FNH N° 1093

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 26 JANVIER 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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Exportations

◆ Les produits marocains restent fortement dépendants du marché européen. ◆ L’ALE avec les Etats-Unis n’a pas donné les effets escomptés. La diversification des débouchés, un défi à relever

plus de 143 millions d’habi- tants. Si le conflit persiste, les exportateurs marocains devront trouver des alterna- tives pour écouler leurs pro- duits. D’où l’intérêt donc du Royaume de diversifier ses débouchés à l’étranger pour ne pas être à la merci des changements géostatiques dans le monde. «Tous les gouvernements qui se sont succédé jusqu’alors étaient conscients de cette situation. Il est primordial de consolider ses liens avec l’Union européenne tout en cherchant de nouveaux mar- chés. C’est dans ce cadre que le Maroc a conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Entré en appli- cation en 2006, cet accord est bien loin d'être à la hauteur des espérances suscitées lors de sa signature. Les expor- tations marocaines totalisent moins de 17% des échanges

entre les deux partenaires, soit 400 millions de dollars sur un total de 3 milliards de dollars» , souligne Mohamed Amrani, économiste et pro- fesseur universitaire. «Avec plus de 332 millions d’habitants, le marché amé- ricain est très important pour les produits agricoles maro- cains et pourrait réduire lar- gement la dépendance vis-à- vis de l’UE. Malheureusement, les opérateurs marocains ne prennent pas de risque et ont une culture majoritairement européenne» , ajoute Amrani. De plus, les exportateurs sont confrontés à une réglemen- tation américaine rigoureuse (conformité aux exigences du marché) et à un manque de ressources humaines anglo- phones. Autres freins majeurs au développement des expor- tations du Maroc outre-Atlan- tique, un appareil productif national sous-dimensionné pour les gros volumes et des coûts logistiques très élevés vers les Etats-Unis. «Pour pénétrer ce mar- ché, il est primordial de répondre aux exigences des donneurs d’ordre, que ce soit en volume ou en qualité des produits. Le regroupement des exploitants sous forme de consortiums peut per- mettre de bien négocier avec les clients, de répondre aux normes et aussi à la demande. Pour qu’il soit efficace, ce genre de groupements doit bénéficier d’un encadrement et d’un soutien de la part

de l’Etat à différents niveaux, notamment technique et juri- dique» , explique Amrani. Qui précise que le Maroc doit chercher de nouveaux débou- chés pour ses produits agri- coles, notamment avec les régions avec qui il entretient des relations politiques nor- males et où les connexions maritimes sont plus acces- sibles. «L’Afrique et les pays arabes sont des niches intéressantes pour les produits marocains, d’autant que les normes réglementaires ne sont pas aussi exigeantes par rapport à celles de l’UE ou des Etats- Unis. Depuis la sécurisation du passage El Guerguarate, les exportations vers la pre- mière destination ont net- tement augmenté, même si des contraintes de sécurité et de logistique perturbent leur développement. Pour la seconde destination, il est utile de capitaliser sur les rela- tions bilatérales, notamment avec les pays du Golfe, pour augmenter les échanges» , conclut Amrani. D’autres marchés peuvent être dans le viseur des expor- tateurs, précisément les pays asiatiques et l’Australie. Ces niches sont quelque peu compliquées pour les opéra- teurs, mais à long terme, elles présentent des perspectives d’avenir prometteuses. Par exemple, l’huile d’olive était peu connue dans le mar- ché chinois. Actuellement, sa demande enregistre une croissance rapide. ◆

L e Maroc réalise 60% de ses échanges extérieurs avec l’Union européenne. 13% de ces échanges sont de type agricole, avec une valeur culminant à plus de 2,6 milliards d’euros. Au cours de la dernière décennie, ils ont plus que doublé et tout laisse présager qu’ils devraient maintenir leur rythme de crois- sance dans les années à venir, d’autant que les deux parties sont liées par un accord d’as- sociation. Outre l’UE, la Russie est aussi un grand client des pro- duits marocains, notamment les agrumes. L’embargo sur ce pays suite à la guerre en Ukraine a réduit sensiblement les exportations des produits agricoles. Le Maroc a réa- lisé d’importants efforts pour pénétrer ce marché fort de Par C. Jaidani

Avec plus de 332 millions d’habitants, le marché américain est très impor- tant pour les produits agri- coles maro- cains.

L’Afrique est un marché de niche pour les produits marocains, même s’il est confronté à des contraintes logistiques.

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