Ère magazine édition avril 2025

QUESTIONS EXPRESS À AUDREY LEUBA Votre retraite idéale ? Avoir plus de temps à mettre au service des autres. Qu’est-ce qui vous fait rire ? Le rire d’un-e enfant. En super-héroïne, vous seriez qui ? Je ne m’identifie à aucune super-héroïne, je trace ma propre voie. Mais être une femme à la tête d’une université demande déjà des superpouvoirs ! Que cherchez-vous à faire mieux chaque jour? Tout ce que j’entreprends. La personne qui a eu le plus d’influence dans votre vie ? La première femme professeure de la faculté dans laquelle j’ai fait mes études de droit.

▲ Audrey Leuba a été très touchée par les ravages du Covid sur le mental des étudiants.

Favoriser le vivre ensemble, comment faire, concrètement ? On a par exemple renforcé notre collaboration avec la Fondation genevoise de désendette- ment, de manière à ce que nos étudiants endettés, il y en a un certain nombre, puissent trouver un soutien efficace. Le rectorat développe aussi un catalogue de projets in- titulé « Jobs étudiants + », compte tenu du fait que 55 % des étudiants travaillent durant leurs études pour des raisons financières. Nous gérons également un centre de carrières, avec 12 000 inscrits, pour que nos étudiants arrivent à mieux valoriser les compétences qu’ils acquièrent dans le monde professionnel, notamment avec des labellisations liées aux activités qu’ils ont pu exercer sur le marché du travail. Il y a beaucoup de projets de ce type en cours de réalisation. Le Covid a été un facteur de division, il y en a eu d’autres, plus récents, comme le conflit au Proche-Orient qui a touché plusieurs universités, dont celle de Genève... Vous faites référence à l’occupation du 7 mai 2024 par un collectif d’étudiants. La question qui nous était posée était une ques- tion difficile. Nous ne voulions pas l’aborder sur la base de ce seul cas, sachant qu’il y a d’autres conflits et d’autres problématiques dans le monde (les thématiques environnementales ou sociétales par exemple) qui mériteraient

une même attention. Nous avons refusé de nous prononcer sous la pression et mandaté un comité scientifique pour réfléchir au rôle des universités dans le débat public. On en est là, dans l’attente de ce rapport qui fera ensuite l’objet d’une consultation au sein de la communauté. Cette occupation du 7 mai a été une épreuve difficile pour la toute nouvelle rectrice que vous étiez ? C’était difficile, stressant, éprouvant, j’étais là depuis un petit mois. On a cherché un terrain d’entente avec le collectif et tout cela a mobilisé beaucoup d’énergie. L’Université de Genève avait déjà connu des occupations par le passé, par exemple lors de Mai 68. Mais quel est, plus globalement, le rôle de l’Université selon vous ? Et comment doit-elle se développer à l’avenir ? L’Université a trois missions principales : l’enseignement, la recherche et la transmis- sion des connaissances au service de la cité. Je pense qu’au-delà de ces trois missions fondamentales, l’Université joue aussi un rôle social qui la conduit – subsidiairement aux pouvoirs publics – à œuvrer au bien-être des membres de sa communauté lorsqu’ils sont en difficulté ou dans la précarité, ses étudiant(e)s principalement, mais pas uniquement.

avril 2025 - èremagazine 18

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