FNH N° 1132

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023

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tion de la société sont nombreux : avec le succès de pétitions comme l'affaire du siècle, de mouvements de désobéis- sance civile comme Extinction Rebellion, les mouvements non-violents... L'histoire n'est pas terminée. Moi je crois que c'est de l'alliance objective des jeunes et des moins jeunes dont peut naitre le pari d'un mouvement de renouveau... F.N.H. : La sortie du film va s'ac- compagner de débats et de l'ini- tiative «Des audiences publiques pour le climat». Comment espérez- vous que ces discussions contri- bueront à prolonger l'impact du film au-delà de l'expérience ciné- matographique ? l. K. : Le film aborde des thématiques cruciales liées à la justice climatique, la cohabitation entre différentes communau- tés et la nécessité de préserver notre envi- ronnement. La diffusion du film au Maroc se fera en partenariat avec la Coalition marocaine pour la justice climatique. Nous envisageons une collaboration très large et soutenue avec les différents acteurs qui s’interrogent et œuvrent autour de ces enjeux. Une programmation singulière d’Indivision s’impose comme un impératif : il nous faut drainer le public concerné à la fois comme cinéphile et citoyen sensible à la question de l’environnement. Nous voulons mettre en place des audiences publiques autour du climat et réfléchissons aux possibilités pour mettre en place des tribunaux moraux pour le climat. L’héritage des Tribunaux Russell, dont le tribunal d’opinion créé par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre en 1966, a été la source d’une vision utopique qui a conduit à la création du Tribunal pénal international. Depuis lors, plusieurs initia- tives ont suivi cette logique en cherchant à établir des tribunaux moraux pour juger les crimes contre la nature… F.N.H. : Quels sont vos projets futurs ? Y a-t-il des thèmes ou des genres que vous souhaitez explo- rer dans vos prochaines œuvres cinématographiques ? l. K. : Ça foisonne : série, long-métrage…, au Maroc et ailleurs ! Une série historique, une grande fresque populaire, juste avant l’Indépendance : les années 1950 étaient une époque d'idéa- lisme, jalonnée de drames et de passion. Un film futuriste en 2080 ... Et une histoire d’amour en Italie ! ◆

précipiter les choses et faire table rase du passé… Il y avait de la légèreté, de l’inno- cence, et une inconscience … F.N.H. : «Indivision» a remporté plu- sieurs distinctions, dont le Prix de l'Innovation au Festival du film de Montréal et le Prix Jeune Public au Festival d'Apt en France. Comment ces récompenses ont-elles influen- cé votre approche future en tant que réalisatrice, et quel accueil du public avez-vous observé jusqu'à présent, en particulier auprès du jeune public ? l. K. : Le jeune public s’est enflammé avec la figure de Lina. Il y a eu un sentiment d’adhésion qui m’a bouleversée. Pour eux, le personnage de Lina portait ce sentiment d'urgence de leur génération : cette néces- sité d’opérer un véritable «changement de civilisation», cette nécessité à renouer avec la nature et à prendre conscience de la «communauté de destin qui nous unit aux êtres vivants - humains, animaux et végé- taux»... C’était très fort pour moi. Le jeune public m’a bombardée de réac- tions pour dire qu’il leur faut lutter contre la tentation de la défection, faire face au découragement. Et c’est vrai qu’entre la catastrophe climatique qui approche à grands pas et la catastrophe politique qu'on leur présente comme inéluctable, il leur faut tant d’énergie pour desserrer l’étau ! Pendant ces débats après les projections dans les festivals, j’ai intensément ressenti

les conflits entre les générations, avec cette question de l’héritage de la terre laissée aux générations futures. J'ai parlé à des grands-parents désorientés, culpabilisés, qui pensaient préparer le monde pour les générations futures et qui comprennent aujourd'hui qu'ils leur laissent une planète abîmée, un horizon bouché. C’est extrême- ment lourd comme legs ! F.N.H. : Pouvez-vous nous parler de la stratégie spécifique que vous avez mise en place pour la projec- tion du film au Maroc, en particulier en collaboration avec la Coalition marocaine pour la justice clima- tique ? Comment envisagez-vous que le film devienne un catalyseur pour le changement climatique ? l. K. : A partir de toutes ces rencontres et débats, on a eu envie de mettre sur pied quelque chose d’inédit pour accompagner la diffusion du film, pour prolonger les rencontres au-delà de l’écran : un tribunal moral destiné à donner la parole à ceux qui, par définition, ne l’ont pas encore, c’est-à- dire les générations futures. Peut-on rendre au vivant ce qu’on lui a pris ? Est-il encore possible de sauver la planète ? Est-on allé trop loin pour espé- rer réparer les dégâts ? Le défi consiste à préserver une planète habitable pour l'humanité. Il n'y a donc pas d'effondrement inéluctable. Même si la vérité nous oblige à ouvrir les yeux sur une destruction en partie irréversible. Les signes d'une évolu-

Le film aborde des théma- tiques cruciales liées à la justice climatique, la cohabitation entre différentes communautés et la nécessité de préserver notre environnement.

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