d’histoire.

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