FNH N° 1196

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025

Private Equity «Une dynamique notable»

le cadre du FM6I, appuyés par CDG Invest et Tamwilcom, ren- forcera cette dynamique. En matière de désinvestisse- ments et de rendement, le recul reste insuffisant pour tirer des conclusions fermes. Aucun fonds n’a encore été liquidé pour permettre le calcul d’un TRI consolidé pour les investis- seurs, et peu de sorties signi- ficatives ont été enregistrées à ce jour. Cela dit, certaines participations présentent un TRI potentiel estimé entre 25% et 50%, même si, comme dans toute activité à risque, des pertes sont également à prévoir. F.N.H. : Quelles mesures devraient être mises en œuvre pour que le Maroc devienne un leader en Afrique dans le domaine du capital-risque ? Tarik Haddi/Farid Benlafdil : Pour faire émerger un capital- risque fort, il faut avant tout des startups solides. Aujourd’hui, les montants investis dans les startups marocaines restent modestes par rapport à d’autres pays africains. Ce n’est pas tant un problème d’offre de capi- taux que de qualité des projets. Avec seulement 380 startups technologiques recensées, le vivier est trop limité pour espé- rer produire un volume suffisant de gazelles, et encore moins de licornes. Il est donc impératif d’agir en amont pour renforcer le sys- tème national d’innovation. Cela passe par un système éducatif qui encourage l’auto- nomie, la créativité, la collabo- ration et l’esprit d’initiative dès le plus jeune âge. Le système universitaire et scientifique, lui, doit soutenir des innovations disruptives capables d'intéres- ser un marché mondial, afin de dépasser la contrainte d’un marché domestique restreint. Des politiques industrielles ciblées sont également néces- saires, notamment dans les secteurs stratégiques que sont le Big Data, l’IA, la Fintech, l’AgriTech, la CleanTech ou encore l’industrie 4.0. Ces poli-

Tarik Haddi, président du Directoire de Azur Innovation Fund et vice-président de l'Association marocaine du capital investissement (AMIC), nous parle, en compagnie de Farid Benlafdil, fondateur de la banque d'affaires indépendante Wise Company, de l'essor du capital-risque au Maroc.

Propos recueillis par A. Hlimi

 Tarik Haddi

 Farid Benlafdil

près de 500 startups ont été accompagnées à ce jour par le programme Innov Invest, tan- dis que l’Agence de développe- ment du digital (ADD) recense actuellement 380 startups tech- nologiques actives. En parallèle, l’offre s’est consi- dérablement étoffée. On compte aujourd’hui une dizaine de fonds actifs sur le marché marocain, contre seulement deux ou trois il y a huit ans. Les structures issues du programme Innov Invest mobilisent à elles seules près d’un milliard de dirhams. À cela s’ajoutent de nouvelles initiatives telles que Al Mada Venture, 212 Founders (porté par CDG Invest), ou encore UM6P Ventures. L’intérêt des inves- tisseurs internationaux s’est également renforcé, comme en témoigne l’engouement suscité par des évènements comme Gitex Africa. En termes de résultats, les mon- tants investis en capital amor- çage et risque par les sociétés

de gestion membres de l’AMIC s’élevaient à fin 2023 à 943 mil- lions de dirhams, répartis sur 121 opérations. En 2024, les startups marocaines ont levé 70 millions de dollars, selon le rapport Africa : The Big Deal, contre 17 millions en 2023. Ce bond spectaculaire intervient dans un contexte continental de recul des levées de fonds (-25%), ce qui permet au Maroc de se hisser à la 5ème position à l’échelle africaine. Les perspectives pour 2025 sont encourageantes. La matu- ration de l’écosystème devrait entraîner une augmentation de la taille moyenne des levées, et l’internationalisation crois- sante des startups et des fonds marocains constitue un levier important. S’ajoutent les effets attendus de la stratégie Digital Morocco 2030, qui vise l’émer- gence de dix «gazelles» d’ici 2026, et de une à deux licornes à l’horizon 2030. Enfin, le lance- ment de nouveaux fonds dans

Finances News Hebdo : Quelle est votre évaluation du secteur du capital-risque au Maroc, notamment en termes de levées de fonds, d'investissements, de désinvestissements et de rendement ? Tarik Haddi : Le secteur du capital-risque au Maroc connaît aujourd’hui une dynamique notable, portée en grande par- tie par la stratégie Innov Invest de Tamwilcom. Cette stratégie se traduit à la fois au niveau de la demande et de l’offre. Côté demande, on observe un renforcement du deal flow grâce à un tissu de structures d’accompagnement de plus en plus spécialisées par stade de développement, et de plus en plus expérimentées. Ainsi,

On compte aujourd’hui une dizaine de fonds actifs sur le marché marocain, contre seulement deux ou trois il y a huit ans.

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