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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 31 MARS 2023
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Inflation Mon manuel de survie… ou pas
pragmatiques, en essayant de prendre le taureau par les cornes. Si vous êtes entrepreneur, sachez que vous êtes dans l’obligation d’avoir un taux de rendement au moins égal à l’inflation. Mais avec 10% d’inflation, je vous souhaite bonne chance, à moins que vous ne soyez le futur Steve Jobs. Par conséquent, votre mission sera de réduire la casse au maximum, en augmentant le plus possible votre taux de rendement. Cela peut passer par le fait de se délester des activités les moins rentables pour vous concentrer sur vos marchés les moins saturés et les plus rentables. Ça peut aussi passer par une stratégie de niches, en faisant preuve d’agilité et de flexibilité. Ou encore par une stratégie «Océan Bleu», à travers un schéma d’innovation perma- nente. Bref, vous avez com- pris : débrouillez-vous comme vous voulez, mais votre taux de rendement ne doit aucune- ment stagner ou baisser. Si vous êtes salariés, vous n’avez pas trente-six choix. Vous êtes dans l’obligation de repenser la structure de vos dépenses. Certaines sont rigides et incompressibles (loyer, facture énergétique, crédit...). D’autres sont plus élastiques. Mais bonne nouvelle : sur les dépenses incompressibles, vous êtes en quelque sorte gagnant. Prenons par exemple le loyer. La loi marocaine autorise le propriétaire à augmenter le prix du loyer de 8% tous les 3 ans. Or, si une inflation autour de 8-10% par an venait à s'inscrire dans la durée, c’est
le locataire qui est gagnant. Car nominalement, il paye- ra plus au bout de 3 ans, mais en termes réels, cette somme aura perdu 26% (infla- tion cumulée) de sa valeur, autrement dit de son pouvoir d’achat. Donc même si vous payez plus cher nominale- ment; réellement, la valeur de votre loyer a diminué de 26% - 8% = 18%. Il en va de même pour vos traites de crédit. De même, si vous avez contracté un crédit avant cette période inflationniste, soit à une époque où les taux affi- chés par les banques étaient de 4% environ, vous êtes éga- lement gagnant, et c’est la banque qui perd sur ce coup, car le taux réel, soit taux de crédit nominal moins l’infla- tion, est dans ce cas négatif : 4% - 8% = -4%. Mais vous me direz : «c ela me fait une belle jambe de l’ap- prendre, car mon problème, c’est de pouvoir joindre les deux bouts à la fin du mois ». C’’est là que les dépenses élastiques interviennent. Par là, j’entends toutes les dépenses non vitales, soit les dépenses de loisirs ou de confort. Ainsi, oubliez les sorties heb- domadaires au resto, et redé- couvrez les vertus des plats faits maison. Ça fera du bien autant à votre porte-monnaie qu’à votre estomac. Les gas- trologues et nutritionnistes ne vont pas me contredire. Mais cette inflation étant désormais principalement alimentaire, plus de 20%, ça sera quand même compliqué de concoc- ter des plats économiques. Il faudra donc nécessairement changer de stratégie alimen- taire à travers des arbitrages, en faisant par ricochet jouer le jeu de l’offre et de la demande.
Si le prix de la tomate est exor- bitant, oubliez la Harira et faites de la Bissara par exemple.
traverser ce tourbillon, sans y laisser trop de plumes ? Première étape, devenir lucide en arrêtant de cares- ser le doux rêve de lende- mains qui chantent. Car l’inflation actuelle n’est pas conjoncturelle, puisque l’on est rentré, et ce à l’échelle mondiale, dans un cycle infla- tionniste dont la durée de vie se compte en décennies. Et à moins d’un effondrement total du système financier mondial, ce qui n’est pas à exclure, je ne vois pas comment on pour- rait s’extirper de ce marasme économique. Quant à ceux qui s’attendent à une baisse des prix, j’envie leur optimisme. Car quand bien même nous aurions en 2024 une inflation de seulement 2%, ça demeure toujours 2% par rapport à des prix qui intègrent les 10% de hausse de l’année précédente. De même, une baisse généra- lisée des prix n’est possible que dans un schéma de défla- tion, qui est Ô combien plus dangereux et problématique que l’inflation. Nous voilà désormais lucides, tâchons maintenant d’être
N ous y voilà : le gouvernement a fini par admettre, à contrecœur, l’inefficacité des mesures entreprises contre l’inflation et ne sait plus par quel bout prendre ce fléau. Sur un autre registre, Bank Al-Maghrib continue de se battre contre des moulins à vent, à travers des hausses autant mystérieuses qu’ineffi- caces du taux directeur. Seul Ahmed Lahlimi, le haut- commissaire au Plan, fait preuve de lucidité implacable. Une denrée rare en ces temps de crise. Car oui, comme le rappelle Lahlimi, ça fait un bon bout de temps que l’inflation n’est plus énergétique, mais structurelle. Elle est désor- mais l’expression de plusieurs réformes non abouties, mal réalisées ou ratées, avec en haut du podium le «Plan Maroc Vert». Mais ce n’est pas là l’objet de notre chronique. La vraie question est : est- ce qu’un citoyen lambda peut Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d’Archè Consulting
A moins d’un effondrement total du sys- tème finan- cier mondial, ce qui n’est pas à exclure, je ne vois pas comment on pourrait s’extirper de ce marasme économique.
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