FNH N° 1196

DEVELOPPEMENT DURABLE

35

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 15 MAI 2025

L ’Institut marocain de nor- malisation (Imanor) vient de lancer un dispositif national de vérification des bilans d’émissions de gaz à effet de serre. Ce mécanisme, conforme à la norme ISO 14064, permet aux entreprises et administrations de faire certifier la fiabilité de leurs données carbone. Chaque mission aboutit à un rapport détaillé et à un avis circonstancié, renforçant la crédibilité des déclarations envi- ronnementales. Imanor propose national de vérification Bilan carbone :

ting en 2022, il a attiré 2,1 mil- liards d'euros d'investissements dans les énergies renouvelables, selon l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nou- velles (IRESEN). F. N. H. : Quelles pistes de solutions préconisez-vous pour diriger réellement le Royaume vers une transi- tion juste et mesurable ? Dr M. B. : Pour transformer les ambitions en réalités mesurables, plusieurs leviers restent à acti- ver. Premièrement, l’intégration systématique de critères d'effi- cacité énergétique et d'émissions carbone dans les appels d'offres publics. Ensuite, élaborer une politique d’incitations fiscales pour les entreprises adoptant des solutions bas-carbone. De plus, il est impératif de se fixer des objectifs contraignants de réduc- tion d'émissions par secteur. Et enfin, de disposer de méca- nismes de financement dédiés à la décarbonation des PME. Car dans son état actuel, la transition énergétique marocaine semble souffrir de deux visions antago- nistes qui l’animent et la minent: d’une part, celle favorable à la sécurité d’approvisionnement par le biais d’infrastructures d’origine fossile renforcées; et d’autre part, celle souhaitant une décarbona- tion profonde de l’économie. De ce fait, il apparaît que les données publiées par le ministère semblent moins vouloir s’apparenter à une stratégie cohérente que la juxta- position de projets épars et sans vision intégrée. Pour que le Maroc parvienne effectivement à mener à bien sa transition énergétique, il ne peut plus faire l’économie d’une plus grande transparence sur les impacts climat des infrastructures programmées, ni d’une plus fine articulation entre les différents cadres réglementaires. Les effets d’entrainement n’en seront que plus fructueux. Car «la transition doit être un bien commun, pas un business» . Une maxime que les autorités gagneraient à méditer au moment de planifier l'avenir énergétique du pays. ◆

Le Maroc met en place un système

pérenniser sur le long terme des structures de verrouillage. L’analyse comparative entre la loi 67-15 sur les hydrocarbures et le Plan national climat 2030 (PNC) met ainsi en évidence des enjeux divergents et même contradic- toires : d’un côté, la loi place au premier plan la sécurité énergé- tique et la stabilité du marché des hydrocarbures; de l’autre, la poli- tique, c’est-à-dire le PNC, place en première ligne la lutte contre le changement climatique, la tran- sition bas-carbone et l’efficacité énergétique. En outre, la loi ne mentionne nulle part la nécessité de tenir compte des impacts climatiques ni de la conformité avec les engage- ments internationaux du Maroc, lors de la conception et de la mise en œuvre des grands chantiers structurants du pays. Elle ne pré- voit, à aucun moment, des méca- nismes légaux ou réglementaires pour encourager la réduction de l’empreinte carbone des activités qu’elle régule. Et, comble de flou, elle ne fait aucune distinction entre les hydrocarbures conventionnels et les hydrocarbures «alternatifs» moins polluants comme les bio- carburants. Une révision de la loi 67-15 serait donc judicieuse pour intégrer au moins quelques dis- positions climatiques explicites de nature à renforcer la compati- bilité avec le PNC 2030. Cette révision permettrait aussi d’attirer des investisseurs interna- tionaux devenus de plus en plus exigeants en matière de politique climat. Ces derniers cherchent des pays transparents, où la réali- té carbone est mesurée et amélio- rée. Le Maroc l'a d'ailleurs expé- rimenté positivement : après avoir revu sa méthodologie de repor- Une révision de la loi 67-15 serait judicieuse pour intégrer au moins quelques dispositions climatiques explicites de nature à renforcer la compatibilité avec le PNC 2030.

aussi des recommandations pour améliorer les pratiques, dans un souci de conformité aux standards internationaux et aux exigences des chaînes de valeur mondiales. ◆

Un financement international scelle le projet Dessalement à Casablanca

L e chantier de la future station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca franchit une étape clé avec la fina- lisation de son montage financier. La société Al Baidaa Desalination Company (ADEC), en charge du projet, a bouclé un financement de 5,2 milliards de dirhams en «Project finance», mobilisant des acteurs marocains et internationaux. Le dispositif repose sur un prêt struc- turant de 3,2 milliards de dirhams apporté par le Fonds espagnol FIEM et Société Générale France, avec la garantie de l’agence espagnole CESCE. Trois banques marocaines, dont Attijariwafa bank, BCP et Bank of Africa, complètent l’enveloppe avec 1,8 milliard de dirhams. Avec une capacité finale de 300 mil- lions de m³ par an, la station sera la

plus grande d’Afrique. Elle fournira 250 millions de m³ d’eau potable à plus de 7,5 millions de personnes dans les régions de Casablanca, Settat et Berrechid, et 50 millions de m³ à l’agriculture à Sidi Rahal. Alimentée en énergie renouvelable par un parc éolien de 360 MW à Bir Anzarane, elle s’inscrit dans la stra- tégie verte du Maroc. Le projet, implanté à 40 km au sud de Casablanca sur 50 hectares, est porté par un consortium hispano- marocain réunissant Acciona Agua et Green of Africa (Akwa Group & O Capital). Les travaux, lancés en avril 2024, avancent selon le calendrier. La mise en service est prévue en deux phases : fin 2026, puis 2028, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec l’ONEE, pour une exploitation sur 30 ans. ◆

Avec la participation de

Made with FlippingBook flipbook maker