Le Coffret Dans les années 1860, Rops est encore au début de sa carrière. Il fait ses premières armes dans la caricature de presse, notamment pour son journal Uylenspiegel dans lequel il produit des lithographies. Depuis 1851, le réalisme rencontre un certain succès dans une époque marquée par de profonds changements sociaux, économiques et politiques. Félicien Rops s’intéresse de près à la société et aux mœurs de son temps. On retrouve dans son œuvre un goût certain pour la satire et un degré d’observation presque sociologique. La scène semble anodine: deux femmes sont occupées à regarder l’intérieur d’un petit coffret. Ce qu’elles observent ne semble pas être innocent comme en témoigne le vêtement ample de la jeune femme qui commence à dévoiler sa silhouette. À l’arrière-plan, dissimulé derrière une porte entrouverte, un voyeur observe discrètement les deux curieuses. L’artiste conserve encore un goût pour les sujets légers même si l’époque marque un tournant dans ces choix esthétiques et artistiques puisqu’il effectue de nombreux allers-retours sur Paris à partir de cette période. G.D.
↗ FÉLICIEN ROPS , Le Coffret , vers 1864, aquarelle et crayon gras sur fond de craie, 38,4 x 28,4 cm. Acquisition de la Province de Namur (inv. D 196).
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Affiche publicitaire pour la vente des ouvrages Le Vice Suprême et Curieuse de Joséphin Péladan, illustrés par Félicien Rops La rencontre entre Félicien Rops et Joséphin Péladan fut pour le moins fructueuse. En effet, l’artiste namurois a réalisé pas moins de quatre frontispices pour l’écrivain entre 1884 et 1888 : Le Vice suprême (1884), Curieuse (1886), L’Initiation sentimentale (1887) et À cœur perdu (1888). Cette affiche, qui sera exposée dans le cadre de l'exposition-focus consacrée à la relation entre Rops et Péladan (voir p. 14), date probablement de 1886 puisque l’éditeur A. Laurent a réédité Le Vice suprême et édité Curieuse la même année. Si les deux hommes s’estimaient, leur collaboration n’en fut pas moins houleuse, notamment au niveau des délais importants de livraison des eaux-fortes, comme cela est habituel chez Rops. Néanmoins, Péladan laisse à Rops un choix presque arbitraire pour la composition du frontispice en lui proposant de plier son texte aux eaux-fortes de l’artiste. Sur le frontispice Le Vice suprême , on voit un dandy squelettique qui tient sa tête sous le bras, son chapeau à la main. Une femme-squelette se trouve dans un cercueil ouvert. Elle est habillée en tenue de soirée, un éventail à la main. Des corbeaux volent dans un ciel lugubre où se dessine une coupole. Le couple se tient sur un socle dont le bas-relief représente une louve squelettique qui ne nourrit plus ses petits puisque Romulus et Rémus sont déjà morts. Le frontispice de Curieuse est une reproduction de Vieux faune (1885) dont le dessin original appartenait à Maurice Bonvoisin. Une femme enlace une statue de faune ou du dieu Pan, divinité grecque originaire d’Arcadie. Rops affectionne en particulier le caractère hybride et sauvage de ce dernier, régulièrement en proie à ses pulsions. G.D.
↗ Affiche publicitaire pour la vente des ouvrages Le Vice Suprême et Curieuse de Joséphin Péladan, illustrés par Félicien Rops , 1886, chromolithographie sur papier entoilé, 57 x 40 cm. Acquisition de l'asbl Les Amis du musée Rops (inv. AMIS DOC 004).
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