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JEUDI 29 DÉCEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Télévision
◆ Depuis quelques années, nos acteurs ne sont plus les seuls à parader sur le tapis rouge. Ils le partagent aussi avec des influenceurs qui, avec leurs communautés, attirent des millions de fans. Influenceurs.euses, une nouvelle génération d’acteurs crève le petit écran
sociaux ne cessent d’étendre leur toile et de toucher un public de plus en plus nombreux. Or, souvent raillés pour leur sottise et leur obsession de l’argent, les influen- ceurs n’ont pourtant jamais été aussi nombreux sur le petit écran. Le besoin de ne pas perdre pied auprès de la génération des adolescents et jeunes adultes aurait-il conduit les producteurs et les réalisateurs à s’ouvrir à des profils tenus longtemps pour exotiques, sous la poussée, par ailleurs, des marques qui n’ont pas attendu pour les utiliser en caisse de résonance marketing ? C’est ainsi que notre petit écran se pose comme un confluent des générations : d’un côté, une pléiade d’étoiles indécro- chables; de l’autre, une légion vaillante de jeunes pousses, âprement résolues à montrer de quel bois elles se chauffent. Et ce bois-là est du pur ébène chez quelques jeunes loups. Soit. Qu’un sang nouveau irrigue le champ scénique ne peut qu’être bénéfique à la survie de notre cinéma qui, bien que maintenu sous perfusion, agonise à vue d’œil. Car si l’industrie cinémato- graphique prospère insolemment, son pendant artistique a du vague à l’âme. Ses scénaristes accusent une panne d’imagination, ses réalisateurs ont perdu la main, ses comédiens surjouent, donc déjouent. Quelques rares surnagent. A la nouvelle génération de redresser la pente descendante ! Pourvu qu’ils fassent grand cas de leurs lumières, cependant qu’ils adulent, encensent les locataires de la petite lucarne, plutôt bas de plafond qu’éclairés. ◆
La jeune réalisatrice et créatrice de contenu digital, Kaoutar Benjelloun, interprétant Badra dans la serie «Ain kebrit», réalisée par Mohammed Ahed Bensouda.
Instagram et TikTok. Leur prestige, ils ne le tiennent ni de leur naissance ni de leurs diplômes, mais de leur audience. Vous voulez devenir quelque chose ? « Faites-vous d’abord une gueule, le nom suivra », conseille le médiologue Régis Debray. Avoir maintenant que quelques milliers de followers est le plus sûr moyen d’accéder à la renommée. Considérés comme puissants Selon le principe de la viralité, ils créent le buzz sur Internet. Autrement dit, sont vus et entendus, font de l’audience et sont suivis par une communauté fidèle, exactement dénombrée. Et leurs fans entretiennent souvent avec eux des rap- ports dignes des rockstars. Ces influen- ceurs à la forte personnalité, en véri- tables leaders d’opinion digitaux, sont considérés comme ayant un fort pouvoir de prescription : ils peuvent en quelques clics, d’un simple post sur Instagram, d’un tweet, toucher bien plus de monde qu’une revue, un journal, etc. Les réseaux
D’ où provenaient nos acteurs ? Pour la plu- part de l’Institut supé- rieur d’art dramatique et d’animation culturelle. Vous avez dit l’Isadac ? Ne serait-ce pas cette institution dont on avait tant fustigé le cursus ? Absolument. Pis, on l’avait tellement mise à l’index que sa disparition était imminente. C’était vite oublier que tant d’acteurs qui ont pignon sur «écran» ont germé de ce terreau beaucoup plus fertile qu’on ne voulait l’avouer. Aujourd'hui, comme l’on est hystérisé par la célébrité, pour atteindre cette cime trompeuse, certains vendraient volontiers leur âme au diable. Après l’ère des «planches», nous vivons dans celle de l’image. La méritocratie a été remplacée par la télécratie. Le dessus du panier, la véritable élite, ce sont ces «influenceurs», ceux qu’on voit sur Par R. K. Houdaïfa
Notre petit écran se pose comme un confluent des générations : d’un côté, une pléiade d’étoiles indé- crochables;
de l’autre, une légion vaillante de jeunes pousses...
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