croquis sans prétention pour réjouir les honnêtes gens (1878-1881) que le musée tente de reconstituer depuis les années 1990. De précieuses informations sortiront en outre du nouveau fonds documentaire (archives, lettres et presse du 19 e siècle) acquis par l'asbl Les Amis du musée Rops. Préservées, ces œuvres rejoindront bientôt l’inventaire en ligne du musée mais égale- ment ses cimaises dans le cadre de son projet d’extension ou à l’occasion d’expositions temporaires. Elles contribueront aussi à améliorer la connaissance sur l’œuvre et la vie de « l’infâme Fély », tout en permettant à l’artiste de rester définitivement en Belgique, à Namur, son berceau natal.
Rops sans réserve Une acquisition exceptionnelle !
T. CLEEREBAUT Avec des notices de T. CLEEREBAUT et G. DI STAZIO
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’année 2023 s’est terminée sur une excellente nouvelle, aussi bien pour le musée que pour la préservation du patrimoine de Félicien Rops. En octobre 2023, nous vous dévoilions l’acquisition exceptionnelle de près d’une vingtaine d’œuvres et archives grâce aux efforts conjugués de la Fédération Wallonie Bruxelles, de la Fondation Roi Baudouin, de l’asbl Les Amis du musée Rops et de la Province de Namur. Peu de musées sont propriétaires de toutes les œuvres exposées et conservées en leurs murs. Le musée Félicien Rops – Province de Namur ne déroge pas à la règle puisqu’il est dépositaire de certains de ses chefs-d’œuvre les plus prestigieux. C’était notamment le cas de deux des quatre versions des Dames au pantin , série ô combien importante pour l’étude de la période symboliste de l’artiste. Or, que se passe-t-il lorsque ces dépositaires souhaitent récupérer leurs œuvres et les mettre en vente ? Cette question s’est posée il y a quelques mois, lorsque la Province de Namur a appris la décision d’un collectionneur privé de vendre six dessins mis en dépôt au musée Rops, en même temps qu'un lot important d'archives, de gravures, de peintures et d’autres dessins ropsiens.
Peut-on vraiment risquer de laisser partir ce patrimoine belge à l’étranger ? De perdre des œuvres majeures témoignant de l’évolution stylistique d’un artiste ? De priver les générations futures de son héritage culturel ? Pas vraiment. Nul ne représente mieux Namur et l’esprit belgo-wallon que Félicien Rops. Préserver le patrimoine et rendre accessible la culture pour tou.te.s sont également deux des missions prioritaires de la Province de Namur. Grâce au partenariat solide et indéfectible qui existe depuis longtemps déjà entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Fondation Roi Baudouin, Les Amis du musée Rops et la Province de Namur, 12 dessins, 2 peintures et 6 pièces documentaires (à découvrir ci-dessous) ont pu être acquis en octobre 2023 pour être mis en dépôt au musée Rops. Dans le lot, se trouvent notamment La Dame au pantin II , acquise par la Fondation Roi Baudouin (Fonds Charles Vreeken), et La Dame au pantin IV , désormais propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Fidèle à ses grands axes d’acquisition, la Province de Namur s’est quant à elle concentrée sur les dessins et peintures de différentes époques artistiques de Rops, et principalement d’œuvres de la série des Cent légers
Le Crocodile C’est un ensemble aussi bien inédit, rare qu’exceptionnel que l’asbl Les Amis du musée Rops a acquis avec ces 140 exemplaires du journal Le Crocodile , couvrant en grande partie ses trois premières années de publication (1853-1855). Créé le 1 er février 1853 par un groupe d’étudiants de l’Université libre de Bruxelles, ce petit hebdomadaire satirique et politiquement contestataire est non seulement le plus ancien journal estudiantin paru en Belgique, mais aussi l’une des premières productions artistiques connues de Félicien Rops. Le Namurois, étudiant à l’ULB dès 1851, rejoint en effet la Société des Crocodiles et collabore au journal dès juillet 1853, à l’âge de 20 ans: «Le concours d’un habile et spirituel dessinateur nous étant acquis, nous offrirons prochainement à nos abonnés des caricatures sur des sujets d’actualité» ( Le Crocodile n°15 du 17 juillet 1853). Jusqu’en 1855, Rops réalise sous divers pseudonymes la quasi-totalité des lithographies publiées dans cet hebdomadaire, ainsi que son frontispice. Très largement méconnus, ces premiers essais annoncent l’orientation que le caricaturiste donnera à sa future carrière d’artiste. Ces journaux permettront de mettre en lumière cette période, tout en faisant du musée Rops la première institution à proposer cette revue en ligne pour les chercheur.euse.s et le grand public. T.C.
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↗ Ensemble de 140 exemplaires du journal Le Crocodile , 1853-1855, impressions sur papier. Acquisition de l’asbl Les Amis du musée Rops (inv. PR CRO).
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