Finances News Hebdo 1205

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO MARDI 29 JUILLET 2025

Mais une infrastructure sans ser- vices efficaces ne fait pas une transformation. Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée à la Transition numérique, insiste pour sa part sur le fait que l’enjeu est aussi dans l’expérience usager. Cela passe par une réforme de fond de l’administration publique, portée par la digitalisation des ser- vices. Ainsi, la mise en place du portail national «Idarati» regroupant désormais plus de 660 services a pour ambition de créer une inter- face citoyenne simple, efficace et inclusive. Le Maroc prépare une loi globale sur la confiance numérique et géné- ralise les identités numériques dès la naissance. Ceci dans le but de rendre les services plus acces- sibles, mais aussi plus transparents et plus humains. «Le citoyen doit être réconcilié avec l’Administra- tion », a-t-elle résumé. Au cœur de cette dynamique, le secteur privé est appelé à jouer un rôle pivot. Et les TPME doivent toutes aussi tirer profit de cette dynamique et pleinement partici- per à la croissance. Pour Chakib Alj, président de la CGEM, «l’effet structurant du Mondial ne pourra se concrétiser que si les TPE et PME en deviennent des bénéficiaires à part entière. Nous nous y attelons, en renforçant la formation, en mili- tant pour un crédit dédié et en assurant une préférence nationale dans les appels d’offres. Ce sont elles qui créent 80% des emplois. Il faut qu’elles aient leur place dans ce chantier national» , a-t-il martelé. Par ailleurs, le financement, le nerf de la guerre, se doit d’être au ren- dez-vous de ces grands chantiers. Mohamed El Kettani, PDG d’Atti- jariwafa bank, se veut rassurant. «Le système bancaire marocain est prêt; mieux encore, il est expé- rimenté. Il a déjà financé ports, centrales solaires, lignes LGV, etc. Il continuera avec des logiques innovantes, en mobilisant épargne longue, dette privée, partenariats public-privé» , a-t-il insisté. Si elle est bien conduite, l’échéance 2030 peut devenir le point d’in- flexion d’un nouveau modèle maro- cain, centré sur l’investissement productif, l’inclusion, la soutenabili- té et la souveraineté économique. ◆

 Panel des officiels au MTF 2025 sur l’impact socioécono- mique de l’échéance 2030 pour un Maroc durable et inclusif.

Mondial 2030 De la pelouse aux politiques publiques A Le Morocco Today Forum 2025 s’est penché sur les leviers de transformation que le Mondial 2030 peut activer. Bien au-delà du ballon rond, c’est un véritable projet de société qui se dessine, à travers une stratégie d’investissements de grande ampleur, une modernisation accélérée des infrastructures et une volonté affirmée de bâtir un développement inclusif pour les décennies à venir. Par Désy M.

cinq ans de la Coupe du monde 2030 que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, les contours d’une mutation socioéco- nomique d’envergure commencent à se dessiner. Entre infrastruc- tures aéroportuaires modernisées, réseaux ferroviaires densifiés, zones touristiques repensées et services publics digitalisés, cette échéance internationale s’impose progressivement comme un accé- lérateur stratégique de développe- ment structurel, au croisement des politiques industrielles, territoriales, sociales et environnementales du Royaume. Le Morocco Today Forum 2025 (MTF), organisé récemment à Rabat par le Groupe Le Matin, en a four- ni la démonstration, en axant son panel ministériel sur la question : «Faire de l’échéance 2030 un accé- lérateur de développement socio- économique du Maroc, durable et inclusif» . En effet, on parle de 500

milliards de dirhams d’investisse- ments projetés d’ici 2030. Mais ce n’est pas tant l’ampleur budgétaire qui fait la transformation, c’est plu- tôt l’orientation stratégique qu’elle prend. Le gouvernement l’a affirmé : ces investissements visent à struc- turer durablement les territoires, renforcer les capacités nationales et améliorer la qualité de vie des citoyens. Tous concernés «Ce n’est pas un chantier spor- tif, c’est un chantier d’avenir. Les retombées économiques de la co- organisation du Mondial 2030 ont été rigoureusement modélisées, avec à la clé un impact estimé à 1,7% de croissance en plus et la création de plus de 100.000 emplois par an. Mais l'essentiel demeure que cette dynamique soit concrète et bénéfique pour l'ensemble des acteurs », a affirmé d’entrée la ministre de l’Écono-

mie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Précisant que le Maroc ne construit pas pour un mois de com- pétition, mais pour plusieurs décen- nies. Derrière la modernisation des routes, des gares ou des aéroports, c’est un nouveau modèle de déve- loppement qui se déploie. Convergeant dans le même sens, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, consi- dère l’horizon 2030 comme un palier pour faire changer d’échelle l’appa- reil productif national. L'industrie automobile, l’aéronautique, le fer- roviaire, le BTP, etc., tous ces sec- teurs sont appelés à monter en puissance. «On commande 180 trains, on prépare 150 avions. C’est une opportunité pour attirer de nou- veaux investisseurs et renforcer nos capacités productives nationales», affirme-t-il. La logique est de cap- ter, localiser, fabriquer et surtout structurer des chaînes de valeur locales durables.

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