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JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ Lors des questions orales à la Chambre des représentants, le 27 novembre 2023, le chef du gouvernement a fait le point sur les étapes parcourues pour la mise en place de la réforme du système de santé. ◆ Entretien avec Abdelmajid Belaiche, expert en industrie pharmaceutique, analyste des marchés pharmaceutiques et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé. Propos recueillis par Ibtissam Z. «Il faut oublier la santé gratuite pour tout le monde sans aucune contrepartie» Réforme du système de santé
Finances News Hebdo : Le chef du gouvernement a dressé au Parlement le bilan de la réforme en cours du système de santé. Qu’est-ce qui res- sort de son discours et quels sont les grands enseignements à retenir ? Abdelmajid Belaïche : La couverture sani- taire universelle est certes un projet histo- rique par son ampleur et les impacts atten- dus pour l’ensemble de la population. Et en même temps, c’est un véritable défi du fait de sa complexité et l’ampleur de son financement. Lors de son intervention devant les élus de la nation, le 27 novembre 2023, le chef du gouvernement a tracé toutes les étapes parcourues pour la mise en place d’une refonte du système de santé, véritable préalable à l’instauration d’une couverture sanitaire universelle. Celui-ci a été ensuite doublé par la protection sociale, puis par le filet social dans le cadre de l’Etat social voulu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste. Ces projets d’une ampleur jamais atteinte dans l’histoire du Maroc exigent un financement colossal. Et ce, dans un contexte défavorable qui a commencé par la pandémie de la Covid-19, a continué par la guerre russo-ukrainienne et ses consé- quences économiques au niveau mondial et une économie mondiale inflationniste, et s’est terminé par le terrible tremblement de terre dans la région d’Al Haouz. Il ne faut pas non plus oublier les engagements du Maroc pour sa coparticipation à l’organisation de la Coupe du monde 2023. Tous ces projets exigent la mobilisation de budgets colossaux et un endettement inévitable.
La fabrication locale des médicaments est souvent pénalisée par certaines mesures gou- vernemen- tales au lieu d’être assistée
et encoura- gée par des mesures incitatives
largement débattue lors du discours. Pourquoi aujourd’hui est-il impor- tant de maîtriser la politique des médicaments ? A. B. : La souveraineté pharmaceutique (médicamenteuse et vaccinale) est au cœur de la souveraineté sanitaire nationale. Notre pays doit sauvegarder et sanctuariser ses souverainetés, en général, et sa souverai- neté sanitaire, en particulier. Le Maroc, qui a si bien géré la pandémie de la Covid-19 et limité les dégâts pour sa population, notam- ment en sécurisant l’approvisionnement en médicaments et en d’autres produits de santé, est conscient, plus que jamais, de la nécessité de construire un système de santé
robuste et surtout résilient. La sauvegarde de cette souveraineté passe par le renfor- cement de la fabrication pharmaceutique locale, non seulement pour la réduction des déficits de la balance commerciale phar- maceutique, le développement de la valeur ajoutée industrielle nationale ou encore la création de postes d’emplois. Mais aussi et, surtout, par la réduction de la dépendance du Maroc vis-à-vis de pays tiers, en matière d’approvisionnement en produits de santé, en substituant une bonne partie des impor- tations pharmaceutiques par leur fabrication locale. A ce titre, il est possible de fabriquer l’équivalent de la moitié en valeur des médi- caments importés. Il s’agit déjà de médica-
d’ordre fiscal ou non-fiscal.
F.N.H. : La souveraineté sanitaire, notamment médicamenteuse, a été
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