Akédysséril Le graveur namurois a réalisé pour Auguste Villiers de L’Isle-Adam (1838-1889) le frontispice du conte Akédysséril publié en 1886. L’histoire raconte le retour de la souveraine Akédysséril, la jeune triomphatrice des deux rois d’Agra, dans la ville sainte de Bénarès en Inde. Ce conte est publié pour la première fois en 1885 dans La Revue contemporaine et en 1886 dans le recueil L’Amour suprême . Si nous ne disposons pas de la correspondance entre Rops et Villiers de L’Isle-Adam, ils ont pourtant dû se côtoyer puisqu’ils avaient projeté ensemble la création de La Revue internationale des Lettres et des Arts . Rops a réutilisé une eau-forte, L’Amour à travers les âges ou L’Amour dominant le monde, qui servit de frontispice à l’ouvrage d’Octave Uzanne publié en 1885, Son Altesse la Femme . On y voit une jeune femme ailée appuyée sur un candélabre. Dominatrice, elle est accompagnée d’éléments renvoyant à l’amour et à Éros. Les angelots et les petits génies expriment la même idée de domination du monde par l’Éros féminin, thème qui trouve écho dans le conte de L’Isle-Adam. G.D. Qui aime les japoniaiseries Vendue publiquement en 1893, la collection d’Armand Gouzien, critique et compositeur de musique français, comptait pas moins de 367 eaux-fortes et 22 dessins et peintures de Félicien Rops, faisant de lui l’un des plus grands collectionneurs et diffuseurs de l’œuvre du Namurois au 19 e siècle. Et pour cause, les deux hommes étaient de proches amis. Félicien n’hésitera d’ailleurs pas à rendre hommage à Armand dans des œuvres telles que Fantaisie sur Gouzien ou… Qui aime les japoniaiseries . Ce dessin aura aussi l’avantage de faire avancer la recherche scientifique sur l’un des aspects méconnus de la carrière de Rops: l’influence des arts japonais sur son travail, à une époque où les productions nippones envahissent la capitale française et transforment profondément les sensibilités artistiques. Rendez-vous au musée à l’automne 2025 pour découvrir cette œuvre à l’occasion de l’exposition «Japon(i)aiseries». Fantaisies japonaises au temps de Félicien Rops ! T.C.
← FÉLICIEN ROPS , Accouplement préhistorique , 1889, aquarelle, crayons de couleur, crayon graphite et mine de plomb sur papier, 22 x 15,2 cm. Acquisition de la Province de Namur (inv. D 191).
↗ FÉLICIEN ROPS , Qui aime les japoniaiseries , s.d., encre sépia et noire sur papier, 23,5 x 15 cm. Acquisition de l’asbl Les Amis du musée Rops (inv. AMIS D 007).
Accouplement préhistorique La sexualité est une thématique forte de l’œuvre de Félicien Rops. Il rend ici hommage à la nature et à la relation homme-femme. La composition met en scène un «accouplement animal» que l’artiste situe à la Préhistoire. Une femme nue est violemment acculée contre un arbre par un homme entreprenant, nu lui aussi. Elle se défend tant bien que mal en plantant les dents dans le dos de ce dernier. Un chien brun participe à la scène en mordant le mollet de la femme. Longtemps considéré comme un érotomane voire comme un pornographe, Rops est fasciné par la vie à l’état pur, symbolisée par une sexualité débridée, presque instinctive. C’est la raison pour laquelle il représente ici l’acte sexuel comme il imagine qu’il devait être aux premiers temps de l’humanité. Jusqu’au milieu du 20 e siècle, conformément aux descriptions des anthropologues et des préhistoriens, les représentations des hommes préhistoriques, même des plus évolués, montrent des êtres techniquement primitifs et violents. Cette image négative est un héritage de l’Antiquité dont des poètes et des philosophes comme Horace – très apprécié par Félicien – ou encore Lucrèce, sont les premiers propagandistes. G.D.
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↗ FÉLICIEN ROPS , Akédysséril , 1886, crayon graphite, mine de plomb, craie blanche, rehauts à l'encre noire à plume et estompe sur papier, 30 x 20 cm. Acquisition de la Province de Namur (inv. D 190).
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