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BOURSE & FINANCES
JEUDI 12 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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que ces pressions inflationnistes disparaitront d’elles-mêmes d’ici 12 à 18 mois. Ensuite - contraire- ment aux US -, on n’observe pas en Europe une forte pression à la hausse sur les salaires, qui pourrait expliquer en bonne partie l’infla- tion. Du coup, la BCE a longtemps promu un durcissement progres- sif, plus modéré que celui observé aux Etats-Unis. Mais la forte infla- tion observée (7,5%) - associée probablement aux agissements de la FED - pousse la BCE à réagir plus rapidement. Désormais, les marchés financiers attendent ses premières décisions dès le mois de juillet plutôt qu’en décembre. Au programme, une hausse du taux directeur, une hausse du taux de rémunération des dépôts (qui devrait passer du territoire négatif à -0,5% progressivement en territoire positif), la fin des achats d’actifs financiers, puis quelques mois plus tard, viendra une politique de ces- sion des titres pour réduire la taille du bilan. Enfin, la Banque du Japon va à l’encontre des autres Banques cen- trales des économies avancées. Elle explique que sa conjoncture n’est pas suffisamment robuste pour se permettre un durcissement de la politique monétaire. De plus, l’inflation n’est qu’à +0,9%, donc pas d’urgence. La Banque du Japon garde son taux de rémunération des dépôts en territoire négatif, et vise un taux de 0,25% sur les obli- gations à 10 ans. Seul problème : le Yen baisse naturellement puisque la Banque du Japon desserre, alors que les autres Banques centrales resserrent. Le Yen a plongé vers un plus bas de 20 ans (à l’opposé du Dollar). Certes, cela aide les nom- breuses entreprises exportatrices, mais la forte volatilité observée sur le taux de change commence tout de même à compliquer la tâche de certaines d’entre elles. Au Maroc, l’inflation prévue par le FMI sur les dernières prévisions d’avril annonce une trajectoire en cloche : 1,4% en 2021, 4,4% en 2022, puis 2,3% en 2023. Le crédit bancaire poursuit sa croissance à un rythme modéré : +3,5% pour les prêts aux ménages en année glissante sur le mois de mars, et
+4,7% pour les sociétés non finan- cières. Cela pousse à penser que les pressions inflationnistes sont passagères, pourvu qu’elles ne ralentissent pas la demande plus que prévu. Nous avons déjà divisé par trois la prévision de croissance pour cette année, passant de 3% à 1,1%. Le renchérissement du Dollar aura un impact sur notre fac-
ture énergétique libellée dans cette monnaie, et sera en partie compen- sé par les ventes de phosphates libellées également en Dollar. Mais le principal sujet aujourd’hui n’est pas monétaire : il s’agit plutôt de réussir la saison estivale, notam- ment avec l’opération Marhaba 2022. Tout doit être fait pour assu- rer une saison estivale record, pour
un secteur qui a beaucoup souffert lors des deux dernières années, et qui demeure un pivot pour l’écono- mie nationale. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez- le sur www.fassal.net.
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