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ECONOMIE
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MARDI 31 MAI 2022
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que la voiture électrique était un produit qui trouverait son seg- ment en ville, où les usagers se limitent à de petits trajets. Tout a changé lorsque Tesla a présenté le modèle Cybertruck en 2019 - un pick-up comme les modèles forte- ment appréciés aux Etats-Unis -et le modèle Semi- un camion élec- trique tracteur de semi-remorque. Les producteurs de voitures ont réalisé à ce moment-là que Tesla ne se confinerait pas à son seg- ment de citadines, mais qu’elle comptait bien disrupter le trans- port routier. Cela a agi comme un électrochoc pour plusieurs pro- ducteurs qui ont commencé à aborder le sujet avec davantage de sérieux. La Chine encourage également l’offre, et sait tirer profit de ses avantages manufacturiers. Au niveau de la production, 44% des
véhicules électriques sont pro- duits en Chine, 25% sont produits en Europe, et 18% aux Etats-Unis. Alors que les producteurs chinois de voitures électriques importent certaines composantes des Etats-Unis, l’objectif chinois est d’atteindre en 2035 une Supply Chain entièrement locale de bout en bout pour ne plus dépendre d’aucun pays. Toujours au niveau de l’offre, une des clés de réussite de la Chine est d’avoir fermement ancré la trajectoire de ses producteurs sur l’enjeu de l’électrique. La Chine impose un quota de voitures élec- triques aux producteurs chinois, et une amende s’ils ne respectent pas cet objectif. En 2021, Tesla a vendu 936.172 véhicules élec- triques de par le monde, ce qui représente une part de marché de 14,4%. Vient ensuite Volkswagen
avec une part de marché de 11,7%, puis SAIC (joint-venture à 50/50 entre le chinois SAIC et l’américain General Motors) qui capte 10,5%, le chinois BYD avec 9,1%, et Stellantis 5,6% (résultat de la fusion du groupe PSA Peugeot-Citroën et de Fiat Chrysler Automobiles). Si l’on combine la part détenue par les entreprises chinoises SAIC et BYD, on arrive à une part de mar- ché de 19,6%, supérieure à celle de Tesla. Volkswagen - l’inventeur du moteur diesel - a déjà annoncé qu’il avait les ressources et l’am- bition nécessaires pour devenir le premier acteur mondial de l’élec- trique. Tous les groupes ont Tesla dans leur viseur… Au final, l’Europe pousse vers l’électrique à travers une approche réglementaire qui impose pro- gressivement des restrictions
fortes sur les moteurs thermiques, la Chine avec une approche glo- bale pensée aussi bien en termes de production que de consom- mation, et entre-temps, les Etats-Unis observent. Le pays, qui dispose d’atouts indéniables pour pendre le lead sur ce sujet, manque d’ambition et de convic- tion. Il semble convaincu que le moment de l’électrique viendra, mais ne semble pas pressé de sauter le pas. A l’heure où l’au- tomobile est désormais recon- nue comme un métier mondial du Maroc, acquérir de l’expertise et une avance technologique sur le segment de l’électrique est un enjeu d’avenir. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez le sur www.fassal.net.
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