FNH N° 1160

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 18 JUILLET 2024

ECONOMIE

ha, soit 78% de la superficie totale des principaux districts d'irrigation) subissent des restrictions sévères pour certains et l’arrêt de l’irrigation depuis plusieurs mois, et certains, depuis plus de quatre ans. Dans ce sens, le périmètre du Gharb subit des restrictions moyennes à sévères, les périmètres du Tadla, du Haouz (Tassaout amont et N’fis) et de la Moulouya et Ouarzazate (56% de la superficie globale) sont à res- trictions très sévères et arrêt d’irriga- tion, tandis que ceux du Doukkala et du Haouz (Haouz central et Tassaout aval, Souss Massa et Tafilalet - 38% de la superficie globale) sont en arrêt d’irrigation. «Seuls 390 Mm³ sont réservés pour l’irrigation, soit 10% des barrages à usage agricole» , sou- ligne le ministre. Cette gestion des ressources hydriques n'est pas seulement une question de climat, mais aussi de choix stratégiques. Les programmes annoncés, tels que le développe- ment du semis direct ou l'améliora- tion de l'irrigation complémentaire, sont certes prometteurs, mais leur réussite dépend intrinsèquement des ressources en eau disponibles. Le défi est donc double : il faut à la fois augmenter l'efficacité des res- sources en eau existantes tout en développant de nouvelles sources, telles que le dessalement de l’eau de mer et l'interconnexion des bassins hydrauliques. Mais au-delà des mesures conjonc- turelles et structurelles, c’est la politique agricole actuelle qu’il faut repenser dans son ensemble. L'engagement dans des cultures moins gourmandes en eau et l'adop- tion généralisée de pratiques agri- coles innovantes doivent devenir la norme, et non l'exception. «L’on continue une politique agricole com- plètement contre-productive, et je dirais même masochiste. Parce qu’on développe des modèles agri- coles ultra intensifs, productivistes et donc destructeurs de ressources, à commencer par l'eau. Nous sommes en train de subventionner avec des deniers publics, entre autres du matériel d’irrigation, pour permettre à quelques gros exploitants agricoles (les petits agriculteurs sont rarement concernés) de produire des denrées

se trompe pas : au regard du modèle agricole actuel, la réussite de cette campagne dépendra de la manière dont le Maroc parviendra à concilier productivité agricole et gestion res- ponsable des ressources hydriques. Mais elle dépendra surtout de dame météo, dans un contexte marqué par des sécheresses de plus en plus récurrentes. ◆

hydrovores, qui sont de surcroit des- tinées à l’export», déplorait récem- ment sur nos colonnes l’économiste Najib Akesbi. Qui préconise de réo- rienter les choix de production et leur localisation, en tenant compte d’objectifs plus larges de préserva- tion des ressources naturelles et de promotion de la souveraineté alimen- taire. «Nous sommes arrivés à un

stade où les choix de production, avec leur localisation, doivent être subordonnés à l'état des ressources, c'est-à-dire qu’on ne peut plus pro- duire n’importe quoi, n’importe où» , souligne-t-il. La campagne agricole 2024-2025 se présente donc comme un nouveau test pour la politique agricole et hydrique du Maroc. Mais que l’on ne

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