FNH N° 1160

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 18 juillet 2024 - 8 DH - N° 1160

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Quelles réponses face au déficit hydrique ? Campagne agricole 2024-2025

P. 20 à 22

Benkhadra détaille les grands chantiers de l’ONHYM STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE ● Dans cette interview exclusive, Amina Benkhadra, Directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines, nous dévoile les ambitions et les stratégies de l'Office, ainsi qu'un aperçu exhaustif des projets phares en cours dans les secteurs des hydrocarbures et des mines.

P. 14 à 19

Croissance

Quel impact sur les crédits bancaires ? Baisse du taux directeur

«L’une de nos priorités aujourd’hui devrait être la gestion de la sécheresse»

P. 24 à 27

P. 9 à 11

 Entretien avec Said Tahiri, expert économiste et en tourisme

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 18 JUILLET 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

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ACTUALITÉ

L'UNIVERS DES TPME

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

Voyons voir : Tebboune pour un second mandat, Une prévisibilité cynique Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde Ça se passe en Afrique

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Entretien avec Mohamed Smani : R&D Maroc : «Le Fonds Innov Invest est l’initiative la plus adaptée aux besoins actuels des startups»

L La saga Samir

e Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a rendu son ver- dict concernant l’affaire Samir : une indemnisation de 150 millions de dollars a été accordée à Corral Holding au lieu des 2,7 milliards réclamés. Ce verdict met en lumière non seulement les failles de la gestion privée, mais également l'intégrité du processus judiciaire international face aux demandes

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32 ONCF : Un bilan carbone sur les rails 32 DEVELOPPEMENT DURABLE

Point Bourse Hebdo : Retour sur les sommets annuels Taux directeur : Après la baisse, quelles perspectives pour les investisseurs ? Entretien avec Khalid Doumou : Baisse du taux directeur, quel impact sur les crédits bancaires ? Maroc Telecom : Une valorisation sous-estimée et BOURSE & FINANCES

exorbitantes. Rappelons les faits : l’entreprise Samir, naguère pilier de l’économie marocaine, s’est vue paralysée et entraînée dans une spirale de dettes sous la direction de Corral Morocco Holding, propriété de l’homme d’affaires saoudo-éthiopien Mohammed Al Amoudi. Cette gestion a mené à la cessation des activités de la raffinerie en 2015, entraînant la perte de milliers d’emplois et un préjudice économique majeur. La demande de compensation astronomique de 2,7 milliards de dollars formulée par Al Amoudi auprès du CIRDI semblait donc, à bien des égards, une tentative désespérée d’obtenir un «golden parachute» après des années de gestion désastreuse. Le Maroc, dans sa défense, a brillamment exposé les efforts continus du gouvernement pour soutenir l'entreprise, malgré les difficultés financières et les défaillances de gestion de Corral. En accordant moins de 6% de la somme réclamée, la décision du CIRDI ne peut être perçue que comme une validation des efforts du Maroc et une réprimande cinglante contre les pratiques d’affaires peu scrupuleuses d’Al Amoudi. Le Royaume va-t-il cependant en rester là ? Selon la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, le Maroc, qui a pris acte de cette décision, étudie toutes les possibilités, y compris le recours en annulation devant le CIRDI. C’est dire que ce chapitre sombre de l’histoire désastreuse de la Samir n’est pas encore définitivement clos. Il le faudrait pourtant, pour passer à autre chose et offrir de nouvelles perspectives à tous ses salariés désabusés. Un nouveau projet serait à l’étude pour don- ner une nouvelle vie au site du raffineur à Mohammédia. Une chose est sûre : l'absence d'un raffineur national, suite à la fermeture de la Samir, laisse le Royaume en position de vulnérabi- lité, dépendant des fluctuations des marchés internationaux pour l'approvisionnement en essence, diesel et autres produits dérivés du pétrole. Et en ces temps de turbulences géopolitiques, la question de la sécurité énergétique reste un sujet de préoccupation majeure. Pour le Maroc, pays dépourvu de ressources pétrolières et grand importateur d’énergie, l’instauration d’une capacité nationale de raffinage représente donc non seulement une démarche straté- gique, mais une impérieuse nécessité. Qui permettra tout au moins de réduire une dépendance qui peut s’avérer coûteuse et risquée, notamment dans le contexte actuel où chaque crise internationale peut perturber l’approvisionnement. La pandémie liée à la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne en sont la preuve. Un raffineur national ne serait donc pas juste un bouclier contre les caprices géopolitiques, mais un puissant levier économique. u

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un potentiel de croissance soutenu Akdital : Une levée de fonds à succès 14 ECONOMIE 13 14

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Entretien : Stratégie énergétique, Benkhadra détaille les grands chantiers de l’ONHYM Campagne agricole 2024-2025 : Quelles réponses face au déficit hydrique ? Campagne 2024/2025 : Une saison agricole compliquée en perspective Industrie : Des perspectives prometteuses à l’horizon Entretien avec Said Tahiri : Croissance, «L’une de nos priorités aujourd’hui devrait être la gestion de la sécheresse et du stress hydrique»

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HIGH-TECH

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Cybermenaces estivales : Ce qu’il faut savoir !

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Artisanat : Trois programmes sur-mesure Marché des carburants : Le Conseil de la concurrence salue les progrès réalisés

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 18 JUILLET 2024

VOYONS VOIR

Tebboune pour un second mandat

Une prévisibilité cynique

tique. Bien au contraire, son mandat a été marqué par une gestion critiquable de crises multiples, notamment économiques et sociales. Ses tentatives pour se démarquer du règne de son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, se sont rapidement dissipées, laissant place à un auto- ritarisme déguisé et une série de promesses non tenues. Le bilan de Tebboune est accablant. Comme nous l’écrivions tout récemment, l'Algérie, sous sa présidence, continue de faire face à des défis économiques gigantesques, une crise sociale sans précédent et une répression croissante des libertés. Les engagements pris semblent être des paroles en l'air, destinées à apaiser un mécontentement populaire grandissant plutôt qu'à engendrer de véritables réformes. Pourtant, ce président restera encore aux manettes de l’Algérie. Car ces élections res- semblent à un rituel vidé de son essence et s'ap- parentent davantage à une validation organisée qu'à un exercice démocratique authentique. Et la décision de Tebboune de se représenter n'est qu'une facette de cette farce électorale. Tant il est vrai que le résultat semble prédéterminé par les manœuvres du pouvoir et les loyautés sécuritaires plutôt que par la volonté populaire. Le renouvellement du mandat de Tebboune serait ainsi une formalité plutôt qu'une véritable élection, une occasion manquée de répondre aux aspirations démocratiques d'une popula- oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série.

tion jeune et de plus en plus désillusionnée.

Maroc – Algérie, un froid permanent Au-delà des frontières algériennes, la candi- dature de Tebboune signifie également la per- sistance d'un froid glacial entre l'Algérie et le Maroc. Les relations entre les deux voisins n'ont cessé de se détériorer sous son administration. Le président sortant et son cercle, loin de cher- cher à apaiser les tensions ou à ouvrir des voies de dialogue, semblent cultiver cette animosité contre le Royaume comme un outil de politique intérieure pour mobiliser autour d'une cause nationaliste. Le dossier du Sahara marocain reste un point d'achoppement majeur, avec un Tebboune qui persiste à soutenir le polisario pour contrarier le Royaume et tenter vainement de remettre en cause sa souveraineté sur ses provinces sahariennes. Cette posture, loin d'être juste une position diplomatique, est utilisée par le régime algérien pour détourner l'attention des problèmes internes du pays et souder le peuple autour d'un ennemi commun, imaginé. Cette stratégie de diversion, cependant, a ses limites. Les problèmes intérieurs de l'Algérie, de la corruption à l'inflation, en passant par le chô- mage des jeunes, ne peuvent être éternellement masqués par des confrontations diplomatiques. Les citoyens algériens, englués dans des diffi- cultés quotidiennes croissantes, sont de moins en moins enclins à accepter la rhétorique de l'ennemi extérieur comme excuse pour l'incom- pétence gouvernementale. Mais pourront-ils changer l’histoire d’une réé- lection programmée ? Pourront-ils infléchir le processus politique instigué par les généraux algériens ? Pas sûr. Pour dire que cette élection présidentielle de 2024 pourrait ne rien changer substantiellement pour le peuple algérien. Tebboune, malgré son bilan désastreux, semble prêt à continuer sur la même voie, sans opposition sérieuse capable de défier son emprise sur le pouvoir. Cette situation laisse peu de place à l'optimisme pour ceux qui espèrent un véritable changement démocratique en Algérie. Pourtant, l'histoire nous enseigne que rien n'est éternel, surtout pas les régimes autoritaires. Le désir de changement, bien que réprimé, reste vivace au sein de la population, en particulier parmi les jeunes. Il reste à voir si ce désir pourra un jour se cristalliser en une force capable de transformer le paysage politique algérien. ◆

L annonce de la candidature d'Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat à la prési- dence de l'Algérie est loin de constituer une surprise. Ce théâtre politique, orchestré avec une précision mécanique et cynique, révèle les failles béantes d'un système politique qui semble tourner en boucle, avec Tebboune comme figure récurrente d'un passé qui ne passe pas. «En réponse aux souhaits de nombreux partis politiques et non politiques, d'organisations et de jeunes, j'annonce mon intention de me pré- senter pour un second mandat, comme le per- met la Constitution, et le peuple algérien aura le dernier mot à ce sujet» , a déclaré le président lors d'un entretien avec la presse. Par D. William ’

Risible avec un peu de recul. Car, en décryptant cette candidature d’un Tebboune qui prétend, en des termes à peine voilés, qu’il a été plébis- cité, il apparaît évident que la scène politique algérienne reste capturée par un cycle de pou- voir autocratique, où le changement est plus une illusion qu'une possibilité tangible. Tebboune, depuis son élection en 2019, n'a jamais véritablement incarné le renouveau poli-

Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle

Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

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ÇA SE PASSE AU MAROC

Grève

Le gouvernement a répondu favorablement aux revendications des étudiants en médecine, selon Miraoui L e gouvernement a satisfait les revendications des étudiants en médecine et pharmacie, rassurant sur les études et stages, selon le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui. Lors de trois questions orales à la Chambre des conseillers, il a souligné que 14 réunions avaient eu lieu jusqu’à février avec les représentants des étudiants, proposant des solutions réalistes. Le 25 juin 2024, des «solu-

Affaire Samir

tions souples» ont été présentées, incluant la durée de formation, les thèses, la formation spécialisée, les indemnités des stagiaires et la situation des résidents. Malgré un consensus avec leurs repré- sentants, les propositions ont été rejetées par l’en- semble des étudiants. Une médiation parlementaire est en cours pour éviter une année blanche. Le gouvernement s’engage à concrétiser les revendi- cations sous la condition de reprise des examens et des cours. Les étudiants suspendus pourront passer leurs examens et des stages hospitaliers seront pro- grammés. Une année de stage rémunéré après six ans d’études est prévue pour améliorer la formation et renforcer le système de santé national. ■

Le CIRDI accorde une indemnité de 150 millions de dollars à Corral Holding L e Centre international pour le règlement des diffé- rends relatifs aux investissements (CIRDI) a rejeté la plupart des demandes de Corral Morocco Holding, ne lui accordant que 150 millions de dollars sur les 2,7 milliards réclamés, a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Selon elle, le Maroc, qui a pris acte de cette décision, étudie toutes les possibilités, y compris le recours en annulation devant le CIRDI. Lors de ce processus devant le CIRDI, le Maroc a défendu sa position en mettant l’accent sur tous les moyens qu’il a mis en œuvre au profit de la Samir, les ressources importantes qu’il a mobilisées ainsi que les démarches entreprises par les pouvoirs publics depuis 2002, pour préserver et développer l’activité de la raffinerie, dont la situation financière n’a jamais pu être redressée par son actionnaire de référence (Corral Morocco Holdings), ajoute-t-elle. «Nous demeurons persuadés que le Maroc a toujours eu une position juste vis-à-vis du groupe Corral», a fait observer la ministre, notant que le Royaume est convaincu d’avoir honoré l’ensemble de ses engagements contractuels à l’égard du principal actionnaire de la raffinerie de Mohammédia. Elle a noté que face aux difficultés financières et de ges- tion chroniques dues aux pratiques du principal action- naire, qui n’a pas honoré ses obligations contractuelles, un redressement de l’entreprise n’a jamais pu être concrétisé. A noter qu’un nouveau projet serait à l’étude pour donner une nouvelle vie au site de la Samir. ■

Maroc

31.481 entreprises créées à fin avril 2024 S elon l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), 31.481 entreprises ont été créées au Maroc durant les quatre premiers mois de 2024, dont 22.856 personnes morales et 8.625 personnes physiques. Le commerce prédomine avec 34,73%, suivi des services divers (19,23%), du BTP et des activités immobilières (18,85%), des transports (8,14%), des industries (7,24%), des hôtels et restau- rants (5,46%), des TIC (2,68%), des activités financières (2,05%) et de l'agriculture et pêche (1,61%). Casablanca- Settat est en tête avec 9.714 entreprises créées, suivie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (4.596) et Marrakech- Safi (3.639). Les SARL AU représentent 65,3% des entre- prises créées, les SARL 34,1%, et les SA 0,2%. ■

17.000 bénéficiaires au 15 juillet

Aide directe au logement :

A u 15 juillet, 17.000 personnes ont bénéficié du programme d'aide directe au logement, dont 44% de femmes et 22% de Marocains résidant à l’étranger (MRE), a déclaré au Parlement le chef du gouvernement. Aziz Akhannouch a précisé que 84.500 demandes ont été déposées sur la plate- forme dédiée. La valeur totale des logements acquis est de 6,3 milliards de dirhams, avec une contribu-

tion de 1,3 milliard de DH de l'État. Par ailleurs, au premier trimestre de l'année, les projets autorisés ont augmenté de 16%, la valeur ajoutée du secteur BTP de 2,5%, les prêts immobiliers de 1,5% et ceux pour les promoteurs immobiliers de 3,8%. Ce programme vise à faciliter l'accès à un logement décent pour les catégories à revenu limité et la classe moyenne, boostant le secteur privé et créant des emplois. ■

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ÇA SE PASSE EN AFRIQUE

Sénégal

Afrique du Sud

La BAD finance 39 opérations d'un coût total d'environ 2,7 Mds de dollars

L'intensité carbone de l’économie est «insoutenable»

Accord avec l'Italie pour financer des projets de développement durable Zambie L a Zambie devrait bénéficier d’un financement de l’Italie, à travers le Fonds mondial pour le développement durable doté de 4,5 milliards d’euros, suite à la signature, à Lusaka, d’un protocole d’accord entre les deux pays. L'accord a été signé par le ministre zambien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mulambo Haimbe, et l'am- bassadeur d'Italie en Zambie, Enrico De Agostini. Il sera mis en œuvre de manière bilatérale, avec la participation du ministère zambien de l'Economie verte et de l'Environnement et du ministère italien de l'Environnement et de l'Energie. ■ L e Zimbabwe a revu à la baisse à 2% ses prévisions de croissance écono- mique pour 2024, contre 3,5% prévus précédemment, en raison d'une sécheresse prolongée provoquée par le phénomène naturel «El Niño», a indiqué le ministère des Finances. La sécheresse avait affecté la production agricole et le pays s'attend à importer 1,4 million de tonnes métriques de céréales, a précisé le ministère, notant que le gouvernement prévoyait que la produc- tion de maïs de base chuterait de 72% au cours de la saison 2024. La même source souligne, toutefois, que la croissance devrait revenir à plus de 5% en 2025. Le Zimbabwe est l'un des pays les plus touchés par la sécheresse en Afrique australe, la pire depuis des décennies. ■ Le Zimbabwe revoit à la baisse à 2% ses prévisions pour 2024 Croissance

E n date du 30 juin 2024, le portefeuille actif de la Banque africaine de développe- ment (BAD) au Sénégal porte sur 39 opérations pour un engagement total de 1.630 milliards de FCFA (environ 2,7 milliards de dollars), a-t-on indiqué de source officielle à Dakar. «La BAD est l'un des par- tenaires les plus impor- tants en termes de coopé- ration financière et avec un portefeuille de 39 projets, pour un volume de finan- cement estimé à 1.630 mil- liards de FCFA, composé de prêts et de dons» , a déclaré le directeur adjoint de l'ordonnancement des dépenses publiques au ministère sénégalais des Finances et du Budget, Alpha Diagne. Yann Ilboudo, chargé du portefeuille de la BAD a, pour sa part, souligné que «30% des projets (financés par la Banque africaine de développement au Sénégal) sont dans le sec- teur des transports, 20% dans l'agriculture, 15% dans le secteur financier et le reste est réparti dans les secteurs de l'énergie, de l'eau et de l'assainis- sement, des technologies de l'information et de la communication». ■

L ’ Afrique du Sud doit faire face à la réalité selon laquelle l’inten- sité carbone de l’économie est «insoutenable», a indiqué, lundi à Tshwane (32 km de Pretoria), le Président Cyril Ramaphosa. «La réalité à laquelle nous devons faire face est que l’intensité carbone de notre économie n’est pas soutenable et que, pendant des décennies, notre dépendance au charbon (…) est devenue source de risques importants», a déclaré Ramaphosa lors d’un symposium sur «La résilience climatique». L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus pollueurs au monde. Le charbon compte pour plus de 80% dans la production d’électricité du pays. «Nous devons adopter une transition gérée vers une économie à faibles émissions de carbone, non seulement pour protéger notre population et notre environnement, mais aussi pour assurer notre résilience et notre crois- sance économiques» , a-t-il suggéré. ■

Le taux d'inflation à 2,8% au premier trimestre 2024 UEMOA

L e taux d'inflation dans la zone de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) était de 2,8% au premier trimestre de l'année 2024, contre 2,3% un trimestre plus tôt. Ce niveau de l'inflation est essentiellement imputable à la hausse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, consécutive à la faible performance de la production céréalière réalisée lors de la campagne agri- cole 2023/2024 dans l'union, a expliqué Adama Coulibaly, président du Conseil des ministres de l'UEMOA à l'ouverture de la 2 ème session ordinaire du Conseil de l'année 2024. L'activité économique à l'UEMOA est restée dynamique au premier trimestre 2024, avec une progression de 5,1% du PIB réel, après une hausse de 4,8% enregistrée le trimestre précédent, a-t-il ajouté. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

L'inflation se rapproche des niveaux espérés États-Unis

Zone Euro L'inflation en baisse à 2,5% en juin

La Cour des comptes tire la sonnette d'alarme Finances publiques en France

L e taux d’inflation annuel de la zone Euro s’est éta- bli à 2,5% en juin dernier, contre 2,6% le mois précédent et 5,5% un an plus tôt, indique l’Of- fice européen des statistiques Eurostat. Dans l’ensemble de l’Union euro- péenne, l’inflation annuelle a atteint 2,6% en juin 2024 contre 2,7% en mai dernier et 6,4% en juin 2023, ajoute Eurostat. Les taux annuels les plus bas

ont été enregistrés en Finlande (0,5%), en Italie (0,9%) et en Lituanie (1%), alors que les taux annuels les plus élevés ont été observés en Belgique (5,4%), en Roumanie (5,3%), en Espagne et en Hongrie (3,6% chacune). Par rapport à mai 2024, l’inflation annuelle a diminué dans dix-sept États membres, est restée stable dans un État et a augmenté dans neuf autres, relève l’office statis- tique. ■

L ’ inflation aux États-Unis semble enfin prendre la bonne direction, après un semestre d'incertitude, alors que l'indice CPI pour le mois de juin a fortement ralenti sur un an, renforçant la confiance des marchés quant à une baisse pro- chaine des taux de la FED. Sur un an, l'indice CPI est retombé à 3% en juin, contre 3,3% en mai, selon les données publiées par le département améri- cain du Travail. Sur un mois, les prix ont même marqué un recul de 0,1%, surprenant les analystes, qui tablaient plutôt sur une légère hausse, selon le consensus publié par MarketWatch. Dans un communiqué, le président américain, Joe Biden, en campagne pour sa réélection face à son prédé- cesseur Donald Trump, s'est aussitôt félicité des «progrès significatifs réali- sés» sur le front de l'inflation. ■

A près «une très mauvaise année» 2023, les finances publiques de la France demeurent dans «une situation inquiétante» et la trajectoire fixée par le gouvernement sortant pour les assainir d'ici à 2027 repose sur des «objectifs peu réalistes», prévient la Cour des comptes. L'épais rapport intervient dans une France en pleine instabilité politique, au lendemain d'élections législatives anticipées n'ayant pas dégagé de majorité absolue pour les principaux camps, et sans visibilité sur le pro- chain gouvernement. «La divergence avec les principaux Etats européens est de plus en plus marquée», constate la juridiction chargée de contrôler la régularité des comptes publics. ■

Croissance

L e Fonds monétaire international (FMI) a maintenu inchangée sa pré- vision de croissance mondiale pour 2024, à 3,2%, anticipant notam- ment une amélioration de la croissance en Chine et en Inde, mais confirmant les précédentes anticipations pour les économies avancées. Pour la troisième et dernière actualisation de son rapport annuel sur l'économie mondiale (WEO), le FMI a indiqué toujours s'attendre à une croissance de 3,2% pour 2024, améliorant légèrement sa prévision pour 2025 à 3,3% (+0,1 point de pourcentage). Le Fonds avait d'ores et déjà révisé à deux reprises, en légère hausse à chaque fois, ses prévisions pour l'année en cours depuis la publication de la version initiale du rapport, en octobre dernier. ■ Le FMI confirme ses attentes pour l'économie mondiale

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Retour sur les sommets annuels

L La dynamique haussière enclenchée depuis deux semaines a permis au marché de rallier ses plus hauts annuels. Ce dernier pourra-t-il aller plus haut ? a Bourse de Casablanca est bien partie pour retrouver ses sommets annuels, portée par un cocktail de facteurs favorables. Une politique monétaire accom- modante, des taux obligataires au plus bas de 2023, des annonces d'entreprises cotées encou- rageantes et une configuration technique optimiste forment le socle de cette dynamique haus- sière qui pourrait se poursuivre durant les semaines à venir. Par Y . Seddik

Evolution de l'indice Masi depuis début juillet 2023

débutera dans deux semaines, promettant d’apporter un brin de volatilité sur le marché. Le rapport trimestriel de Maroc Telecom, attendu le 24 juillet, sera particulièrement surveillé. Les investisseurs scruteront les commentaires de la direction, notamment concernant le litige avec inwi. D’ailleurs, le groupe émirati Etisalat, actionnaire majo- ritaire de Maroc Telecom, a du mal à digérer l'amende de 6,3 milliards de dirhams infligée par les régulateurs. Selon lui, «l'envi- ronnement règlementaire difficile affecte négativement les pers- pectives de nos investissements au Maroc». De son côté, Akdital continue de briller de mille feux. Cette semaine, l'action a atteint un nou- veau sommet historique autour de 930 DH, avant de refluer et terminer à 888 DH. En attendant les résultats de l’augmentation de capital, l’action a progressé de 15% cette semaine, drainant

TOP Performances

FLOP Performances

CDM Ennakl Eqdom

-9,47%

+10,84% +8,82%

Akdital Sodep Marsa Maroc Réalisations Mécaniques

-8,08%

-7,16%

+6,80 %

Le marché a ainsi enregistré une troisième semaine consécutive de progression, gagnant 1,12% pour atteindre 13.517 points, à quelques encablures de ses sommets annuels. Les lourdeurs estivales n'ont pas freiné les volumes d'échange, qui se main- tiennent autour de 757 millions de dirhams (MDH). Les publications trimestrielles en ligne de mire A côté, la saison des publica- tions des résultats trimestriels

le premier volume de la cote avec 186 millions de dirhams.

elle se confirme, favorisera l'at- tractivité du marché actions par rapport aux obligations d'État. Avec des facteurs techniques et macroéconomiques alignés, le marché actions semble bien parti pour poursuivre sa trajec- toire haussière. En revanche, les prochaines publications tri- mestrielles, notamment celle de Maroc Telecom, pourraient apporter leur lot de surprises et de volatilité. À suivre. ◆

Un environnement favorable aux actions La dernière baisse du taux direc- teur de Bank Al-Maghrib a consi- dérablement réduit l'écart entre le rendement des bons du Trésor à 10 ans et celui des dividendes attendus en 2024. Les analystes estiment que cette politique monétaire plus accommodante, si

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BOURSE & FINANCES

Taux directeur

liquidité bancaire. Au final, nous estimons que BAM pourrait opérer au moins une baisse de son TD durant les 12 prochains mois, sous l’hypothèse d’un environnement inflationniste maîtrisé», conclut-on. Secteur bancaire : en première ligne face aux changements Le secteur bancaire, particulière- ment sensible aux variations du taux directeur, devrait être particu- lièrement attentif à l'évolution de la politique monétaire. Selon BMCE Capital Research, la baisse du taux pourrait doper le produit net ban- caire (PNB) des banques, grâce à la revalorisation des portefeuilles de trading et à la diminution du coût de refinancement. Toutefois, l'impact sur la distribu- tion de crédits devrait être plus progressif et limité, en raison notamment de la prépondérance des ressources non rémunérées au niveau sectoriel. «La répercussion de la variation du taux directeur sur le rendement ne devrait pas se faire de façon automatique et serait opérée dans le temps» , souligne K. El Moussily. ◆ La baisse du taux directeur a déjà entraîné une baisse géné- ralisée des taux sur le marché obligataire. Cet assouplisse- ment monétaire devrait renfor- cer l'attrait du marché actions, d'autant plus si BAM confirme son orientation accommodante lors des prochains Conseils. Les investisseurs sont donc confrontés à un arbitrage com- plexe entre ces deux classes d'actifs. «La phase d’assouplis- sement monétaire entamée par la Banque centrale devrait ren- forcer cet arbitrage en faveur du marché actions si l’orientation dovish se confirme davantage lors prochains Conseils de Bank Al-Maghrib», nous précise El Moussily. Marché actions vs marché obligataire L'heure des choix

La décision de Bank Al-Maghrib de baisser son taux directeur à 2,75% en juin 2024, une première depuis 2020, a surpris plus d’un. Cette décision, motivée principalement par la nécessité de stimuler l'économie, soulève de nombreuses interrogations. Nouvelle baisse en septembre ? Quels secteurs privilégier ? Comment arbitrer entre actions et obligations ? Éléments de réponse. Après la baisse, quelles perspectives pour les investisseurs ?

 La baisse du taux directeur en juin laisse entrevoir la possibilité d'un assouplissement plus marqué dans les mois à venir.

Par Y. Seddik E

n juin dernier, Bank Al-Maghrib a pris de court les marchés en abaissant son taux directeur. Une première depuis juin 2020. Cette décision inattendue a suscité des spéculations quant aux prochaines actions de la Banque centrale. Si certains acteurs du marché anti- cipent une nouvelle baisse du taux directeur lors de la prochaine réunion de BAM en septembre, les analystes de BMCE Capital Research estiment cette éven- tualité peu probable. Selon eux, la Banque centrale devrait plutôt opter pour une pause, afin d'éva- luer l'impact de la première baisse et de la décompensation du gaz butane sur l'inflation. «Nous pensons que BAM devrait marquer une pause lors du pro- chain Conseil, dans l'attente des retombées de la première réduc-

transmission de la hausse cumu- lative du taux directeur aux taux débiteurs s'est arrêtée, favorisant l'investissement privé et public. Par ailleurs, les mesures budgé- taires de soutien au pouvoir d'achat et aux chaînes de production agri- coles devraient limiter l'impact de la décompensation progressive du gaz sur l'inflation à moyen terme. Enfin, malgré la volatilité de la parité EUR/USD, le Dirham reste stable, bien que les divergences de politique monétaire entre la FED et la BCE, les tensions politiques en Europe et un éventuel flottement du dirham en 2024 nécessitent une vigilance continue. «Nous pensons que cette nouvelle orientation de baisse des TD à l’international faciliterait le finance- ment extérieur du Trésor et limite- rait les pressions sur le déficit de

tion, qui a d'ailleurs été perçue comme une mesure stratégique afin de stimuler l'économie et encourager les investissements», nous explique Khadija El Moussily, responsable Equity au sein de BMCE Capital Global Research. «La future décision pourrait ainsi dépendre de l’impact de cette inflexion monétaire ainsi que de celui de la décompensation du gaz butane sur l’inflation», rajoute-t- elle. Du côté de Attijari Global Research, on précise que ce pivot pourrait se poursuivre à moyen terme, soutenu par plusieurs facteurs. Premièrement, la confirmation des taux réels en territoire positif, avec une inflation inférieure au taux directeur et aux taux obligataires à long terme, offre à BAM une marge de manœuvre accrue. De plus, la

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liers, des ménages et des entreprises (assouplissement quantitatif, destiné à favoriser la consommation et l’inves- tissement). Par contre, en période de décélération escomptée de la produc- tion domestique, c’est l’austérité et le resserrement quantitatif qui normale- ment prennent le relais, et ce jusqu’à la prochaine embellie entrevue. Cette baisse de 25 points de base est donc cohérente économiquement et socialement parlant, puisqu’elle inter- vient au moment où l’inflation devrait, selon toute vraisemblance, fondre de 6,3% en 2023 à 1,5% en 2024 (aux alentours des objectifs de stabilité monétaire de l’inflation estimée en général à 2%). En outre, le finance- ment de notre développement tous azimuts réside dans la capacité de l’État à lever les fonds nécessaires pour réaliser des investissements massifs, estimés à quelque 1.300 mil- liards de dirhams à l’horizon 2030, selon l’Alliance des économistes istiqlaliens. Le stop and go est, quant à lui, une politique économique qui vise, pour une autorité comme l’État ou la Banque centrale, à alterner des phases de sti- mulation de l'emploi ou d'inflation (go) et des phases de rigueur lorsque les objectifs sont atteints ou dépassés (stop), pour éviter les risques de sur- chauffe de la machine économique. Le taux de base bancaire ou taux directeur est un outil d’orientation et de régulation des crédits octroyés par les banques commerciales à leur clientèle d’entreprises de toute taille (PME/ TPE-TPI/ ETI/ GE/ multinatio- nales). Ce taux impacte nécessaire- ment les banques commerciales qui veulent attirer tel ou tel type de clien- tèle, selon leur appétence au risque et les résultats escomptés par chaque type d’actionnariat bancaire. Bien entendu, BAM prête de l’argent aux banques commerciales sur la base de trois taux directeur : un taux de refinancement hebdomadaire auprès de BAM dit TBB (taux de base bancaire), un prêt à 24 heures pour les banques ayant un besoin urgent de liquidités, et elle permet à une banque commerciale ayant un excédent de liquidité de les placer à la Banque centrale. Lorsque les banques négocient des prêts ou emprunts entre elles, la faci- lité de dépôt est le taux plancher

Quel impact sur les crédits bancaires ? Baisse du taux directeur

Contre toute attente, la Banque centrale a récemment opté pour la baisse de son taux directeur. Cette initiative devrait se répercuter positivement sur les taux pratiqués par les établissements de crédit.

Entretien avec Khalid Doumou, économiste et expert financier.

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : Tout d’abord, comment décririez- vous l'état actuel de l'écono- mie marocaine et quel rôle joue la politique monétaire en matière de soutien de la crois- sance ? Khalid Doumou : En pleine effer- vescence, le Maroc est un chantier à ciel ouvert devant nous mener sans discontinuer, vers un cycle de crois- sance de type Juglar, soit 5 à 11 ans de rythme de production réelle soute- nue. Celle-ci repose sur des investis- sements massifs pendant une assez longue période. Si ces derniers sont bien orientés, dosés et administrés, ils devraient, d’une part, nous faire franchir de nouveaux paliers de déve- loppement, et d’autre part, nous aider

à faire sérieusement reculer un taux de chômage domestique global ayant atteint le taux alarmant de 13,7% cette année. Ensuite, il est important de bien noter que la politique monétaire n’est pas une création ex-nihilo née de l’esprit malintentionné d’économétriciens et de statisticiens au service d’intérêts corporatistes ou partisans. Les moné- taristes travaillent sur la collecte et l’analyse approfondie de données nationales et internationales, devant conduire à des décisions de politiques monétaires conjoncturelles sensées, avisées et aisément défendables. A cet effet, les 9 membres du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) se réunissent trimestriellement pour débattre de la manière la plus appro-

priée de juguler l’inflation. Et ce, tout en agissant sur les leviers de ratios de liquidité et de solvabilité bancaires devant soutenir ou impulser le moteur de l’activité économique et encoura- ger l’emploi, et tout en intervenant, le cas échéant, et si nécessaire, sur le marché des changes pour maintenir le Dirham dans sa bande de fluctuation autorisée de plus ou moins 0,3%. Bank Al-Maghrib a récemment décidé de baisser son taux directeur de 25 points de base (de 3% à 2,75%). Que pensez-vous de cette mesure ? Kh. D. : En période d’expansion éco- nomique objectivement envisageable, la Banque centrale est censée encou- rager l’accès aux crédits des particu- F.N.H. :

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du marché interbancaire. A l’inverse, aucune banque commerciale ne se refinancera sur le marché interban- caire à un taux supérieur au taux de la facilité de prêt marginal proposé par la Banque centrale, qualifié donc de taux plafond du marché interbancaire. Les banques commerciales maro- caines sont supervisées par BAM sur plusieurs types de taux qu’elles offrent à leur clientèle (Taux débiteurs, taux maximum des intérêts conven- tionnels, taux des comptes sur carnet, taux des dépôts à terme, référence pour la révision des taux variables), tous partagés et actualisés sur le site de Bank Al- Maghrib. F.N.H. : Comment la baisse du taux directeur va-t-elle impac- ter les crédits bancaires ? Doit- on s’attendre à une baisse «significative» des taux d’inté- rêt appliqués aux crédits par les banques commerciales ? Kh. D. : Une baisse du taux direc- teur permet au microcosme bancaire d’envisager avec sérieux la possibilité de louer ses réserves de liquidité à des taux bonifiés pour ses clients habituels, et à en attirer de nouveaux par la même occasion. Logiquement, et en toute transpa- rence, le volume des crédits à l’écono- mie devrait augmenter avec la baisse de 25 points de base du taux directeur de BAM. Cela va avoir des retom- bées positives sur les taux de crédit à la consommation, sur les taux de prêts hypothécaires et dans le cadre du crédit automobile. Les différentes banques commerciales vont donc entrer en concurrence pour attirer une clientèle nécessairement séduite par une baisse des trois taux évoqués plus haut. Le taux de crédit bancaire octroyé par les banques commer- ciales aux particuliers et aux ménages varie selon divers critères, notamment le risque de contrepartie, qui tient compte de la surface financière de l’emprunteur et des garanties appor- tées, l’âge de l’emprunteur, la durée de l’emprunt, la qualité de son histo- rique de remboursement, etc. La dette financière procure un «levier» en permettant de financer des actifs pour un montant supérieur aux apports des actionnaires. Le financement par emprunt est évidemment nécessaire pour venir en complément de la capa-

ses capacités d’accueil, ses lignes aériennes et maritimes, ses réseaux ferroviaires et autoroutiers, et de réus- sir ses transitions écologique, écono- mique, sociale et numérique, le finan- cement demeure un défi majeur. Cela implique de s’intéresser de très près à la problématique de l’accès aux cré- dits, et des ingénieries financières à monter dans le cadre de partenariats public-privé. ◆

Cette baisse de 25 points de base est cohérente économiquement et socialement parlant, puisqu’elle intervient au moment où l’inflation devrait, selon toute vraisemblance, fondre de 6,3% en 2023 à 1,5% en 2024.

cité d’apport des actionnaires limitée. Il joue également un rôle essentiel pour améliorer la rentabilité des capi- taux propres et l’amener au niveau

souhaité par les actionnaires. Dans un pays désireux de renfor- cer son attractivité pluridimension- nelle, ses capacités de production,

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Maroc Telecom

analystes de CFG Bank. Les perspectives de croissance de Maroc Telecom sont égale- ment soutenues par des prévisions financières positives. Le résultat net part du groupe ajusté (RNPG) devrait enregistrer un taux de crois- sance annuel composé (TCAC) de 2,1% entre 2023 et 2027. Cette croissance est notamment soute- nue par la non-reconduction de la Contribution sociale de solidarité à partir de 2026, ce qui devrait amé- liorer les marges bénéficiaires du groupe. Attractivité du dividende Pour les investisseurs à la recherche de revenus réguliers, Maroc Telecom offre une perspec- tive attrayante. Le dividende par action est prévu pour augmenter avec un TCAC de 5,9%, offrant un rendement moyen attractif de 5,6% sur la période de prévision. Ce ren- dement est supérieur à la moyenne du marché, ce qui renforce l'attrait de l'action pour les investisseurs. «Maroc Telecom traite actuelle- ment à des niveaux inférieurs à sa valeur intrinsèque (...) La valeur s’échange à un PER de 13x les bénéfices ajustés de 2024E contre une moyenne historique (2014- 2023) de 19x les bénéfices ajustés. Tous ces éléments renforcent notre opinion sur l’opportunité qu’offre actuellement Maroc Telecom. Au-delà de ce potentiel d’appré- ciation, les niveaux de valorisation actuels offrent un rendement de dividende très intéressant sur le moyen-long terme. Selon nos pré- visions, dans un contexte norma- tif, Maroc Telecom devrait être en mesure de payer un DY supérieur à 5,5% sur la base du prix actuel» , écrivent les analystes. Au final, CFG Bank recommande d'acheter le titre Maroc Telecom. Les analystes soulignent que mal- gré le risque lié à l'issue du litige avec Wana Corporate, le potentiel de hausse du cours cible et l'at- tractivité du dividende compensent ce risque. Si toutefois le recours de Maroc Telecom s’avère concluant ou si le Groupe parvient à négocier un montant inférieur, le cours cible serait d’autant plus élevé. ◆

ans cette note de recherche, les analystes de CFG Bank adoptent une approche prudente en inté- grant une pénalité potentielle de 6,4 milliards de dirhams, liée au conflit avec Wana Corporate, dans leur valorisation. Toutefois, si Maroc Telecom parvient à réduire cette pénalité par le biais d'un recours ou d'un accord, le cours cible pourrait être révisé à la hausse. CFG Bank fonde son argumen- taire d'investissement sur plusieurs aspects qui renforcent la position de Maroc Telecom sur le mar- ché. Tout d'abord, Maroc Telecom opère dans un secteur des télé- communications en pleine muta- CFG Bank a confirmé son opinion positive sur Maroc Telecom (IAM), en maintenant sa recommandation d'achat avec un cours cible de 105 DH par action. Cette évaluation implique un potentiel de hausse de 16,4% par rapport au cours actuel de 90 DH. Par Y. Seddik D tion, caractérisé par une transition de la voix vers la data. Cette évolu- tion est soutenue par la démocra- tisation des smartphones, l'essor des réseaux sociaux et des ser- vices numériques, ainsi que par le déploiement de la fibre optique (FTTH). Les analystes de CFG Bank considèrent que cette dynamique offre des perspectives de crois- sance solides pour le groupe. En parallèle, les filiales africaines de Maroc Telecom deviennent de plus en plus importantes pour la croissance future de l'entreprise. Ces filiales bénéficient d'un envi- ronnement favorable, marqué par une population jeune et avide de technologies, ainsi que par l'émer- gence du Mobile Money. Cette situation est perçue comme une opportunité de diversification et de renforcement des revenus pour le groupe. Stratégie d'optimisation des coûts Maroc Telecom ne repose pas uni- quement sur la croissance externe. Le groupe poursuit une stratégie rigoureuse d'optimisation de ses coûts, visant à améliorer son effi- cacité opérationnelle, notamment au niveau de ses filiales. Cette approche devrait soutenir la renta- bilité globale du groupe, selon les Une valorisation sous-estimée et un potentiel de croissance soutenu

 Les filiales africaines de Maroc Telecom deviennent de plus en plus importantes pour la croissance future de l'entreprise.

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