La Digue de Blankenberge sous la pluie Qu’il s’agisse de La Plage de Heyst (inv. PE 270), Plage en mer du Nord (inv. PE 144) ou Grandes dunes à la côte belge (inv. PE E002), Félicien Rops était profondément amoureux de la mer qu’il a représentée à de nombreuses reprises et ce, probablement, pour son propre plaisir. Cette huile sur panneau viendra compléter les trois précédentes, en présentant une vue de la digue de Blankenberge sous la pluie, rappelant l’œuvre d’un artiste que Rops influencera des années plus tard: l’Ostendais James Ensor. Qualifiée comme l’«une des premières peintures pré-impressionnistes en Belgique» par le journal La Meuse en 1966, elle fut offerte à l’artiste liégeois Armand Rassenfosse par Claire Rops-Duluc, fille de son ami et mentor. Après un passage dans une collection privée à partir du milieu des années 1960, elle rejoint aujourd’hui les collections du musée et peut-être – qui sait ? – l’une ou l’autre exposition dans le cadre de l’année Ensor en 2024. T.C.
← FÉLICIEN ROPS , La Femme aux ballons ou La Dame aux bulles , s.d., mine de plomb, crayons de couleur, aquarelle et rehauts à la craie blanche et à la gouache sur papier, 21 x 30 cm. Acquisition de la Province de Namur (inv. D 189)
20
La Dame aux bulles Dans cette aquarelle non datée, la figure centrale s’ancre parfaitement dans l’univers ropsien, au carrefour de l’histoire, de la mythologie et de l’allégorie. Une «faunesse» coiffée d’un bonnet phrygien souffle dans un phallus en érection afin de créer des bulles qui deviennent peu à peu des planètes. Elle se trouve sur une sorte de mont ou de colline, assise sur une étoffe légère, presque transparente. Le bonnet phrygien est un symbole très fort de liberté en France depuis les évènements de la Révolution de 1789. Historiquement, il tire son nom de son origine présumée des Phrygiens, un peuple indo-européen originaire d’Anatolie. Il est présent dans plusieurs mythes dont celui de Pâris, prince troyen (dont le père Priam est originaire de Phrygie) ou encore le dieu perse Mithra. Dans l’antiquité gréco-romaine, le bonnet phrygien, généralement rouge, était donné aux anciens esclaves, le jour de leur affranchissement. Les êtres hybrides sont très fréquents dans l’univers ropsien. Ils participent très largement à la création d’une mythologie qui est propre à l’artiste. Le faune est un être éminemment érotique que l’on retrouve dans la littérature et les poèmes de l’époque comme chez Guy de Maupassant ou encore Arthur Rimbaud. Par ailleurs, le faune est le symbole d’une libido mâle naturelle et épanouie. Le choix d’une «faunesse» constitue donc un retournement qui n’est pas le fruit du hasard. G.D.
↗ FÉLICIEN ROPS , La Digue de Blankenberge sous la pluie , 1878, huile sur toile marouflée sur panneau, 28,5 x 40,8 cm. Acquisition de la Province de Namur (inv. PE 187).
Made with FlippingBook Ebook Creator