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CULTURE
JEUDI 12 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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EN BREF
l’aidera à écrire le poème qui, 800 ans plus tard, lui sauvera la vie), est parfaitement conforme à la vision défendue par le fes- tival. Il est une œuvre et non un produit, personnelle, exemplaire, et qui vogue sur un thème de prédilection du FICAM : « l’ouver- ture sur le monde ». Or, cela ne constituait en aucun cas son seul mérite; les bons films se bouscu- laient au portillon et l’on a passé allègrement d’une agréable sur- prise à une autre, enchanteresse. Selon la formule d’untel, et bien qu’ Archipel (Canada) de Félix Dufour-Laperrière exhale un par- fum d’amertume, il est vivifiant par la « poésie qui s’en dégage ». Les voisins de mes voisins sont mes voisins est l’autre film qui a épaté les entichés du ciné- ma d’animation. Troublant dans leurs manières de manipuler les codes, ce film, signé par les Français Léo Marchand & Anne- Laure Daffis, dépeint les des- tins entremêlés de dix voisins, (in)capables de résister aux hasards (dé)favorables de la vie quotidienne. Noir… et très drôle. La chance sourit à Madame Nikuko , du Japonais Ayumu Watanabe, ce récit d’une femme indépendante qui s’installe dans un petit village de pêcheur, dans le vain espoir d’y vivre avec sa fille, Kikurin, a conquis les obser- vateurs. Les critiques ne sont pas les moins enthousiastes. On retient particulièrement le « parallèle métaphorique » entre Nikuko et Kikurin; la « justesse »
avec laquelle Watanabe, dont c’est le deuxième long métrage, explore les marges de la société japonaise; « la portée dénoncia- trice »... Pour nous, ce film, bien que fort rythmé et où l’on trouve une indéniable tendresse ainsi qu’un humour noir intempestif, relève de la pure contemplation - fascinée ou solidaire. La traversée (France, République tchèque et Allemagne), ce long- métrage en peinture animée, est, quant à lui, époustouflant. Un film remarquable sous le signe de l’adieu à l’enfance et la peur du futur. Évitant l’écueil de la complaisance, la réalisa- trice Florence Miailhe met ici en scène, dans un geste pictural d’une allègre mélancolie, ce qui a formé son imaginaire. La concurrence était rude. Beaucoup ont préféré Le sommet des dieux (France, Luxembourg) de Patrick Imbert et Ma famille afghane de Michael Pavlatova, aux films cités auparavant par exemple. Et les arguments étaient tout autant imparables ! Les œuvres sont des petites merveilles, jamais si proches du conte que quand l’histoire flirte avec la réalité la plus brute, quand une poésie sans phrase nourrit un témoignage impla- cable sur les (dé)plaisirs humains. ( Résultats sont à retrouver sur www.fnh.ma ). ◆ *Cette édition qui s’est déroulée jusqu’au 11 mai à Meknès, se poursuivra jusqu’au 15 mai dans 11 autres villes marocaines grâce au FICAM Maroc
1 er Forum des métiers du film d’animation
au Maroc
Les 6, 7 et 8 mai s’est tenu le 1 er Forum des métiers du film d’animation au Maroc. Dans le dessein d’ouvrir de nouvelles perspectives pour le dévelop- pement de l’animation dans le Royaume, Al Oula et 2M ont mis sur orbite des appels d’offres pour la production des premières séries d’animation marocaines. Histoire de dynamiser ce secteur prometteur et générateur d’emplois. Le FICAM accompagne ainsi cette dynamique en lançant ce forum qui rassemble des studios d’animation ainsi que l’Institut national des beaux-arts de Tétouan et l’Ecole des beaux-arts de Casablanca. C’est dans cette perspective que les deux studios marocains Never Seen et Lorem ont présenté, dans le cadre de L’avenir en images, leurs parcours, leurs expériences ainsi que des épisodes des séries produites par les deux chaînes marocaines. Une première pour le FICAM et son équipe qui œuvrent, depuis plus de deux décennies, pour la valorisation des pro- fessionnels du film d’animation au Maroc. ◆
3 réalisateurs, 3 rencontres, 3 Making of
Ayumu Watanabe, Florence Miailh et Gilles Cuvelier nous ont fait part de leur travail de fourmi, le temps d’une rencontre, en revenant sur les secrets de fabri- cation de l’animation. Watanabe, qui fait partie de l’élite japonaise et mondiale du film d’animation, s’est évertué à aborder différents points (la dimension poétique et mystique de ses œuvres; son style très fidèle aux dessins du manga) et bien d’autres (distribution, doublage, BO). Florence Miailh a, quant à elle, essayé de partager son expérience de plasti- cienne et de cinéaste : qu’est-ce qui l’a amenée à l’animation ? Comment passer de courts-métrages très artisanaux à un long-métrage comme La traversée ? Comment penser l’écriture d’un film en y intégrant un processus général de créa- tion à travers les jeux avec la matière, la notion de rythme, l’approche documen- taire…? Concernant Gilles, il a développé l’évolution de son travail au sein du studio Train-Train et comment ce dernier navigue, depuis quelques années, entre courts et longs-métrages. Il a notamment expliqué comment des partenariats ont pu naître et de quelle manière son studio concilie le travail d’auteur et celui de la commande. ◆
«Grand Méchant Renard», version darija
La version en darija du «Grand Méchant Renard», assurée par Artcoustic, stu- dio d’animation marocain sur une initiative de l’Institut français du Maroc, a été présentée, en avant-première, sur la place administrative en présence de Driss,
Mehdi et Nab, qui ont prêté leurs voix aux personnages du film. * Didier Brunner est le producteur du «Grand Méchant Renard». ◆
Lors de la soirée d’ouverture, le Grand Prix Aïcha de l’animation 2022 a été décerné à Kenza El Hamzaoui et Chaimaa Lahnech, jeunes lauréates de l’Ins- titut national des beaux-arts de Tétouan, pour leur projet de court-métrage Irréversible. Elles sont ainsi les deux premières femmes à remporter ce prix depuis sa création en 2005. Cette récompense permettra à l’une d’elles de béné- ficier d’une résidence de création à l’Abbaye de Fontevraud en France, en parte- nariat avec la Nef Animation (Nouvelles écritures pour le film d’animation) au mois d’octobre prochain. ◆ Grand Prix Aïcha de l’animation Le FICAM, c’est aussi des projections scolaires et des formations. 150 étudiants d’écoles publiques marocaines d’art et de cinéma ont été accueillis cette année pour prendre part aux différents ateliers du festival. ◆ Autres friandises ?!
Cette éditiona renduhommage à certainsmaîtres dudoublage, qui assurent depuis 1990 le doublage des voix françaises de Marge et Homer dans les Simpsons, véritable phénomène de la pop culture à l’échelle planétaire : Philippe Peythieu et Véronique Augereau. Ces deux comédiens ont également donné uneMaster Class excep- tionnelle autour de l’art du doublage, pendant lequel, le couple a gratifié le public du festival d’un doublage en direct, dans le cadre des Thés à lamenthe avec…, «rendez-vous convivial qui est devenu, au fil des éditions, l’un des moments incontournables du festival», apprend-on. Etoiles : Un hommage leur a été rendu
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