FNH N° 1090

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 29 DÉCEMBRE 2022

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Hausse du taux directeur

◆ La hausse du taux directeur comme mesure appropriée pour contenir la surchauffe des prix ne fait pas l’unanimité auprès des économistes à l’échelle nationale. Peu d’impact sur la croissance économique L es poussées infla- tionnistes conti- nuent de donner des sueurs froides aux Banques centrales, 2022, était susceptible d’impacter négativement la demande des crédits ban- caires et in fine la croissance économique, les équipes des services du FMI en mis- sion au Maroc (en novembre 2022) avaient répondu par la négative. Par M. Diao

novembre 2022. Cette pro- gression significative de l’in- dicateur mesurant l’inflation au Maroc est la résultante de la hausse de l’indice des pro- duits alimentaires de 14,4% et de celui des produits non alimentaires de 4,5%. Pour rappel, la hausse du taux directeur comme mesure appropriée pour contenir la surchauffe des prix ne fait pas l’unanimité auprès des économistes à l’échelle nationale. Et ce, eu égard à l’origine des poussées infla- tionnistes, car l’inflation est importée au Maroc. Dans le même ordre d’idées, de l’avis d’économistes répu- tés, la revue à la hausse du taux directeur permettrait de tirer les taux d’intérêts réels (actuellement négatifs) vers seuils positifs. A la question de savoir si la première hausse du taux directeur de 50 PBS à 2%, intervenue en septembre

que les entreprises, dont les décisions d’investissement se fondent sur une logique économique et d’opportuni- tés, sont peu sensibles aux légères hausses des taux des crédits bancaires. Il convient également de garder à l’es- prit que l’encours du crédit bancaire rapporté au PIB au Maroc, tourne autour de 85% en 2021 contre 100% dans certains pays présentant une économie trop dépendante des crédits bancaires. Ce qui n’est pas le cas du Royaume. «L’un des principaux ressorts de la croissance économique au Maroc est la pluviométrie dont dépend l’agriculture, affichant une valeur ajou- tée de 15%», soutient notre source. Omar Bakkou est formel : au regard de l’actuel profil inflationniste, l’action sur le taux directeur a peu d’impact sur les prix. L’inflation affecte les prix de certains produits échangeables ou non échan- geables. Selon lui, pour que la hausse du taux directeur puisse tirer à la baisse l’in- flation, il faut qu’elle arrive à réduire la demande de la consommation globale de tous les produits. Une situa- tion qui pousserait les four- nisseurs des produits et ser- vices à baisser les prix. Au final, les hausses du taux directeur doivent être appré- hendées comme un ajuste- ment technique en faveur des taux d’intérêts réels lar- gement négatifs. Cet ajuste- ment technique est profitable à l’épargne. ◆

lesquelles s’attèlent à resser- rer leur politique monétaire. Au Maroc, Bank Al-Maghrib n’est pas en reste. L’Institut d’émission a augmenté le taux directeur de 100 points de base (PBS) au cours des deux derniers conseils de l’année 2022. Cette progres- sion en un laps de temps (3 mois) conforte indubita- blement la lutte acharnée que mène BAM contre les pressions inflationnistes, néfastes à plusieurs égards pour le pouvoir d’achat des Marocains et l’épargne. Comparé au mois de novembre 2021, l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 8,3% au cours du mois de

Qu’en est-il de l’impact des hausses successives du taux directeur en septembre et décembre 2022 (de l’ordre de 100 PBS) à 2,5% sur la croissance économique, dont le taux devrait s’éta- blir autour d’1% du PIB en 2022 et 3% du PIB en 2023 ? Les réponses apportées par l’économiste Omar Bakkou sont édifiantes à plus d’un titre. Retour à la situation anté- rieure «Les hausses du taux direc- teur n’affecteront pas for- tement la croissance éco- nomique au Maroc. Il faut prendre cette donne comme un retour à la situation qui

Les deux hausses du taux direc- teur au cours de l’année doivent être prises comme un ajustement technique en faveur des taux d’intérêt réels large- ment négatifs.

prévalait avant, avec un taux directeur qui oscillait entre 2 et 2,5%» , argu- mente-t-il. Et d’expli- quer : «Le trend haus- sier du taux directeur est susceptible d’affecter légèrement le coût des crédits bancaires, mais pas la quantité des cré-

L’encours du crédit bancaire rapporté au PIB au Maroc tourne autour de 85% en 2021 contre 100% dans certains pays.

dits distribués. Et ce, du fait des taux d’intérêts réels négatifs» . L’autre explication avancée par notre interlocu- teur est que les acquéreurs de logements, qui se pro- jettent sur le long terme, ainsi

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