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FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 29 JUILLET 2025

sons symboliques, mais parce que ce sont les territoires qui exécuteront la transition, à travers des projets adaptés, financés, ancrés localement. «Ce n’est pas un luxe, c’est une obligation», martèle-t-elle. Même franchise sur le secteur privé : «L’élan actuel est insuffisant. Il y a de l’ap- pétit, mais il faut lui envoyer des signaux clairs. Si on recule sur des réformes comme le ‘zéro mika’ ou si on ne met pas en œuvre le principe du pollueur-payeur, on dissuade l’investissement vert» . La ministre rappelle également une réa- lité souvent occultée : l’Afrique ne pèse que 4% des émissions mondiales, mais supporte plus de 5% des impacts clima- tiques en part de PIB. «L’Afrique subit une double discrimination : elle est la moins polluante mais aussi la moins équi- pée. Or, on lui demande de faire les plus gros efforts», souligne-t-elle. Pourtant, les financements restent faibles, et les pays du Sud marginalisés dans les négocia- tions multilatérales. D’où une stratégie marocaine proactive : proposer à la COP un nouveau cadre, construit non sur le consensus mou, mais sur la bancabilité, la territorialisation et l’accès équitable aux financements. Le Royaume propose éga- lement des cadres ESG adaptés aux réali- tés africaines, notamment dans le secteur minier, stratégique pour la transition éner- gétique mondiale. Au final, Leila Benali revendique une ligne «non idéologique, mais profondément poli- tique» . Les technologies sont là. L’appétit du secteur privé aussi. Ce qu’il manque encore, c’est une coalition d’acteurs capables de transformer des ambitions en chantiers concrets. La ministre ne cache en effet ni les retards ni les faiblesses du système, mais elle défend avec détermina- tion une vision cohérente, basée sur des réformes institutionnelles, réglementaires et opérationnelles, inscrites dans le temps long. Elle conclut : «Notre manière de gérer la bancabilité de notre feuille de route climatique est critique pour la transition économique et sociale du Maroc». ◆

tructures électriques, la demande locale et les besoins futurs en flexibilité. Dans cet esprit, le ministère coordonne étroitement avec l’ONEE et les régions afin de mieux planifier les investissements, anticiper les congestions et optimiser le coût global du système. Afrique, privé, jeunesse : les nouveaux leviers Par ailleurs, Leila Benali n'élude pas non plus la question démocratique. Elle défend un «modèle de réforme par le bas», fondé sur la régionalisation, la déconcentration administrative et l’inclusion de la jeunesse, y compris la diaspora. Pas pour des rai-

(CDN). Elle doit refléter notre réalité, nos priorités et notre ambition climatique, sans se limiter à cocher des cases dans des grilles internationales», précise-t-elle. En termes de retour sur investissement, les projets dits «conditionnels», c’est-à- dire dépendants de financements interna- tionaux, sont parfois plus rentables que ceux financés sur ressources propres. Un paradoxe qui, selon elle, freine parfois leur mise en œuvre. Cette situation soulève plus largement la question de l’efficacité des mécanismes actuels de financement climatique, souvent jugés trop rigides ou déconnectés des priorités réelles des pays émergents. Autre chantier souligné par la ministre : la nécessaire réforme de la planification électrique nationale. Trop longtemps, la stratégie de déploiement des énergies renouvelables a été conduite en silo, sans articulation claire avec les besoins indus- triels, le développement régional ou les contraintes du réseau. «Nous devons sortir d’une logique purement capacitaire et aller vers une planification intégrée, à la maille du territoire» , a-t-elle affirmé. Cela implique d’aligner les projets solaires, éoliens ou hydrogène avec la disponibilité des infras-

Depuis sa nomination, Leila Benali a engagé une refonte profonde de l’architecture institutionnelle du secteur. Plusieurs agences ont été réorganisées, les mandats clarifiés, les redondances réduites. Objectif : passer d’un modèle fragmenté à une gouvernance coordonnée, capable d’aligner la stratégie, la régulation, l’investissement et la mise en œuvre. L’actualisation des textes législatifs, en particulier ceux sur l’électricité, l’hydrogène ou le gaz, vise à créer un cadre unique, lisible pour les investisseurs et opérateurs publics. La ministre parle d’«une transformation majeure, menée sans tapage, mais avec méthode». Résultats : des décisions plus rapides, une gestion plus rigoureuse et une exécution plus fluide à l’échelle des territoires. Une gouvernance énergétique remise à plat

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