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SANTÉ
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023
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ments parfaitement fabricables au Maroc et dont une bonne partie a des équivalents déjà fabriqués dans notre pays, avant de s’attaquer à la fabrication de médicaments plus complexes, tels que les médicaments biotechnologiques dont font partie les vac- cins. Malheureusement, la fabrication locale est souvent pénalisée par certaines mesures gouvernementales au lieu d’être assistée et encouragée par des mesures incitatives d’ordre fiscal ou non-fiscal. F.N.H. : Assurer le finan- cement de la santé et garantir les équilibres des caisses dédiées à l'assurance maladie est le grand défi pour le gouvernement. En tant qu’expert, quelle approche préconisez-vous pour réus- sir ce challenge sociétal ? A. B. : Pour assurer la pérennité du finan- cement du système de santé, c’est tout un ensemble de mesures qui doivent être mises en place afin de trouver des sources durables de financement, notamment la bonne gou- vernance du système de santé et l’optimisa- tion des dépenses de santé. Les véritables défis sont constitués par la mobilisation des ressources humaines suf- fisantes pour faire face aux besoins de la population et le financement de la couver- ture sanitaire universelle et de la protection sociale. Pour financer le système de santé, l’argent ne va pas tomber du ciel et l’Etat ne va pas continuer à s’endetter indéfiniment pour un système qui n’aura pas trouvé son équilibre. Or, pour atteindre cet équilibre garant de la durabilité du système, l’adhésion de l’ensemble des citoyens dans l’assurance- maladie et leur paiement des cotisations, à l’exception des personnes en situation de précarité, est indispensable. Cette mutualisa- tion des ressources permettra le financement des soins, notamment les plus coûteux. Aujourd’hui, une partie de notre tissu écono- mique est représentée par le secteur infor- mel. Un secteur qui n’est pas toujours sous les radars de l’administration fiscale et où les employés ne sont pas déclarés à la CNSS. Ces derniers doivent payer leurs soins de leur poche et finissent leur vie sans bénéficier de retraite, d’allocations familiales, etc. Quand on parle du secteur informel, on pense toujours à un secteur pauvre où tous les acteurs sont pauvres, ce qui est totalement faux. Ce secteur inclut aussi de véritables entreprises informelles, avec ses patrons et propriétaires informels qui gagnent cor-
La souveraineté pharma- ceutique (médicamen- teuse et vaccinale) est au cœur de la souveraineté sanitaire nationale.
rectement leur vie, et parfois sont de riches propriétaires qui engrangent des sommes phénoménales sans payer un centime d’im- pôt à l’Etat. L’une des premières urgences sera juste- ment de formaliser le secteur informel. Cela permettra d’élargir l’assiette fiscale, et donc les ressources de l’Etat pour financer ces mesures sociales, mais aussi faire en sorte que tous les Marocains contribuent au finan- cement de la couverture sanitaire universelle, à la protection sociale et aux différentes aides étatiques entrant dans le cadre du filet social. A ce titre, il faut encourager le statut d’auto-entrepreneur à travers des incitations fiscales pour déplacer ces populations infor- melles de ce secteur préjudiciable à l’Etat et à ses citoyens. Il y a aujourd’hui une incompréhension et un terrible malentendu, en ce sens que beau- coup de citoyens croient qu’ils peuvent bénéficier de la couverture sanitaire uni- verselle sans payer de cotisations ou qu’ils n’adhéreront à la CSU qu’une fois malades et en besoin de soins coûteux. L’Etat se doit de faire des campagnes de communica- tion aussi bien écrites qu’audiovisuelles pour éclairer les citoyens à la fois de leurs droits, mais aussi de leurs devoirs. Sans mutualisation des efforts et du finan- cement, c’est tout le système de la couver- ture sanitaire universelle et de la protection sociale qui risque de s’écrouler. Le rôle de l’Etat n’est certainement pas de tout finan- cer à lui seul, mais surtout de veiller à la mobilisation des financements, à la bonne gouvernance des ressources, à l’optimisation des budgets consacrés à cette CSU et à la
protection sociale. Et ce, à travers une série de mesures, comme le parcours coordonné des soins, les protocoles thérapeutiques, l’encadrement et le contrôle des prix des différents types de soins et l’optimisation de l’usage des médicaments par l’encoura- gement de l’usage de médicaments géné- riques et biosimilaires. Le but étant de générer des économies pour les citoyens et les caisses de l’assurance-maladie. Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a d’ailleurs lancé, lors de sa présentation de la stratégie de la santé, un appel pour que les citoyens adhèrent à l’assurance- maladie et qu’ils cotisent. Notre pays s’est engagé dans un processus aussi inédit qu’irréversible. Il ne sera plus possible de faire marche arrière. Il faut oublier la santé gratuite pour tout le monde sans aucune contrepartie. Pendant la pandémie de la Covid-19, des dizaines de milliers de patients ont été admis dans des services de réanimation, dans les hôpitaux publics le plus souvent gratuitement. Ceci a généré des coûts de santé colossaux. Le grand enseignement de la pandémie de la Covid- 19 a été la nécessité et l’obligation de tout pays de disposer d’un système de santé solide et résilient pour faire face à d’éven- tuelles crises sanitaires majeures, sans s’endetter à des niveaux insoutenables et ruineux. Aujourd’hui, c’est le moment de faire les bons choix en matière de santé et de protection sociale en se disant que l’avenir de l’humanité n’est pas à l’abri de pandémies, d’agents infectieux connus ou inconnus à ce jour et à des crises liées au réchauffement climatique. ◆
Sans mutua- lisation des efforts et du financement, c’est tout le système de la couverture sanitaire uni- verselle et de la protection sociale qui
risque de s’écrouler.
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