FNH N° 1031

P OLITIQUE

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JEUDI 15 JUILLET 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Législatives 2021

◆ Saad Eddine El Otmani a la lourde tâche de mener les islamistes vers un troisième succès consécutif. ◆ Une tâche herculéenne quand on sait les dissensions profondes qui existent au sein du parti de la lampe. Le PJD en quête du hat-trick

de El Otmani un véritable che- min de croix, allant jusqu’à lui demander de démissionner. Benkirane a la rancœur tenace et ne semble toujours pas avoir digéré son limogeage et son remplacement à la tête de l’Exé- cutif par El Otmani. C’est un fait. Mis sur la touche à cause de son incapacité à former une coalition gouvernemen- tale, il s’est mué progres- sivement en «opposant» invétéré de l’actuel chef du gouvernement, contestant avec virulence tous ses choix politiques, quitte parfois à se décrédibiliser. Point de rupture Pour le clan Benkirane, les choix politiques de cette majorité gouvernementale ne sont que la résultante des compromis dou- teux faits par El Otmani, parfois au mépris des références idéo- logiques du parti de la lampe. Les points de divergence entre les deux factions sont à ce titre nombreux. Mais le point de rupture a été atteint avec la loi-cadre relative au sys- tème d’éducation, de formation et de recherche, en raison de l’enseignement des matières scientifiques en langues étran- gères, particulièrement en fran- çais. Selon Benkirane, il s’agit d’une «trahison des principes du parti». Le projet de loi relatif aux usages licites du cannabis est venu sceller définitivement la rupture, Benkirane allant jusqu’à décider, le 11 mars der- nier, de geler son appartenance au PJD et de couper les ponts avec Saad Eddine El Otmani,

les ministres Mustapha Ramid, Abdelaziz Rebbah et Mohamed Amekraz, et l’ancien ministre Lahcen Daoudi. Une semaine plus tard, il est revenu sur sa décision de rompre les relations avec ses «camarades» de parti, mais a maintenu le gel de son adhésion au PJD. C’est dans ce contexte pour le moins exécrable que les isla- mistes abordent les élections législatives. L’unité qui faisait la force de cette famille poli- tique a volé en éclats, après 10 ans à gouverner le Royaume. Les islamistes se rendent aujourd’hui compte que l’exer- cice du pouvoir est bien dif- ficile. Encore davantage s’il faut diriger le pays en faisant partie d’une coalition gouver- nementale où, forcément, l’on est amené à faire des choix et compromis qui peuvent parfois corrompre les convictions les plus profondes. El Otmani en sait quelque chose. Et il en a fait les frais. Saura-t-il néanmoins rebondir et remobiliser ses troupes pour que le PJD réalise le hat-trick ? Les islamistes sauront-ils taire leur divergence et séduire de nouveau l’électorat ? Pourront-ils franchir le rempart que pose le nouveau quotient électoral ? Les jeux sont loin d’être faits. Et gare à ceux qui veulent enterrer trop vite le PJD ! Primo, parce que le parti de la lampe dis- pose d’un puissant levier que constitue sa base électorale. Et secundo parce que l’absten- tion pourrait servir d’arbitre et déjouer tous les pronostics. ◆

Saad Eddine El Otmani, SG du PJD et actuel chef du gouvernement.

pénaliser le parti de la lampe, qui risque de se retrouver avec moins de sièges au sein de l’hé- micycle. A ce propos d’ailleurs, le politologue Mohamed Belmir nous confiait, à juste titre, que «le nouveau quotient électoral devrait réduire la percée du PJD d’au moins 20%, si l’on tient compte des différentes projec- tions. Il sera donc difficile pour le parti de réaliser le score obte- nu lors des dernières élections». Le second handicap, et non des moindres, est relatif aux guéguerres intestines qui ont fortement miné l’unité du PJD, entraînant la naissance de deux factions : l’une derrière l’actuel secrétaire général du parti et chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, et l’autre menée par son prédécesseur, Abdelilah Benkirane. A travers des sorties médiatiques véhé- mentes, voire irrévérencieuses, et en utilisant les réseaux comme caisse de résonance, ce dernier a fait de la législature

L e Parti de la justice et du développement (PJD) vise un troisième succès consécutif lors des élections législa- tives de septembre prochain. Contrairement aux deux pré- cédentes consultations électo- rales, le PJD n’est pas dans les meilleures dispositions, à moins de deux mois du scrutin. D’ailleurs, actuellement, ce sont plutôt le Parti de l’Istiqlal (PI) et le Rassemblement national des indépendants (RNI) qui sont donnés favoris. Il faut convenir que les islamistes abordent ces législatives avec deux handicaps de taille. Le premier a trait au nouveau quo- tient électoral vertement décrié par la formation politique, mais validé par le Conseil constitu- tionnel. Le calcul du quotient électoral sur la base des inscrits aux listes électorales au lieu des suffrages exprimés va en effet Par D. William

L’unité qui faisait la

force de cette famille poli- tique a volé en éclats, après 10 ans à gouverner le Royaume.

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