FNH N° 1093

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 26 JANVIER 2023

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Compléments alimentaires

◆ De vieille date, les pharmaciens d’officine appellent à la réglementation du marché marocain des compléments alimentaires, dont la consommation est montée en flèche au cours de ces dernières années. ◆ Soumis en novembre dernier aux pharmaciens pour avis, le projet de loi relatif aux compléments alimentaires s’éternise au niveau du ministère de la Santé. Radioscopie d’un marché anarchique E n l’espace d’une poignée d’années, la consommation des compléments alimentaires s’est alléger les inconforts liés à la grossesse. Mais l’étincelle qui met le feu aux poudres, c’est que ces produits sont vendus par tout le monde, n’importe qui et n’importe comment. fessionnels du secteur phar- maceutique revendiquent depuis belle lurette la régle- mentation de la production, la commercialisation ainsi que l’importation des complé- ments alimentaires. Par M. Ait Ouaanna

mentaire. Parfois, certains consommateurs les utilisent par snobisme, d'où le risque de surdosage. Ce marché est anarchique et n'est point encadré légalement. Les com- pléments alimentaires sont vendus partout au Maroc et ne subissent aucun contrôle de salubrité et de qualité. Pire, le web a ouvert d'autres espaces à travers lesquels les consom- mateurs s'en procurent sans savoir qu'ils risquent gros», déplore Bouazza Kherrati, pré- sident de la Fédération maro- caine des droits du consom- mateur (FMDC). D’un autre côté, cette situa- tion force les consommateurs à se retrouver avec un trou béant dans leur porte-mon- naie, puisque dans la plupart des cas, ces vendeurs infor- mels pratiquent des tarifs exorbitants. Un exemple des plus frappants : pendant la pandémie, une boite de vita- mine C qui coûte au niveau

accrue de manière spectacu- laire au Maroc. Cette tendance s’est imposée de manière très marquée pendant la pandé- mie du Covid-19 où la ruée vers ces produits fut impres- sionnante, à tel point que les stocks se sont épuisés en un rien de temps, particulière- ment en ce qui concerne la vitamine C et le zinc. En plus d’être consommés pour combattre la fatigue et renforcer le système immu- nitaire, les compléments ali- mentaires sont aujourd’hui utilisés à toutes les sauces : affiner la silhouette, favoriser le sommeil, éviter le stress et l'anxiété, booster la peau et les cheveux ou encore pour

Une vente non structurée En effet, la pandémie a donné plus d’ampleur à la vente non contrôlée des compléments alimentaires, notamment sur Internet. Une situation qui a des répercussions négatives de part et d’autre. D’abord, la commercialisation des complé- ments alimentaires par le biais de ces circuits en dehors des clous permet aux consomma- teurs de les obtenir sans avis médical, ce qui pourrait entraî- ner un risque de surdosage. « Le marché des compléments alimentaires regorge de dif- férents types de ces pro- duits, notamment ceux desti- nés aux sportifs ainsi qu’aux personnes en déficience ali-

«Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’encadrer la distribution des complé- ments alimentaires. Ces pro- duits sont en effet très prisés et sont souvent vendus de manière anarchique, notam- ment sur Internet. Il est impé- ratif que les autorités sani- taires réglementent ce marché le plus rapidement possible. Ces produits peuvent avoir des effets secondaires et des interactions négatives avec certains médicaments. Ainsi, la mise en place d’une régle- mentation stricte et de normes de qualité et de sécurité est donc indispensable pour assu- rer la sécurité et la protec- tion des consommateurs», insiste Fatema, pharmacienne à Casablanca. Même son de cloche chez Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé, qui sou- ligne l’impérativité d’assurer l'authenticité ainsi que la tra- çabilité des compléments ali- mentaires. «La réglementation concernant l’encadrement des complé- ments alimentaires est consi- dérée aujourd’hui comme une urgence en raison de l’impor-

Une partie non négligeable des complé- ments alimen- taires vendus au Maroc est introduite au pays sans autorisation préalable et sans contrôle de qualité.

des pharmacies 15,30 dirhams, était proposée sur les réseaux sociaux à des prix allant jusqu’à 300 dirhams. Profitant de l'ignorance des gens, ces marchands de l’ombre se permettent de tirer les prix à la hausse sous prétexte que leurs produits pro-

La pandémie du Covid-19 a donné plus d’ampleur à la vente non contrôlée des compléments alimentaires, notamment sur Internet.

viennent de l’étranger.

La réglementation : Une urgence pressante Bien conscients des risques liés à cette situation, les pro-

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