ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
Par ailleurs, les entreprises tour- nées vers l’export bénéficieront de primes à l’insertion pouvant atteindre 30.000 dirhams par recrutement, à condition d’inté- grer des jeunes formés dans les CMC ou via des dispositifs de reconversion. Cette mesure vise à conjuguer compétitivité écono- mique et impact social, en inté- grant ces profils dans des chaînes de valeur à fort potentiel. Enfin, des conventions de branche sont en cours de finalisation avec les fédérations de l’automobile, du textile et de l’agro-industrie, afin de former et insérer 150.000 jeunes d’ici 2027, sans exigence de diplôme académique. L’enjeu est de replacer la compétence pratique et l’expérience au cœur des critères de recrutement. Mais cette dynamique ne peut reposer uniquement sur la volon- té individuelle. Elle suppose une mobilisation collective, structu- rée autour de mécanismes inci- tatifs ciblés, inspirés de modèles européens performants, comme en Allemagne, en Suède ou aux Pays-Bas. À ce titre, plusieurs leviers concrets sont déployés, comme des primes à l’embauche et exo- nérations sociales pour les entre- prises accueillant des jeunes sans qualification; des aides à la formation interne, suivant le modèle «Dual Training System» germanique; ainsi que des dis- positifs d’accompagnement RH coordonnés par Maroc PME et l’Anapec, pour sécuriser les pro- cessus d’intégration, notamment dans les TPME régionales. Un projet de label «Entreprise inclusive» est également à l’étude. Il viserait à valoriser les employeurs engagés dans l’in- clusion de profils non diplômés, leur offrant une reconnaissance dans les appels d’offres publics et auprès des partenaires institu- tionnels. Ces dispositifs visent à recon- naître une intelligence pragma- tique, longtemps restée en marge, mais essentielle à la vitalité éco- nomique. Cette reconnaissance passe aussi par l’intégration des parcours non linéaires dans la commande
La feuille de route 2025- 2027 place l’inclusion des jeunes au cœur du modèle économique.
tenance industrielle, logistique, numérique…, autant de segments en pleine expansion, qui offrent des débouchés concrets pour les jeunes formés. La plateforme Tanger Med skills center en est un exemple emblé- matique : elle forme chaque année plus de 3.000 jeunes à ces métiers d’appui, illustrant la convergence entre stratégie industrielle et inclusion professionnelle. À côté des grandes filières indus- trielles, des dispositifs spécifiques visent également à accompagner les jeunes entrepreneurs et créa- teurs, notamment via des plate- formes numériques d’export, des hubs de formation digitale et des soutiens à l’e-commerce. Cette stratégie s’appuie aussi sur une régionalisation active du déve- loppement exportateur, avec la volonté de renforcer les écosys- tèmes industriels dans les zones périurbaines et rurales. Cette approche territorialisée contribue à créer de l’emploi de proximité et à réduire les fractures régionales. Parallèlement, des parcours pro- fessionnalisants liés à l’export sont développés, inspirés des modèles nordiques, avec immer- sion en entreprise dès les pre- miers mois et des formats courts,
qualifiants et adaptés. L’objectif est de permettre aux jeunes, même sans formation initialement longue, d’intégrer des filières à fort potentiel. Enfin, l’entrepreneuriat exporta- teur fait l’objet d’un accompagne- ment renforcé, coordonné notam- ment par l’AMDIE et Maroc PME, avec un accès facilité au finance- ment, à l’appui technique, et à la mise en réseau avec des marchés internationaux. Plus qu’un moteur économique, l’exportation devient aussi un levier d’émancipation, en permettant à de nombreux jeunes de se projeter au-delà de leurs horizons initiaux, d’oser, d’entre- prendre et de bâtir une trajectoire qui dépasse les frontières. F.N.H. : Quels secteurs ou filières ont été identifiés comme moteurs pour la création d’emplois dans les prochaines années ? Kh. K. : La feuille de route ne parie pas sur un secteur unique, mais sur un ensemble cohérent de filières à fort potentiel, capables de répondre à la fois aux défis économiques et aux aspirations de la jeunesse. L’automobile demeure un pilier avec 220.000 emplois directs déjà créés et une projection à 300.000 d’ici 2030. L’industrie combine chaînes de montage, composants électroniques, ingénierie et inno- vation. Ce modèle, inspiré des approches scandinaves, valorise l’apprentissage par la pratique,
publique. Ainsi, les entreprises qui valorisent l’inclusion bénéfi- cieront de points supplémentaires dans les marchés publics, selon une logique d’achats socialement responsables. Au-delà des inci- tations financières, c’est aussi une nouvelle culture du recrute- ment qui s’installe, où l’expertise acquise sur le terrain est pleine- ment valorisée et où l’entreprise devient un espace d’apprentis- sage et de reconnaissance. Ce n’est pas une faveur, mais un pari économique lucide. F.N.H. : La feuille de route 2025-2027 vise à faire du commerce extérieur un levier de croissance et d’emploi. Quelles retom- bées concrètes peut-on en attendre notamment pour les jeunes ? Kh. K. : L’exportation ne doit plus se réduire à des indicateurs macroéconomiques. Elle est appelée à devenir un moteur actif de création d’emplois durables. Cette ambition passe par l’élargis- sement des écosystèmes indus- triels intégrés, conçus pour attirer les investissements et générer des milliers de postes qualifiés. Le secteur automobile à lui seul devrait créer plus de 45.000 emplois directs d’ici 2027, selon les projections du ministère de l’Industrie. Mais au-delà des chaînes de production, ce sont les services connexes à l’export qui montent en puissance : main-
Près de 70% des jeunes au chômage ne possèdent pas de diplôme de l’enseignement supérieur, et cette réalité structurelle a été pleinement intégrée dans la nouvelle stratégie nationale pour l’emploi.
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