Carillon_2019_04_04

PORTRAIT

Saint-Joseph de Russell, elle revient enseigner en septième et huitième année à Embrun. Mais un autre défi l’appelait. Le directeur d’alors, Robert Surprenant, l’encourage pour qu’elle fasse samaîtrise. Elle aurait droit à une bourse et à une année sabbatique. Cela lui permettrait ensuite d’aller suivre son cours de surin- tendant. « Je me suis dit pourquoi pas, je pourrais changer des choses si j’étais à la direction. » Pendant un an, elle redevient une étu- diante à temps plein, en counseling, à l’Université d’Ottawa. « J’ai vécu un choc quand je suis revenue à l’enseignement. J’étais convaincue que je pouvais faire autre chose. J’avais tout fait dans l’ensei- gnement. Je ne pouvais pas donner plus. Et si rien ne se passe, je deviens tannante », raconte-t-elle en riant. Le directeur lui conseille, une fois de plus, de suivre son cours de direction à Sudbury. Ce qu’elle fit pendant deux étés. Elle postule ensuite pour le poste de coor- donnatrice des programmes, au Conseil des écoles catholiques de l’Est ontarien, à L’Orignal, où elle obtient le poste. Lise Bourgeois a été surintendante res- ponsable du développement pédagogique des écoles élémentaires et secondaires du Conseil. Ensuite elle a été nommée direc- trice associée de l’éducation au CSDCEO, un poste créé juste pour elle. Et, de 2003 à 2010, Mme Bourgeois a été à la tête du plus grand conseil scolaire de langue française, soit le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE). En 2010, elle reçoit un appel d’un chas- seur de têtes qui lui offre le poste de directrice du plus grand collège franco- phone de l’Ontario, en remplacement de la bâtisseuse Andrée Lortie qui annonçait sa retraite. Aujourd’hui, elle en est la pré- sidente directrice générale. « Il me reste encore beaucoup de choses à faire au collège. Ma plus belle réussite jusqu’à maintenant, se rappelle-t-elle, a été le changement de culture sur le rôle que nous jouons auprès des étudiants au collège. J’y ai ancrémes valeurs, et je suis convaincue que chacun d’eux est un talent pur. Dans la francophonie, chaque talent en est un qui mérite d’être développé. Et mon rôle est de justement développer chaque talent. » Une autre de ses nombreuses réalisa- tions, est d’avoir maintenu la formation en français en agriculture dans l’Est ontarien, au collège. De cela, elle dira qu’elle en est très fière. Lorsque Lise Bourgeois entendra, ou sentira, qu’elle et son équipe ont fait une différence auprès des étudiants franco- phones, ce sera mission accomplie. Pour l’heure, elle n’est pas prête à partir, trop de choses restent encore à réaliser. « Quand on est francophone en Ontario, on est voué à être meilleur et à se surpasser. Aller au bout de ses rêves, créer de belles choses et faire une différence. Voilà ce que je vais continuer de faire à La Cité. » « QUANDON EST FRANCOPHONE ENONTARIO, ON EST VOUÉ À ÊTRE MEILLEUR ET À SE SURPASSER »

Lise Bourgeois. — photo Annie Lafortune

LISE BOURGEOIS, UNE VIE BIEN REMPLIE

ANNIE LAFORTUNE annie.lafortune@eap.on.ca

On lui a toujours inculqué de ne pas avoir peur de la tâche, de travailler fort, d’essayer. « Ils nous ont toujours dit d’être audacieux et ambitieux. Je les entends encore : allez, essaie! Si tu n’as pas de projet, tu n’avances pas », se souvient-elle. Pour ses sœurs et son frère, Lise était la maîtresse d’école structurée qui aimait apprendre, qui était curieuse. C’est sûrement pour cette raison qu’à la fin des années 1960, à 16 ans, après avoir terminé son secondaire à Embrun, elle quitte le nid familial pour se diriger en éducation à l’Université d’Ottawa. Elle en ressortira deux ans plus tard avec un certificat d’enseignante en poche. À l’âge de 18 ans, en 1970, elle obtient son premier poste pour enseigner à la deuxième année primaire, à l’école Saint- Jean d’Embrun. La même année, elle se marie et prend le nomde Bourgeois. Deux ans plus tard, elle donne naissance à sa première fille. La seconde fille du couple viendra agrandir la famille en 1975.

« Cette année-là, j’avais besoin de prendre du recul avec ma profession. Je ne suis pas revenue à l’enseignement à temps plein. » Elle accepte donc un poste à temps partiel à l’école Saint-Joseph de Russell, pour donner des cours chez les grands. « Je suis une personne qui ne peut pas faire la même chose longtemps. J’avais fait le tour chez les petits. J’avais fait mon œuvre. Avec les grands, je pouvais créer plein de projets dans la communauté et ailleurs. Je les ai amenés, par exemple, à Québec, dans le cadre des cours d’histoire. Je sentais que j’apportais beaucoup en épanouissement. Je les ai également fait participer au concours d’art oratoire. Il y avait une belle francophonie à Russell », se rappelle-t-elle. Finalement, Lise restera en poste à Russell pendant 12 ans. Lorsque l’Université d’Ottawa crée le programme pédagogique, formation des maîtres, Mme Bourgeois s’inscrit au BAC et obtient son diplôme. Après avoir passé 12 ans à l’école

Elle vient de recevoir le prix de l’Ordre de la francophonie de Prescott-Russell. Elle est présidente et directrice générale de La Cité. Lise Bourgeois n’a jamais cessé d’aller au bout de ses rêves et de les atteindre. Retour sur la vie de cette Franco-Ontarienne. La petite Lise Patenaude naît dans les années 1950, à Embrun. Deuxième d’une fratrie de six enfants, c’est dans l’amour et le respect des belles valeurs qu’elle, ses quatre sœurs et son frère grandissent. Les parents gèrent la ferme laitière familiale et les enfants mettent la main à la pâte. « On a beaucoup travaillé sur la ferme, raconte-t-elle. C’est là qu’on a appris à tra- vailler fort. Nos parents nous disaient que tout lemonde devait travailler ensemble, faire sa part, c’était important. On est une famille tricotée serrée, et on a beaucoup profité de grandir sur une ferme. »

Made with FlippingBook - Online catalogs