HIGH-TECH
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025
tion du service - bien au contraire. L'IA peut extraire en une seconde toutes les informations sur l'histo- rique de la relation client à partir d'un simple numéro de téléphone, ce qu'un humain ne peut pas faire à la même vitesse. F. N. H. : L'IA est souvent perçue comme un levier d'optimisation. Au Maroc, observe-t-on une réelle volonté stratégique des banques d'intégrer l'IA en profondeur, ou reste-t-on encore dans des logiques d'expérimentation ? M. M. : C'est une question assez complexe car il existe différentes relations à l'IA au sein d'une même organisation. Très clairement, une catégorie de profils - souvent les directions métier ou les directions géné- rales - cherche surtout à utiliser l'IA comme levier d'optimisation, ce qui est parfaitement compré- hensible. À l'opposé, les directions informa- tiques ou les directions data ont tendance à adopter une approche visant à créer des actifs IA réutili- sables et partageables au sein de toute l'entreprise. Ils ont généra- lement une vision plus long terme et sont prêts à tester le potentiel de l'IA, même sans garantie de gains immédiats. Au Maroc actuellement, la ten- dance qui l'emporte est peut-être davantage celle de la recherche d'optimisation. Nous pensons toutefois que l'expérimentation au sein des entreprises est extrê- mement importante. Il ne faut pas oublier que l'IA est également un sujet d'innovation, et qu'il est essentiel de laisser les équipes expérimenter dès lors qu'on est capable de capitaliser sur leurs découvertes. C'est d'ailleurs un des éléments sur lesquels nous intervenons : aider à prioriser des cas d'usage qui permettent aux directions informatiques de tester des fonc- tionnalités avancées d'IA tout en offrant un ROI intéressant pour les directions métiers. C'est en trouvant cet équilibre qu'on pour- ra véritablement ancrer l'IA dans la stratégie des banques maro- caines. ◆
Les dépenses du secteur bancaire en matière d'IA et d'IA générative ont été estimées à 31,3 Mds de dollars américains en 2024, contre 20,64 Mds de dollars américains en 2023.
manuscrit, et d'en extraire les informations de manière extrê- mement précise. L'utilisation d'applications KYC intelligentes, capables d'analyser des volumes significatifs de documentation très variée et d'en extraire les informations clés, est devenue un cas d'usage majeur. Dans le secteur de l'Asset mana- gement, ce cas d'usage prend des formes différentes, avec des acteurs qui créent des appli- cations pour analyser notam- ment des prospectus ou autres documents d'investissement. L'analyse documentaire augmen- tée par IA est probablement le cas d'usage qui a démontré le ROI le plus intéressant et qui est le plus largement déployé aujourd'hui. À l'inverse, un cas d'usage qui peine encore à s'imposer est celui des callbots. Les nouveaux modèles génératifs sont capables de générer du contenu textuel très pertinent. En les couplant avec des technologies comme le speech-to-text, on peut les faire interagir directement avec des humains. Concrètement, lorsque vous décrochez le téléphone, votre voix est convertie en texte, envoyée à un modèle génératif qui produit une réponse textuelle, puis cette réponse est transfor- mée en parole par un système text-to-speech. Le résultat ? Des callbots très
Pour la conduite du changement, nous nous reposons beaucoup sur des «ambassadeurs IA» internes. Nous savons que nos missions chez les clients sont à durée limitée, et comme l'IA évo- lue très rapidement, il est crucial d'avoir des relais qui feront vivre cette transformation en interne après notre départ. Ces ambas- sadeurs sont généralement des experts métiers avec une forte appétence pour l'IA, capables de maintenir la dynamique de trans- formation. C'est vraiment une des clés du succès de nos pro- grammes de déploiement. F. N. H. : Quels sont, selon vous, les cas d'usage de l'IA les plus porteurs actuellement dans le sec- teur financier marocain, et ceux qui peinent encore à s'imposer ? M. M. : Le KYC (Know Your Customer) est certainement un des cas d'usage les plus por- teurs. Depuis novembre 2022, les nouveaux modèles génératifs ont aussi renforcé des capacités d'IA traditionnelle comme l'analyse d'images, ce qui impacte forte- ment le KYC. Aujourd'hui, nous travaillons avec des modèles capables d'analy- ser des documents de formats complètement différents, qu'ils contiennent du texte imprimé ou
impressionnants dont certaines entreprises ont commencé à faire des démonstrations convain- cantes. Ces assistants télépho- niques augmentés par IA ont une connaissance complète de l'historique de votre relation avec l'entreprise, répondent à toutes vos questions de manière fluide, vous permettent de leur couper la parole ou même de demander à être mis en relation avec un conseiller humain à tout moment. Pourtant, ce cas d'usage peine à s'imposer malgré son potentiel. Nous n'avons connaissance que de deux acteurs qui l'ont déployé avec succès et qui en mesurent les gains. Comparé au niveau de maturité de la technologie, c'est un cas qui tarde clairement à s'imposer dans le milieu bancaire. Nous sommes convaincus que demain, toutes les grandes banques disposeront de systèmes d'assistance téléphonique acces- sibles 24/7 avec une IA répondant immédiatement et capable de rediriger vers un humain si néces- saire. Contrairement à ce que certains craignent, ces systèmes n'entraîneront pas une dégrada-
Pour l’IA générative dans le monde bancaire, l’adoption est nettement plus lente. [...] On est encore en phase de test.
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