FNH N° 1196

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025

Marché immobilier Dynamique prometteuse et risques de surchauffe

deçà des attentes. Les profession- nels de l’immobilier arguent que la rentabilité n’est pas au rendez- vous et que l’équation est quasi- impossible en ce qui concerne le produit à moins de 300.000 DH. Et ce, en raison des coûts, notam- ment du foncier et des intrants qui hypothétiquent l’investissement. Aujourd’hui, pour améliorer le pro- cessus, et surtout pour qu’il puisse ne pas nourrir de la frustration tant chez les citoyens qui «veulent acheter mais ne trouvent pas» que chez les promoteurs «qui veulent construire mais ne peuvent pas», il faudrait analyser et débattre objectivement des facteurs qui empêchent le programme d’être efficient et ne pas hésiter à prendre les mesures idoines, pour à la fois respecter les intérêts de l’Etat, qui est à l’origine de ce Programme, et la volonté des promoteurs immo- biliers, qui désirent y adhérer sans perdre de l’argent ! F.N.H. : Le locatif figure parmi les solutions qui per- mettent d’augmenter l’offre de logement. Quel est votre avis sur ce marché ? A. M. : Le locatif est une niche en vogue. Tout le monde s’y met ! C’est aussi un signe de santé du marché que d’avoir une catégorie d’investisseurs qui s’y intéressent tant au niveau de la production que de l’exploitation. C’est en réa- lité tout un écosystème qui est impacté et qui s’ancre progressi- vement dans une forme de profes- sionnalisme du secteur. Cela va du promoteur au commercialisateur, jusqu’à l’architecte d’intérieur et au gestionnaire de l’actif. Nous n’en sommes qu’au début de cette dynamique qui est promise à un bel avenir. Attention toutefois à la décorrélation entre les niveaux prix de certains actifs et leur ren- tabilité locative, tant aujourd’hui les prix ont tendance à prendre l’ascenseur… Donc, le locatif oui, mais pas à n’importe quel prix. ◆

Porté par une conjoncture économique plus favorable et une dynamique nationale tournée vers l’horizon 2030, le secteur immobilier montre des signes encourageants, sans être exempt de défis. Amine Mernissi, expert du secteur, décrypte les tendances actuelles, les effets du Programme d’aide directe au logement et les enjeux autour du locatif.

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Plusieurs indicateurs laissent présager une conjoncture économique favorable. Pourrait-il y avoir un effet sur l’immobilier pour l’année en cours ? Amine Mernissi : En effet, une dynamique économique positive ne peut avoir qu’un impact ver- tueux sur le secteur immobilier dans son ensemble. Si la trans- versalité socioéconomique de ce dernier n’est plus à démontrer, il reste néanmoins sensible aussi bien à la conjoncture qu’aux orien- tations étatiques structurelles. Par conséquent, il faut rester attentif à sa santé et continuer à suivre de près ces évolutions. Il est clair qu’aujourd’hui nous sommes sur une tendance favorable, portée notamment par cet horizon 2030 qui est sur toutes les lèvres, à savoir l’organisation du Mondial. Cependant, il faudrait mettre en garde contre une surchauffe, sou- vent due à un effet d’anticipation qui nourrit un phénomène spécu- latif, et par voie de conséquence une hausse des prix des actifs immobiliers principalement dans les grandes villes et celles qui vont abriter le Mondial.

F.N.H. : Outre le résiden- tiel, comment se présente l’évolution des autres seg- ments ? A. M. : L’immobilier, ce n’est pas que le résidentiel, on a parfois ten- dance à l’oublier. Les autres seg- ments comme l’immobilier com- mercial, professionnel, logistique, touristique… sont également por- tés par ce vent d’optimisme. Le Maroc de 2025 est un Maroc qui construit tous azimuts. Mise à niveau urbaine, grands chantiers de l’Etat, programmes d’infras- tructures à grande échelle, tous les moyens sont mis pour accé- lérer, renforcer et moderniser les moyens et les capacités de notre pays à horizon 2030, et même bien au-delà. Il est clair que dans cette dyna- mique, le résidentiel est impacté positivement, mais également les autres segments de l’immobilier qui constituent des véhicules d’investissement et des éléments favorisant la croissance écono- mique. Il y a un effet d’entraî- nement mutuel pour le bénéfice général du secteur.

F.N.H. : Comment jugez- vous le modèle de soutien proposé actuellement par l’Etat pour soutenir l’acqui- sition de logements ? A. M. : C’est un modèle ambi- tieux que celui que l’Etat a mis en place à travers le Programme d’aide directe au logement (PADL). Depuis le 1 er janvier 2024 à aujourd’hui, ce sont près de 128.000 demandes qui ont été formulées à travers la plateforme daamsakane et quelque 30.000 bénéficiaires qui ont pu concréti- ser l’acte d’achat. Le succès de ce programme se mesure aussi à tra- vers le taux de conversion entre la demande et la concrétisation. A ce niveau, il y a encore des progrès à réaliser… F.N.H. : Quels sont les points sur lesquels il faut capitali- ser pour l’améliorer ? A. M. : La demande est là, main- tenant il s’agit d’y répondre. Et y répondre, c’est rendre le pro- duit demandé disponible. Peut- être faut-il s’interroger à ce stade aussi, pourquoi est-il encore en

Le succès de PADL se mesure aussi à travers le taux de conversion entre la demande et la concrétisation.

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