FNH N° 1132

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023

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Investissement

◆ L’investissement privé au Maroc semble battre de l’aile, à en croire les dernières données révélées par la Banque mondiale dans son rapport de suivi de l’économie marocaine. Coup de mou dans le secteur privé !

la population marocaine. Il n’y a que les villes qui sont dotées de ressources humaines, ce qui explique le fait que l’investissement soit concentré au Maroc en zone urbaine et non en zone rurale, sauf quand il s’agit d’investissement à caractère agricole. Or, quel est l’inves- tissement principal dans un

pays si ce n’est celui en ressources humaines et en formations ?». L’économiste consi- dère que le fait de lais- ser 40% de la popu- lation hors investisse- ment humain, tous les secteurs sont de facto touchés et ne sont

Le privé ne représente actuellement qu’un tiers des investis- sements à l’échelle nationale et l’objectif est d’arriver à deux tiers d’ici 2035.

pas productifs. «Ajoutons à cela l’inflation, et les consé- quences se font automati- quement vite ressentir. En l’absence de pluie, ces 40% de personnes ne consom- ment pas beaucoup et n’encouragent pas le sec- teur productif au niveau de la demande, ce qui est le cas au Maroc lorsque nous traversons une période de sécheresse». De surcroît, le contexte actuel est marqué, d’après Omar Kettani, par la coexistence de deux types d’inflation, à savoir l’inflation anticipée et l’inflation réelle. «Vu le retard des pluies, les producteurs s’attendent à une année de sécheresse. Ce qui veut dire que beaucoup de produits vont connaître une hausse des prix. Cela incite lesdits producteurs à augmenter les prix tout de suite. Bien évi- demment, ce phénomène a

son niveau de 2019. Cette situation risque d’impac- ter non seulement la crois- sance actuelle, mais aussi la croissance économique à moyen et long terme, alerte la Banque mondiale. «L’investissement privé est sérieusement paralysé par l’inflation, particulièrement dans le secteur du BTP. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement a pris une mesure de soutien au logement économique. Il affirme que pour relancer l’investissement et l’activité économique, il va octroyer l’équivalent de 100.000 dirhams de subventions pour chaque logement de 300.000 dirhams, c’est-à-dire qu’il se situe dans l’économique; et 70.000 dirhams pour le loge-

ment moyen », affirme Omar Kettani, économiste et pro- fesseur universitaire. Selon lui, lorsque l’inflation touche une économie, cela impacte systématiquement tous les secteurs, d’autant plus qu’au Maroc, les dispa- rités au niveau des revenus sont très importantes. «On compte déjà 40% de la popu- lation située hors zone, c’est- à-dire dans la campagne. Cette même population a un manque criant au niveau des secteurs sociaux. Elle n’a pas suffisamment de cou- verture de santé, pas assez d’établissements scolaires, très peu d’équipements en matière de transport public, en plus d’être mal logée. Ces secteurs dits sociaux sont quasi-absents pour 40% de

L e nuage de la moro- sité continue de planer sur l’inves- tissement privé qui peine à retrouver son rythme de croissance d’avant-Covid. En effet, la formation du capital privé a connu une baisse de 6,2% si l'on compare 2022 avec 2019, et de 15% en rappor- tant le premier semestre 2023 à celui de 2019. Ainsi, alors que les exporta- tions nettes et la consom- mation publique réalisent des résultats nettement plus importants que ceux précé- dant la pandémie, la consom- mation privée avance à-recu- lons. Bien plus, l’investisse- ment total est bien loin de Par M. Boukhari

L’investissement privé est sérieu- sement paralysé par l’inflation, particulièrement dans le secteur du BTP.

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