Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 15 mai 2025 - 8 DH - N° 1196
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Chèques sans provision Vers une dépénalisation encadrée
DeepTech Summit Benguerir, l’épicentre de l’innovation à l’africaine
P. 7 à 9
P. 17 à 22
● Lors de l’évènement «Les Nuits de la Finance», Abdellatif Zaghnoun, Directeur général de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État et de suivi des performances des établissements et entreprises publics (ANGSPE), a dévoilé les fondements de la réforme, les missions, le périmètre et les projets structurants de l’Agence.
P. 10 à 13
Emploi «La stratégie parie sur un ensemble cohérent de filières»
Intelligence artificielle Où en est le secteur bancaire ?
France – Algérie L’amour vache Les relations entre les deux pays virent au règlement de comptes diplomatique.
Entretien avec Khalid Kabbadj, économiste
P. 24 à 27
P.33
P. 30/31
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
Voyons voir : Ukraine-Russie : Vers un armistice ou une trêve de dupes ? Ça se passe au Maroc 4 6 ACTUALITÉ
28 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Sabrine Zahroubane : SehaLink, «De la plateforme médicale à l’écosystème de santé»
30 HIGH-TECH
BOURSE & FINANCES
Entretien avec Mary Morgand : Intelligence arti- ficielle, Où en sont les banques ?
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Point Bourse Hebdo : Un calme qui rapporte Chèques sans provision : Vers une dépénalisation encadrée Chèques impayés : Ce qui va changer Réforme du portefeuille public : L’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État trace sa feuille de route Entretien avec Tarik Haddi & Farid Benlafdil : Private Equity, «Une dynamique notable» Future sur le Masi 20 : Un test grandeur nature
Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Gaza
P Dommage collatéral
arfois, les mots sont trop faibles pour décrire l’horreur à Gaza. Et parfois, ils sont trop gros pour passer dans le canal diplomatique. Alors, on «condamne fermement», on «appelle à la retenue», ou encore on «examine les options». Bref, on meuble. Et à Gaza, pendant ce temps- là, on compte les morts, avec plus de 52.000 personnes tuées. Mardi 13 mai 2025, à la télévision française, Emmanuel
33 France – Algérie : L’amour vache POLITIQUE
FOCUS : DEEPTECH SUMMIT
Macron s’est fendu d’un cinglant : « ce que fait aujourd'hui le gouver- nement de Benjamin Netanyahu (à Gaza) est inacceptable », « c'est une honte ». Un sursaut moral bienvenu, mais presque timide face à ce que les ONG et l’ONU qualifient déjà de génocide, sauf lui. « Ce n’est pas au président de la République de dire si c’est un génocide, mais aux historiens ». Le mot qui fâche, le mot interdit, le mot qui dérange, c’est bien celui-là : génocide. Il est encombrant. Trop lourd et trop définitif. Mieux vaut alors parler de «crise humanitaire» et de «famine organisée», c’est plus… digest, ça ne froisse pas trop Tel-Aviv, ni les Etats-Unis. Et encore moins l’Europe qui continue de supplier Israël de bien vouloir écouter la voix de la raison. Sauf que la raison est enterrée sous les décombres de Jabalyia, où 25 personnes de plus ont encore été tuées à l’aube, mercredi 14 mai. Voilà la réalité de Gaza : Israël bombarde, les Etats-Unis regardent ailleurs et la communauté internationale, inaudible, s’indigne timide- ment. Ce qui a poussé le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, à briser la solennité molle du Conseil de sécurité en hurlant sa colère : « Je peux vous dire, pour avoir visité moi-même ce qui reste du système de santé de Gaza, que la mort à cette échelle a un son et une odeur qui ne vous quittent pas (…) Nous avons informé ce Conseil en détails sur le mal fait de façon extensive aux civils dont nous sommes témoins chaque jour : mort, blessure, destruction, faim, maladie, torture, autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, déplacements répétés à large échelle (…) Pour les morts et ceux dont les voix sont réduites au silence, de quelles preuves supplémentaires avez-vous besoin ? Allez-vous agir, de façon décisive, pour empê- cher un génocide et assurer le respect du droit humanitaire inter- national, ou direz-vous à la place «nous avons fait tout ce que nous avons pu ? ». Mais pendant que le monde tergiverse, Netanyahu, lui, déroule son plan meurtrier. Il annonce même, sans ciller, une nouvelle intensifica- tion des frappes pour «vaincre le Hamas». Et tant pis si cela implique de bombarder des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés. Car, à ses yeux, chaque enfant tué est… un dommage collatéral. u
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Benguerir, l’épicentre de l’innovation à l’africaine Entretien avec Yassine Laghzioui : Intelligence arti- ficielle, Les ambitions africaines L’Afrique face à l’IA : Entre impératif d’inclusion et ambition technologique Sand to Green : «Maximiser la résilience écologique et économique des plantations» Entretien avec Mary Mureithi : Nyungu Africa, L’innovation au service des femmes
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Entretien avec Dr Mohamed Boiti : Transition énergétique, Entre ambitions affichées et réalités des chiffres 34 DEVELOPPEMENT DURABLE
ECONOMIE
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Tourisme : Quels effets des MRE sur le développe- ment du secteur ? Entretien avec Khalid Kabbadj : Emploi, «La feuille de route ne parie pas sur un secteur unique, mais sur un ensemble cohérent de filières» Entretien avec Amine Mernissi : Marché immobilier, Dynamique prometteuse et risques de surchauffe
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
Ukraine-Russie
Vers un armistice ou une trêve de dupes ?
E nfin un rendez-vous ! Trois ans après l’entrée des premiers chars russes à Kiev, la diplomatie tente une timide percée en Turquie. L’Ukraine et la Russie reprennent en effet langue ce 15 mai à Istanbul. A ce titre, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a multiplié les appels. A Vladimir Poutine d’abord, pour un face-à-face «histo- rique» à Istanbul. A Donald Trump ensuite, qu’il supplie de venir jouer les entremetteurs. Le président américain, lui, tergiverse : son agenda au Moyen-Orient est «chargé», mais «sauver des vies» , dit-il, reste tentant. Par D. William
paix prochaine. Mais tout le monde veut éviter l’enlisement total. Côté ukrainien, un cessez- le-feu de 30 jours est exigé, sans condition. Côté russe, on se méfie de toute trêve, perçue comme une opportunité pour Kiev de rechar- ger ses batteries et ses munitions. Pourtant, derrière l’impasse politique, la fatigue s’ins- talle. L’Ukraine souffre. L’Europe s’inquiète. La Russie, malgré sa posture guerrière, paie aussi le prix humain et économique de cette guerre. Reste l’éléphant dans la salle : Donald Trump. Sa présence pourrait rebattre les cartes. Il se voit en faiseur de paix, mais son tropisme pro- russe fait trembler les Européens. Alors, les pourparlers d’Istanbul seront-ils le début de la fin ? Un tournant historique ? Le début d’un nouveau cycle d’illusions diploma- tiques ? Se résumeront-ils à une suspension du chaos, au mieux, ou à un leurre tactique, au pire ? Il est trop tôt pour trancher. Ce qui est sûr, c’est que les regards sont bra- qués sur la Turquie. Un pays qui rappelle qu’il défend «l’intégrité territoriale de l’Ukraine» , mais ménage ses intérêts énergétiques et commerciaux avec Moscou. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
hausse le ton : Friedrich Merz, nouveau chan- celier allemand, affirme qu’aucune paix ne doit être «dictée» par Moscou. Il promet une fermeté transatlantique que Trump, toujours prompt au rapprochement avec le Kremlin, rend pourtant incertaine. Paris aussi sort les crocs : le chef de la diplo- matie française, Jean-Noël Barrot évoque des sanctions «dévastatrices» contre la Russie, notamment une surtaxe de 500% sur son pétrole. L’Union européenne, de son côté, vient de dégainer un 17 ème paquet de sanc- tions. Mais après 17 tentatives, on se demande bien si les sanctions dissuadent encore Moscou. En réalité, personne ne croit réellement à une
Du côté russe, jusqu’au moment où nous met- tions sous presse, c’était le flou artistique. Le Kremlin a confirmé la venue d’une délégation, mais a gardé le silence sur sa composition. Poutine sera-t-il de la partie ? Nul ne sait. Ce qui est sûr par contre, c’est que Moscou continue de marteler ses exigences maxima- listes : démilitarisation de l’Ukraine, renonce- ment à l’OTAN, reconnaissance des territoires annexés... Un menu que ni Kiev ni ses alliés n’osent goûter. En coulisses, les Européens piétinent. Berlin
En réalité, personne ne croit réellement à une paix prochaine, mais tout le monde veut éviter l’enlisement total.
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
Nezha Hayat nommée par le Roi au service de l'investissement stratégique
Said Jabrani : Un banquier chevronné à la tête de Tamwilcom D iscret, méthodique et résolu- ment ancré dans les rouages de la banque moderne, Said
I l y a des parcours qui des- sinent, en filigrane, l’histoire économique d’un pays. Celui de Nezha Hayat en fait indéniable- ment partie. Nommée à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’Inves- tissement, elle incarne une vision moderne, exigeante et stratégique de la gouvernance financière. Depuis les années 1990, Nezha Hayat a accompagné, pas à pas, la montée en puissance des marchés de capitaux marocains. Revenue au pays en 1993 après un passage
Jabrani incarne cette nouvelle géné- ration de dirigeants financiers for- més à l’école de l’excellence. Sa nomination à la tête de Tamwilcom, actée par le Roi lors du Conseil des ministres du 12 mai 2025, s’inscrit dans une dynamique de continui- té stratégique pour cette institu- tion devenue, sous Hicham Zanati Serghini, un levier central du finan- cement au service de l’économie
dans la finance internationale, elle s’illustre dès ses débuts dans des postes clés au sein de grandes banques internationales opérant au Maroc, à un moment charnière où la Bourse de Casablanca entamait sa métamor- phose. Sa trajectoire est celle d’une pionnière. Première femme à siéger au Directoire d’une banque marocaine en 2007, elle n’a eu cesse de s’imposer dans les hautes sphères de la finance. À travers l’APSB, qu’elle a présidée, et le CFA Maroc, qu’elle a cofondé, elle a œuvré pour des marchés plus ouverts, plus dynamiques et plus inclusifs. C’est en 2016 que sa stature prend une dimension étatique : le Roi Mohammed VI la nomme présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux. À ce poste, elle transforme un simple organe de supervision en une véritable autorité de marché, indépendante, crédible et écoutée à l’international. Son élection à la tête du comité Afrique et Moyen-Orient de l’OICV en 2020 en est une reconnaissance. Avec sa nomination à la tête du Fonds Mohammed VI pour l’Investisse- ment, Nezha Hayat revient au cœur de l’action : cette fois pour mobiliser les grands flux de capitaux au service du développement national à travers le Private Equity. Dans une économie où chaque Dirham d’investissement compte, sa rigueur, son expérience et sa vision seront précieuses. ■
nationale. Ingénieur de formation (diplômé de l’École Centrale de Paris et titulaire d’un master recherche en mécanique, aéronautique et énergie), Said Jabrani fait partie de ces profils hybrides qui combinent rigueur scientifique et flair managérial. C’est en 2006 qu’il débute sa carrière chez Corporate Value Associates, cabinet de conseil où il développe un socle analytique solide. Mais c’est sur le terrain bancaire que sa trajectoire prend son envol. Chez Bank Of Africa d’abord, où il gravite rapidement autour des postes de respon- sabilité : Responsable marketing, puis Directeur de groupe d’agences. Puis à la BMCI, où il passe de la gestion opérationnelle du réseau à sa direction en 2016, avant de prendre en main, en 2020, le Retail Banking et d’intégrer le comité de direction. À chaque étape, Jabrani apporte une vision structurante et orientée client, ce qui lui vaut d’être appelé au siège de BNP Paribas à Paris en 2022 pour piloter le retail bancaire en Afrique. Son retour au Maroc en mars 2023, au sein du Directoire de Crédit du Maroc, sonne comme un recentrage stratégique. À la tête de la Banque commerciale, il renoue avec les dynamiques de marché local et affine sa connaissance des besoins des entreprises marocaines, notamment en matière de financement. Le voilà désormais aux commandes de Tamwilcom, bras armé de l’État pour la garantie, le cofinancement et l’investissement à impact. Une nomination légitime donc, vu son parcours. ■
Amine El Mezouaghi, pour conduire la souveraineté numérique du Maroc
Le numérique n’est plus un luxe, c’est une infras- tructure de souveraineté. Et c’est précisément ce que semble incarner Amine El Mezouaghi, fraî- chement nommé par le Roi à la tête de l’Agence de développement du digital (ADD). Dans un contexte de bascule technologique mondiale, cette nomination sonne comme un signal fort : le Royaume entend accélérer. L’ADD n’est plus un simple organe de coordina- tion. Elle est aujourd’hui au cœur d’un écosys- tème en pleine mutation, chargé de structurer les usages numériques, de renforcer les infras- tructures et de porter une ambition technolo- gique au service des citoyens, des entreprises et de l’Administration. Pour mener cette mission,
« La digitalisation est une nécessité natio- nale », a-t-il affirmé lors de sa prise de fonction, conscient des enjeux d’intelligence artificielle, de cybersécurité, de gestion des données et, sur- tout, de développement des compétences. Pour lui, le numérique est aussi un levier de cohésion sociale, un accélérateur de services publics performants et une opportunité inédite pour la jeunesse et les startups marocaines. La feuille de route est ambitieuse : faire du Maroc un acteur de référence dans la révolution technologique mondiale. Avec à sa tête un diri- geant qui en fait une affaire de souveraineté et d’émancipation, l’ADD semble prête à prendre une nouvelle dimension. ■
Amine El Mezouaghi apporte une vision résolu- ment stratégique, articulée autour d’un triptyque clair : souveraineté, inclusion et compétitivité.
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BOURSE & FINANCES
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P Sur des volumes fournis de 1,5 milliard de dirhams, le marché actions enregistre une semaine positive pour porter ses gains annuels à plus de 20%. Récapitulatif. as de remous cette semaine à la Bourse de Casablanca. Après un mois d’avril animé, le marché a retrouvé un rythme plus posé, mais toujours positif. Le MASI s’offre une hausse de 1,46% sur cinq séances, à 17.765 points, portant sa performance annuelle à 20,25%. Une progression sans éclat, mais régulière. Le calme, parfois, vaut mieux qu’un embal- lement de courte durée. dans le secteur BTP, notamment sur les projets d’infrastructure et les investissements publics. Point Bourse Hebdo Un calme qui rapporte Par Y . Seddik
Evolution de l'indice Masi depuis début mai 2024
Label’Vie n’a pas été en reste, avec 202 millions de dirhams échangés, soit 13,3% du volume global. Même si le titre a moins brillé en termes de performance, sa liquidité témoigne d’un retour d’intérêt marqué, à la veille d’une saison des publications trimes- trielles attendue comme un point de passage obligé pour la suite. Justement, sur le plan macro, les investisseurs soufflent un peu. Le risque d’un choc commercial mondial, agité par les surtaxes de Trump, semble s’être éloigné. Depuis quelques jours, c’est l’hy- pothèse d’un retour au dialogue qui domine, alimentée par les signaux envoyés de part et d’autre. Une rencontre est d’ailleurs prévue ce week-end en Suisse entre repré- sentants chinois et américains. Rien n’est joué, mais les marchés, eux, veulent croire à une désesca- lade durable. Chaque geste en ce sens agit comme un baume sur le moral des investisseurs. Reste que malgré l’envie de croire,
TOP Performances
FLOP Performances
AtlantaSanad Dari Couspate CMGP Group
-6,7%
+24,61% +7,94%
Fenie Brossette Ib Maroc Promopharm S.A
-5,85%
-5,15%
La dynamique haussière s’est faite dans un contexte de marché bien animé. Les volumes hebdo- madaires dépassent les 1,5 mil- liard de dirhams. Preuve que si la volatilité a baissé, l’intérêt des opérateurs reste entier. Parmi les valeurs les plus solli- citées, DeltaHolding s’est nette- ment détachée avec un volume hebdomadaire de 214 millions de dirhams, soit 14,16% des échanges globaux. Le titre a bondi de 9,49% sur la semaine pour inscrire un record absolu à 90 dirhams. Un niveau symbolique, atteint dans un climat porteur pour le groupe industriel, qui pro- fite d’une conjoncture favorable
+6,08 %
les catalyseurs concrets manquent encore. La dynamique actuelle repose sur une forme d’optimisme latent, mais qui aura besoin de faits nouveaux pour se transformer en franchissement de nouveaux sommets. La saison des trimes- triels pourrait offrir ce prétexte, en remettant les fondamentaux au cœur du jeu. À défaut, le marché risque de continuer sur un rythme lent, mais ascendant. Sur le marché obligataire, la séré- nité domine également. Les ren- dements continuent de s’effriter, portés par un Trésor qui se montre peu gourmand. Sur les sept der-
nières séances d’adjudications, les levées sont restées sous la barre du milliard de dirhams. Un signal clair d’un besoin de finan- cement modéré, et d’une certaine discipline dans la gestion de la dette publique. Pour les gérants, c’est une équation simple : des taux en repli laissent plus de place aux actifs risqués, à commencer par les actions. Au final, une semaine sans ten- sion, sans euphorie, mais avec un fil conducteur : la Bourse avance doucement, mais sûrement. Et pour le moment, cela suffit à maintenir la confiance. ◆
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Chèques sans provision Vers une dépénalisation encadrée Le Maroc s'attaque aux chèques impayés : moins de pénal, plus de régularisation, avec le bracelet électronique pour soulager les tribunaux. Cette réforme veut s'aligner sur les pratiques internationales, mais son succès dépendra de l'aide apportée aux entreprises et d'une évolution des habitudes économiques.
ce plancher est encore en dis- cussion, notamment avec Bank Al-Maghrib. S’il permettrait de désengorger les tribunaux des petits litiges, il suscite égale- ment des craintes quant à un potentiel effet d’aubaine pour les mauvais payeurs. Des pistes sont avancées pour en limiter les dérives : mise en place d’un registre des incidents, renforcement de la procédure d’injonction de payer, ou encore sanctions administratives graduées pour les récidivistes. L’idée est de dépénaliser sans affaiblir la responsabilité des débiteurs. Autrement dit, dépénaliser ne doit pas rimer avec dérespon- sabiliser. Pour les PME, souvent vic- times d’impayés et peu outil- lées face à des contentieux civils longs et coûteux, cette réforme ne sera efficace que si elle s’accompagne d’un renforcement concret des juri- dictions civiles : simplification des procédures, digitalisation, renforcement des effectifs et accès facilité aux recours. Sans ces aménagements, le risque est de déplacer la satu- ration du pénal vers un civil déjà engorgé. Au-delà du seul volet judi- ciaire, cette réforme s’inscrit dans un changement de para- digme plus large. Le Maroc entend aligner son droit sur les standards internationaux, où le chèque n’est plus un instrument pénal mais un outil économique, adossé à des mécanismes de scoring, de consultation de données et de régulation préventive. La philosophie de la réforme est donc de rétablir la confiance dans les instruments de paie- ment, sans recourir à l’arme pénale à tout propos. Mais pour qu’un tel changement prenne racine, il faudra aussi transformer les pratiques com- merciales, responsabiliser les émetteurs et renforcer la capa- cité de réaction des créan- ciers. L’État pose le cadre; à la culture économique d’en faire un levier de crédibilité. ◆
Par Y. Seddik
Le Maroc réforme la justice des chèques impayés en dépénalisant certains cas et introduisant
C
des mesures de régularisation.
’
est un virage que beaucoup attendaient, et qui pourrait changer la façon dont la justice traite les impayés au Maroc. Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a présenté les grandes lignes d’un projet de réforme du traitement judi- ciaire des chèques sans pro- vision. Fini, dans certains cas, les peines de prison automa- tiques. L’objectif est double: désengorger les tribunaux et mettre fin à l’usage parfois abusif du droit pénal dans des litiges économiques ou fami- liaux. Premier changement de cap : les incidents de chèques inter- venus entre époux ne relève- ront plus du pénal. Autrement
dit, un chèque sans provision émis dans un cadre conjugal ne pourra plus servir d’arme judiciaire dans les conflits fami- liaux. Ce repositionnement, salué par plusieurs députés, vise à «désenclaver le droit pénal de situations civiles» et à éviter l’emprisonnement pour des litiges où la mauvaise foi n’est pas toujours évidente. Autre mesure forte : le paie- ment du montant dû, assorti d’une amende de 1 à 5% au profit de l’État, entraînera auto- matiquement l’abandon des poursuites, même en cas de mandat d’arrêt ou de détention préventive. Une inversion de logique, qui fait primer la répa- ration sur la répression. Mais l’innovation qui concentre le plus d’attention reste l’in- troduction du bracelet élec- tronique pour les auteurs de chèques impayés. Le débiteur aura un mois pour régulari-
ser sa situation, période durant laquelle il sera placé sous sur- veillance électronique. Une seconde chance d’un mois pourra être accordée par le plaignant, avant qu’éventuelle- ment les poursuites pénales ne soient réactivées. Ce mécanisme vise à huma- niser le traitement des inci- dents de paiement tout en garantissant une traçabilité, notamment en cas de risques de fuite. Pour Ouahbi, c’est aussi une réponse à la surpo- pulation carcérale : un tiers des personnes détenues pour chèques sans provision le sont encore en attente de jugement. Un seuil plancher encore en débat L’autre point sensible de la réforme est le seuil minimal en dessous duquel les poursuites pénales seraient écartées. Fixé entre 10.000 et 20.000 dirhams,
L’innovation qui concentre le plus d’attention reste l’introduction du bracelet électronique pour les auteurs de chèques impayés.
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Chèques impayés Ce qui va changer
F.N.H. : Cette réforme repose en partie sur la promesse d’une jus- tice plus rapide et plus adaptée aux réalités économiques. En pra- tique, pensez-vous que le transfert d’un grand nombre de litiges vers le civil permettra effecti- vement aux entreprises, notamment les PME, de mieux faire valoir leurs créances ? A. B. : Cette réforme vise à moderniser le traitement des incidents de paiement, à désengorger les tribunaux et à renforcer la confiance dans les instruments de paiement. Elle s’inscrit dans une tendance mondiale de dépénalisation des chèques sans provision, tout en tenant compte des spé- cificités du tissu économique marocain. En théorie, le transfert des litiges vers la justice civile peut offrir aux entreprises, notam- ment les PME, un cadre plus adapté et plus efficace pour faire valoir leurs créances, à condition que des réformes structurelles accompagnent ce basculement. Aujourd’hui, les procédures civiles restent souvent lon- gues, complexes et coûteuses, ce qui peut décourager les petites entreprises à engager des actions. Si l’objectif est d’accélérer le règlement des différends, cela suppose un renforcement concret des juri- dictions civiles : simplification des procédures (comme l'in- jonction de payer), digitalisa- tion, renforcement des effectifs et un accès facilité à la justice. Sans ces ajustements, il y a un risque que le transfert ne fasse que déplacer le problème au lieu de le résoudre. Pour que cette réforme tienne ses pro- messes, il faudra veiller à ce que les PME disposent d’outils rapides, accessibles et peu onéreux pour recouvrer leurs créances, sans être désavan- tagées face à des débiteurs mieux armés juridiquement ou financièrement.
Me Aïda Bennani, avocate au Barreau de Casablanca, spécialisée en droit des affaires, décrypte pour Finances News Hebdo les contours et les enjeux de la réforme annoncée du régime des chèques sans provision. Pour l’avocate, cette réforme représente une avancée vers une justice plus adaptée aux réalités économiques, à condition que les garde-fous nécessaires soient mis en place pour éviter les dérives et protéger les créanciers.
Propos recueillis par Y. Seddik
Finances News Hebdo : Le ministère de la Justice a récemment annoncé une réforme visant à dépéna- liser certains incidents de chèques, notamment dans les cas entre époux, et à introduire des méca- nismes de régularisation comme le bracelet élec- tronique. Selon vous, cette approche peut-elle vrai- ment concilier modernisa- tion du droit, désengorge- ment judiciaire et sécurité des transactions ? Aïda Bennani : A titre de rap- pel, le chèque est un titre de paiement à vue, régi par les dispositions du Dahir formant Code des obligations et des contrats (DOC) ainsi que par les articles 239 à 328 du Code de commerce marocain. Il consti- tue un acte unilatéral par lequel une personne, appelée le tireur, donne ordre à un établissement bancaire, le tiré, de payer à vue une somme déterminée à une tierce personne, le bénéficiaire,
ou à son ordre. Le défaut de provision suffisante au moment de la présentation expose le tireur à des sanctions civiles, bancaires et, dans cer- tains cas, pénales (émission de chèque sans provision), confor- mément à la loi n°15-95 formant Code de commerce. Le Maroc s’apprête à réformer en profondeur le régime juri- dique des chèques sans provi- sion, avec une série de mesures visant à alléger la charge pénale, faciliter la régularisation et moderniser l’usage de cet ins- trument de paiement. Les principales nouveautés de la réforme s’articulent autour de quatre changements majeurs (i) la dépénalisation des chèques entre époux : les chèques émis entre conjoints ne seront plus considérés comme des infractions pénales. Ces diffé- rends relèveront désormais du domaine civil, afin d’éviter la criminalisation des affaires fami- liales; (ii) l’abandon des pour- suites en cas de régularisation :
si le montant du chèque impayé est réglé, les poursuites judi- ciaires seront abandonnées, les personnes détenues seront libérées immédiatement et les avis de recherche annulés. Une contribution de 1 à 5% du montant du chèque pourra être exigée en guise d’amende pour l’État; (iii) l’Introduction du bracelet électronique : en cas d’incident de paiement, l’émet- teur du chèque bénéficiera d’un délai d’un mois pour régulariser la situation, durant lequel il sera soumis au port d’un bracelet électronique. Si la dette n’est pas apurée, une seconde période d’un mois pourra être accordée, toujours sous le même dispositif de surveillance; et (iv) le seuil de poursuite pénale en discus- sion : le gouvernement envisage d’introduire un seuil en dessous duquel les poursuites pénales ne seraient pas engagées. Les montants envisagés varient entre 10.000 et 20.000 dirhams, bien que ce point reste à discu- ter avec Bank Al-Maghrib.
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F.N.H. : La suppression des poursuites pénales pour les petits montants (en dessous de 10.000 à 20.000 dirhams, seuil encore à définir) pour- rait soulager les tribunaux, mais créer un angle mort juri- dique. Ce seuil vous semble- t-il pertinent économique- ment ? Et comment éviter un effet d’aubaine pour les mauvais payeurs ? A. B. : La dépénalisation des inci- dents de paiement de chèque de montants inférieurs à 20.000 dirhams pourrait avoir pour effet de créer une zone d’ombre. Pour éviter ces dérives, il serait essentiel de mettre en place des mécanismes de contrôle comme le suivi des récidives, un registre des mauvais payeurs, des procédures civiles ren- forcées (injonction de payer simpli- fiée) ou encore des sanctions admi- nistratives dissuasives. Le succès de cette mesure dépendra donc de l’équilibre entre la dépénalisation et les garde-fous prévus pour préser- ver la sécurité juridique des créan- ciers. F.N.H. : Enfin, cette réforme intervient alors que d'autres outils sont déjà en place pour encadrer le risque lié aux chèques (SCCI, scoring, consultation des données). Peut-on parler d’une refonte globale de la culture du paie- ment au Maroc ? Et quelles en seront, selon vous, les implications pour l’accès au crédit et les relations com- merciales ? A. B. : Oui, cette réforme s’ins- crit clairement dans une dynamique de refonte globale de la culture du paiement au Maroc. En allégeant la réponse pénale face aux inci- dents de paiement mineurs, tout en s’appuyant sur des outils exis- tants comme le Système central des chèques irréguliers (SCCI), les dis- positifs de scoring et la consultation des données, l’objectif semble être de responsabiliser davantage les acteurs économiques et de moder- niser la gestion du risque. Cette approche favorise une logique de transparence et de prévention plu- tôt que de sanction automatique. Ses implications sont importantes:
renforcée dans les outils de régu- lation et un accompagnement des professionnels, afin que cette tran- sition ne fragilise pas les créanciers ni ne décourage la prise de risque économique. Le projet de loi est en phase finale de validation et devrait être adopté prochainement. Il est crucial qu’il soit accompagné d’une série de mesures destinées à assurer l’effi- cacité de ce nouveau régime. ◆
La dépénalisation des incidents de paiement de chèques de montants inférieurs à 20.000 dirhams pourrait avoir pour effet de créer une zone d’ombre.
d’une part, elle pourrait améliorer l’accès au crédit pour les entrepre- neurs en réduisant le poids des inci- dents ponctuels, notamment ceux de faible montant; d’autre part, elle
pousse les relations commerciales vers plus de formalisme, de tra- çabilité et d’évaluation du risque. Toutefois, cela nécessite un chan- gement de mentalité, une confiance
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Réforme du portefeuille public
L’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État trace sa feuille de route
C
réée en 2022, l’ANGSPE veille aux intérêts patrimoniaux de l’Etat actionnaire, gère ses participations et assure le suivi et l’apprécia- tion des performances des établissements et entreprises publics (EEP) de son périmètre. D’emblée, son Directeur général, Abdellatif Zaghnoun, pose les bases : «Il s’agit d’un travail de fond, visant à doter l’État d’un actionnariat rationnel, performant, aligné sur les Orientations Stratégiques de la Politique Actionnariale de l’Etat approuvées lors du Conseil des ministres du 1 er juin 2024, présidé
Lors de l’évènement «Les Nuits de la Finance» organisé mardi 13 mai par Finances News Hebdo, Abdellatif Zaghnoun, Directeur général de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État et de suivi des performances des établissements et entreprises publics (ANGSPE), a dévoilé les fondements de la réforme, les missions, le périmètre et les projets structurants de l’Agence.
Par A. Hlimi
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par Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’Assiste». Et il faut dire qu’en deux ans, cette jeune institu- tion a déjà accompli un travail considérable. Un diagnostic sans concession La réforme s’inscrit dans le cadre des hautes orientations royales prodiguées par le Souverain en 2020, appelant à une refonte profonde du secteur public. Ce dernier souf- frait de nombreux dysfonctionnements : che- vauchement des missions des EEP, manque de synergies entre eux, absence d’une véri- table politique actionnariale de l’Etat… Autant de travers auxquels l’Agence entend remé- dier, en promouvant une gestion dynamique et rigoureuse au sein du secteur public. Des projets structurants Depuis l’opérationnalisation de l’Agence et depuis le lancement de la réforme, plusieurs chantiers structurants ont été officiellement lancés et concrétisés. Au mois de décembre 2024, le Conseil de gouvernement a validé le projet de la Politique actionnariale de l’État, qui compte 5 théma- tiques et 15 axes. Autre jalon symbolique : la consolidation des comptes de l’Etat actionnaire selon les normes IFRS, initiée en 2024. «C’est un chantier titanesque, indispensable pour don- ner une image fidèle sur l’actif et le passif des EEP, leur situation financière et leurs résultats» , explique le Directeur général de l’ANGSPE. Ce chantier, aujourd’hui clôturé, a permis de consolider les comptes de l’Etat actionnaire des exercices 2022 et 2023, don- nant lieu à une présentation des comptes consolidés. «Et nous sommes actuellement en train de travailler sur la consolidation de l’exercice 2024» , a précisé Zaghnoun. Autres priorités de l’Agence, la promotion des bonnes pratiques de gouvernance et la mise en place d’un dispositif de pilotage de la performance. L’objectif, selon Zaghnoun, est de doter les EEP de Conseils d’adminis- tration efficaces, capables de challenger le management et leur business plan. L’Agence siège, depuis son opérationnalisation, dans l’ensemble des conseils des EEP relevant de son périmètre, ainsi que dans les comi- tés spécialisés (audit et risques, stratégie et investissement, nominations, rémunérations et gouvernance, etc.). Elle a contribué à l’alignement de la composition des organes délibérants aux bonnes pratiques, à travers, entre autres, l’introduction des administra- teurs et membres indépendants sur la base de critères de compétence, de diversité, d’expérience, d’indépendance… Elle a aussi lancé un vaste programme de formation pour les administrateurs. Abdellatif Zaghnoun a également souligné que l’Agence œuvre pour l’instauration d’une culture de la per-
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par la Charte d'investissement, de pousser le privé à être impli- qué davantage dans l'investis- sement des grands projets et de parvenir à une proportion de deux tiers d'investissement privé à l'horizon 2035 contre un tiers aujourd'hui. Il s’agit principalement des secteurs où l’Etat n’est plus en mesure de créer de la valeur et où le privé est prêt à prendre le relais et dispose des moyens financiers et des compétences nécessaires pour le faire. L’Agence plaide pour une meilleure articulation entre les moyens de l’État et les capa- cités du secteur privé, notam- ment pour financer des projets d’envergure. Zaghnoun a insisté sur le fait qu’avant tout, le recours aux acteurs privés se décide en fonction de la place que l’État souhaite occuper dans chaque secteur économique, en parti- culier dans les secteurs liés à la souveraineté nationale dans les- quels l’Etat doit maintenir sa pré- sence et jouer un rôle prépondé- rant pour préserver les intérêts stratégiques du Royaume. Enfin, Zaghnoun a mentionné que le portefeuille de l’Agence est très diversifié, multi-métiers, multicultures, avec des mis- sions stratégiques. La mise en œuvre de ses chantiers n'est pas une tâche facile. C'est pour cela que l’Agence privilégie une démarche participative et concertée, basée sur la trans- parence, la confiance et un dia- logue efficace entre l’ensemble des parties prenantes. ◆
formance. «Cette performance passe par une contractualisation entre l’Etat et les EEP et entre les organes délibérants et le mana- gement» , a-t-il précisé. Autre levier d’intervention : l’ac- compagnement par l’Agence des projets d’investissements/ désinvestissements des EEP, à travers notamment l’émission d’avis et des requêtes ponc- tuelles concernant lesdits EEP. A ce titre, plus de 90 demandes d’EEP ont été traitées en lien notamment avec la prise de par- ticipation et la création de filiales. L’Agence a lancé plusieurs études sectorielles majeures, notamment l’étude sur le Pôle financier public et l’étude pour la structuration stratégique et la mise en place du Pôle audiovi- suel public. L’objectif étant de clarifier les prérogatives, éviter les redondances et renforcer la complémentarité des interven- tions des différents acteurs. Exemple parlant : la constitution du pôle audiovisuel public est en cours à travers le rattachement à la SNRT de MEDI1TV, Radio Medi1 et SOREAD-2M. «Les transferts de MEDI1TV et Radio Medi1 ont été finalisés. Celui de la SOREAD-2M est en cours», fait savoir Zaghnoun. Parallèlement, l’Agence accom- pagne certains EEP comme l’ONCF, l’ONDA ou ADM dans l’élaboration des schémas de financement de leurs projets d’investissement, et ce à travers
des structurations innovantes (émissions obligataires, titrisa- tion…), à coûts optimisés, et qui minimisent le recours au Budget général de l’Etat et à la garan- tie de l’Etat. A titre d’exemple, l’Agence a accompagné l’ONCF pour sécuriser le financement de l’extension de la ligne LGV de Kénitra à Marrakech pour un montant total estimé à 48 mil- liards de dirhams. Au même titre, elle a accompagné l’ONDA pour son programme de modernisa- tion et d’extension des infras- tructures aéroportuaires pour un montant de 25 milliards de dirhams et l’ADM dans le cadre de son programme d’investis- sement à l’horizon 2032 pour un montant de 14,5 milliards de dirhams. Le marché des capitaux figure parmi les priorités affirmées de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État pour financer et accélé- rer les restructurations des EEP. Interrogé sur ce point lors de la conférence, Abdellatif Zaghnoun a tenu à souligner l’importance de cette source alternative de financement pour les EEP, dans un contexte de raréfaction des ressources budgétaires et de forte exposition de l’État à l’en- dettement. «Le potentiel du mar- ché des capitaux est immense, mais encore largement sous- exploité par les entreprises publiques. Il est temps de le mobiliser à sa juste valeur» , a-t-il
affirmé. C’est dans cette optique que l’Agence a signé une convention stratégique avec l’Autorité maro- caine du marché des capitaux (AMMC), visant à faciliter l’accès des EEP aux marchés des capi- taux à travers des mécanismes innovants et adaptés. En réponse à une question sur la possibilité de recourir à la Bourse de Casablanca dans le cadre de l’ouverture du capital de certaines filiales ou participa- tions, Zaghnoun a rappelé que la 3 ème orientation stratégique vise à faire du secteur des EEP un pilier pour la dynamisation de l’investissement privé. Dans ce sens, il sera question de faire des deux piliers public-privé le moteur de développement éco- nomique et social de notre pays, d'inscrire justement cette action dans l'objectif fixé par l'État et
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Avec la participation de
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Private Equity «Une dynamique notable»
le cadre du FM6I, appuyés par CDG Invest et Tamwilcom, ren- forcera cette dynamique. En matière de désinvestisse- ments et de rendement, le recul reste insuffisant pour tirer des conclusions fermes. Aucun fonds n’a encore été liquidé pour permettre le calcul d’un TRI consolidé pour les investis- seurs, et peu de sorties signi- ficatives ont été enregistrées à ce jour. Cela dit, certaines participations présentent un TRI potentiel estimé entre 25% et 50%, même si, comme dans toute activité à risque, des pertes sont également à prévoir. F.N.H. : Quelles mesures devraient être mises en œuvre pour que le Maroc devienne un leader en Afrique dans le domaine du capital-risque ? Tarik Haddi/Farid Benlafdil : Pour faire émerger un capital- risque fort, il faut avant tout des startups solides. Aujourd’hui, les montants investis dans les startups marocaines restent modestes par rapport à d’autres pays africains. Ce n’est pas tant un problème d’offre de capi- taux que de qualité des projets. Avec seulement 380 startups technologiques recensées, le vivier est trop limité pour espé- rer produire un volume suffisant de gazelles, et encore moins de licornes. Il est donc impératif d’agir en amont pour renforcer le sys- tème national d’innovation. Cela passe par un système éducatif qui encourage l’auto- nomie, la créativité, la collabo- ration et l’esprit d’initiative dès le plus jeune âge. Le système universitaire et scientifique, lui, doit soutenir des innovations disruptives capables d'intéres- ser un marché mondial, afin de dépasser la contrainte d’un marché domestique restreint. Des politiques industrielles ciblées sont également néces- saires, notamment dans les secteurs stratégiques que sont le Big Data, l’IA, la Fintech, l’AgriTech, la CleanTech ou encore l’industrie 4.0. Ces poli-
Tarik Haddi, président du Directoire de Azur Innovation Fund et vice-président de l'Association marocaine du capital investissement (AMIC), nous parle, en compagnie de Farid Benlafdil, fondateur de la banque d'affaires indépendante Wise Company, de l'essor du capital-risque au Maroc.
Propos recueillis par A. Hlimi
Tarik Haddi
Farid Benlafdil
près de 500 startups ont été accompagnées à ce jour par le programme Innov Invest, tan- dis que l’Agence de développe- ment du digital (ADD) recense actuellement 380 startups tech- nologiques actives. En parallèle, l’offre s’est consi- dérablement étoffée. On compte aujourd’hui une dizaine de fonds actifs sur le marché marocain, contre seulement deux ou trois il y a huit ans. Les structures issues du programme Innov Invest mobilisent à elles seules près d’un milliard de dirhams. À cela s’ajoutent de nouvelles initiatives telles que Al Mada Venture, 212 Founders (porté par CDG Invest), ou encore UM6P Ventures. L’intérêt des inves- tisseurs internationaux s’est également renforcé, comme en témoigne l’engouement suscité par des évènements comme Gitex Africa. En termes de résultats, les mon- tants investis en capital amor- çage et risque par les sociétés
de gestion membres de l’AMIC s’élevaient à fin 2023 à 943 mil- lions de dirhams, répartis sur 121 opérations. En 2024, les startups marocaines ont levé 70 millions de dollars, selon le rapport Africa : The Big Deal, contre 17 millions en 2023. Ce bond spectaculaire intervient dans un contexte continental de recul des levées de fonds (-25%), ce qui permet au Maroc de se hisser à la 5ème position à l’échelle africaine. Les perspectives pour 2025 sont encourageantes. La matu- ration de l’écosystème devrait entraîner une augmentation de la taille moyenne des levées, et l’internationalisation crois- sante des startups et des fonds marocains constitue un levier important. S’ajoutent les effets attendus de la stratégie Digital Morocco 2030, qui vise l’émer- gence de dix «gazelles» d’ici 2026, et de une à deux licornes à l’horizon 2030. Enfin, le lance- ment de nouveaux fonds dans
Finances News Hebdo : Quelle est votre évaluation du secteur du capital-risque au Maroc, notamment en termes de levées de fonds, d'investissements, de désinvestissements et de rendement ? Tarik Haddi : Le secteur du capital-risque au Maroc connaît aujourd’hui une dynamique notable, portée en grande par- tie par la stratégie Innov Invest de Tamwilcom. Cette stratégie se traduit à la fois au niveau de la demande et de l’offre. Côté demande, on observe un renforcement du deal flow grâce à un tissu de structures d’accompagnement de plus en plus spécialisées par stade de développement, et de plus en plus expérimentées. Ainsi,
On compte aujourd’hui une dizaine de fonds actifs sur le marché marocain, contre seulement deux ou trois il y a huit ans.
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