ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
prennent le pas sur les logiques de diplôme. En amont, l’orientation scolaire sera progressivement rénovée, avec l’introduction de modules sur les métiers d’avenir, l’entre- preneuriat et les compétences numériques dès le collège. Ce changement vise à décloisonner les parcours, et à offrir aux jeunes des perspectives concrètes dès le plus jeune âge. Le statut des auto-entrepreneurs fera aussi l’objet d’une moder- nisation, avec un appui renforcé à leur formalisation, à l’accès au financement et aux marchés publics. En parallèle, un chantier législatif est lancé pour recon- naître les compétences acquises par l’expérience, notamment pour les travailleurs informels ou issus de trajectoires non linéaires. Par ailleurs, plusieurs réformes s’inspirent des systèmes les plus performants en Europe du Nord, à savoir modernisation de la forma- tion professionnelle avec des par- cours en alternance plus acces- sibles; renforcement des partena- riats public-privé pour connecter les jeunes aux entreprises; dis- positifs d’accompagnement glo- bal de l’orientation à l’insertion centrés sur les besoins réels du marché. La promotion de l’entrepreneuriat figure aussi parmi les priorités. Des programmes dédiés permet- tront aux jeunes porteurs de pro- jets de bénéficier d’un accom- pagnement stratégique, d’incu- bateurs et d’un accès facilité au financement, pour créer leur propre activité dans des filières émergentes. Avec cette feuille de route, le Maroc dépasse le constat, il bâtit un modèle d’employabilité fondé sur la compétence, la mobilité sociale et la dignité par le travail. Une ambition résolument tournée vers l’inclusion et l’avenir. La digitalisation du marché du travail permettra également de fluidifier l’accès aux opportunités, notamment à travers une plate- forme nationale d’emploi facili- tant la rencontre directe entre talents et employeurs, sans inter- médiaires ni barrières administra- tives inutiles. ◆
Le dispositif «Tahfiz» prévoit une exonération des cotisations sociales pendant 24 mois pour toute embauche durable.
de recruter, elles forment, accom- pagnent, valorisent les parcours atypiques, et ouvrent la voie à une économie où chaque talent trouve sa juste place. C’est dans l’équilibre entre inno- vation technologique, relocalisa- tion industrielle et valorisation des savoir-faire que se dessinent les emplois de demain. F.N.H. : Au-delà des actions à court terme, quelles réformes structurelles sont envisagées pour améliorer durablement l’employabili- té, en particulier celle des jeunes ? Kh. K. : Le Royaume engage une refonte en profondeur de ses leviers de formation, d’orientation et de reconnaissance des compé- tences. La gouvernance de la for- mation professionnelle évoluera vers un modèle plus agile, inté- grant pleinement les entreprises dans la définition des contenus pédagogiques. L’objectif est de rapprocher l’offre de formation des réalités économiques, et flui- difier les passerelles vers l’emploi. L’employabilité des jeunes ne peut plus reposer sur une vision rigide et dépassée. Elle devient un champ d’innovation, où l’audace et les compétences concrètes
innovation, durabilité et accessi- bilité pour les jeunes grâce à des formations qualifiantes courtes, en alternance. Loin de se limiter à la production, l’industrie manufacturière adopte une nouvelle dynamique. Ainsi, chaque usine devient un labo- ratoire, chaque chaîne de mon- tage une opportunité d’innova- tion technologique au service de l’emploi. Le virage digital est également au cœur de la stratégie. En effet, les services IT externalisés gagnent du terrain dans les villes inter- médiaires, offrant des débou- chés dans le cloud, le support, la cybersécurité ou le dévelop- pement. Des formations accélé- rées, notamment en coding ou en cybersécurité, permettent à de nombreux jeunes de s’insé- rer rapidement, y compris sans diplôme universitaire classique. L’artisanat haut de gamme, quant à lui, conjugue tradition et inno- vation. Il offre des emplois valo- risant les savoir-faire dans des domaines comme la maroqui- nerie, la bijouterie ou l’ameuble- ment, avec une forte orientation vers les marchés étrangers. Des secteurs comme le bâti- ment évoluent aussi vers plus de durabilité, autour de projets de smart cities et d’infrastructures écoresponsables. Le BTP devient un champ d’innovation urbaine, créateur d’emplois qualifiés et porteurs de sens. Ces filières ne se contentent pas
avec des formations courtes, pro- fessionnalisantes et largement ouvertes aux jeunes non diplô- més. L’aéronautique, en pleine expan- sion, génère une demande sou- tenue en techniciens spécialisés dans l’usinage, la maintenance (MRO) ou l’assemblage. Avec une croissance de 20% par an en valeur exportée, ce secteur mise sur des profils opération- nels formés via des certificats de spécialisation ou des parcours modulaires. L’agroalimentaire, pilier de l’éco- nomie territoriale, se développe sur l’ensemble du pays à travers les industries de transformation. Il permet une insertion rapide dans les métiers de la production, de la logistique ou du contrôle qualité. Il s’impose aussi comme un levier de modernisation des filières rurales, notamment dans les régions à fort potentiel agri- cole. Le textile technique et écores- ponsable se réinvente (tapisserie, cuir, bois, matériaux biosourcés). Ces filières, souvent délaissées, retrouvent une attractivité grâce au compagnonnage, aux CMC et à la demande croissante pour des produits traçables, durables et de qualité. Les énergies renouvelables, la chimie verte et les matériaux avancés ouvrent de nouveaux gisements d’emplois dans l’ins- tallation, la maintenance et l’ingé- nierie locale. Ces secteurs allient
Les Cités des métiers et des compétences deviendront des hubs de compétences de proximité, adaptés aux spécificités locales du tissu productif.
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