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CULTURE
JEUDI 12 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ Michel Ocelot, venu présenter en exclusivité à Meknès des images de son prochain long-métrage «Le pharaon, le sauvage et la princesse»; le réalisateur luxembourgeois Carlo Vogele qui a présenté, en séance événement, son premier long-métrage d’anima- tion «Icare», et Florence Miailhe, qui participe à la compétition du long-métrage avec son film, «La traversée», réalisé entièrement en peinture sur verre directement sous la caméra, ont bien voulu nous accorder un moment, à la cafétéria de l’IF, pour décliner les dédales de l’animation. Quelques incontournables du FICAM
F.N.H. : Animation et dessin sont-ils connexes ? Michel Ocelot : Ah oui ! Oui, oui, oui, ouiii !! Ceci dit, il existe une autre caté- gorie d’animation : la 3D numérique où les modeleurs sont guidés par du des- sin. Il y a, maintenant, plus de marion- nettistes que de dessinateurs. C’est très différent et d’une certaine manière moins gai ! Aujourd’hui, l'animation n’est plus de l'animation, mais plutôt du théâtre de marionnettes. Florence Miailhe : Pour beaucoup, le film d'animation, c’est forcément du dessin animé. Or, c’est plus large que ça ! C’est très très ouvert : on y trouve des films aussi bien avec des objets que des personnages réels qui sont animés différemment; des films avec des marionnettes, des poupées, etc. Moi, je m’y évertue par exemple avec de la peinture animée. Oui, c’est plus proche du dessin que les marionnettes. Il existe d’énormes champs en anima- tion. Carlo Vogele : Oui ! C’est vrai qu’«Icare» a été fait en 3D - tous les personnages ont été modélisés -, mais honnêtement, j’ai appris l'animation moyennant le dessin avant de passer à la 3D et la stop motion. Pour moi, c’est pareil ! C’est juste que je ne dessine pas aussi bien et je n’arrive pas à trouver des gens qui dessinent très très bien; parce qu’au Luxembourg, le dessin n’est pas
Propos recueillis par R. K. H.
Michel Ocelot
Finances News Hebdo : L’animation vous permet-elle d’aller jusqu’au bout des choses ? Michel Ocelot : L’animation me permet d’abord d'être très libre : je fais ce que je veux et je dessine ce que je veux. C’est une énorme puissance par rapport à la vie réelle. L'animation fait un peu tomber les défenses. Les gens ne se méfient pas trop d’elle. Et mine de rien on peut leur dire plein de choses sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Florence Miailhe : Le cinéma d’anima- tion permet de faire les choses suggérées et, en même temps, qui n’en sont pas moins édulcorées. Je traite des thèmes qui sont assez difficiles, par exemple, et le cinéma d’animation me permet d’en parler à tous les publics. Avec l’anima- tion, on est dans des choses plus méta- phoriques et cela fait appel à des images qui sont presque communes à tout le monde. Carlo Vogele : Pendant mes années d’études, je faisais du théâtre en expéri- mentant les marionnettes et les masques. Or, je n’ai jamais été intéressé par la scène… Chemin faisant, je me suis dit : ce qui est bien avec l’animation, c’est que tu peux exprimer des choses; donner vie, grâce au dessin ou à la stop motion, à des personnages imaginaires..
la spécialité. Il y a beaucoup plus de gens qui sont bons en 3D… Je suis très à l’aise en 3D. F.N.H. : Certains rangent le ciné- ma d'animation sous l’étiquette «Pour enfants !». Michel Ocelot : Alors ça, c’est une petite malédiction qui nous poursuit depuis que le grand triomphateur Walt Disney eut l’idée de faire un long métrage en animation. Il l’a réussi à telle enseigne qu’il eut un succès phénomé- nal chez les enfants et les familles. De là, le public n'a jamais imaginé qu’on pouvait faire autre chose. C’est pour- quoi on a du mal à sortir de cette sorte de condamnation. Il y a, en effet, des gens qui créent des films d'animation pour les enfants. Ce qui est une mau- vaise action, je dirai. Il faut faire des films pour «les êtres humains intelli- gents», tout court. Dans mon cas, je n’ai jamais fait de films pour enfants; par contre cela ne me gêne pas que mon travail soit aimé par eux. Florence Miailhe : Cela fait longtemps que nous essayons (autant les réalisa- teurs que les gens qui font les festivals) de montrer que l'animation n’est pas que pour les enfants, et qu’effective-
Il y a main- tenant plus de marion- nettistes que de dessina- teurs. C’est très différent et d’une cer- taine manière moins gai !
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