F OCUS AGRICOLE
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MARDI 31 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Aviculture
Face à une conjoncture morose, la difficile survie des petits exploitants
◆ Ils sont fortement impactés par le renchérissement du prix de l’aliment de bétail. ◆ Certains opérateurs ont décidé de basculer vers d’autres activités.
sagé dans le court terme. Pour Chawki Jirari, Directeur général de la Fédération inter- professionnelle du secteur avicole (FISA), «la fluctuation des prix de la volaille était auparavant due à des facteurs cycliques comme la chaleur,
Ce phénomène n’est pas nou- veau, mais actuellement il a pris des proportions inquié- tantes. Dans de pareilles conditions, il est difficile pour les petits exploitants de conti- nuer leur production. Seuls les grands opérateurs qui dis- posent d’une assise financière solide peuvent résister à cette conjoncture contraignante sur une longue durée. Grâce à la grande taille de leurs exploita- tions, ils peuvent faire des éco- nomies d’échelle importantes. Certains opérateurs ont investi toute la chaîne de valeur : ils sont importateurs de matières premières, provendiers, accou- veurs, producteurs de volailles et même transformateurs. De ce fait, ils ont une grande capa- cité d’adaptation et d’amortis- sement des chocs. Pour leur part, les petits exploi- tants sont très vulnérables à la moindre perturbation. «Il n’y a pas de visibilité, le renché- rissement des intrants devient insupportable. Ma trésore- rie est mise à rude épreuve. J’ai décidé d’arrêter pour le moment d’investir dans l’avi- culture. Je vais changer d’acti- vité et opérer dans l’élevage d’ovins et de bovins. Même si cette activité est, elle aussi, sous l’effet de la hausse des prix des aliments, son cycle de production est assez long et les prix à la vente ne sont pas très fluctuants», confie Abdallah Tadlaoui, exploitant de la région de Zenata. ◆
le froid et la hausse des coûts de production. Actuellement, la flambée devrait plutôt s’inscrire dans une période assez longue à cause de la guerre en Ukraine, car ce pays est l’un des prin-
Les aviculteurs n’ont pas de visibi- lité; certains opéra- teurs vendent leur production parfois à perte.
cipaux fournisseurs dans le monde de produits essentiels entrant dans la production de l’alimentation de bétail, prin- cipalement le soja, le colza et le maïs». Et de souligner qu’ «après la réouverture des frontières et la fin du Ramadan, la demande en produits avicoles a nette- ment augmenté et l’offre n’a pas suivi. Le coût de produc- tion s’établit entre 15,50 et 16 DH/kilo, et si l’on rajoute le transport et les autres charges, les prix départ ferme se situent actuellement entre 16,50 et 19 DH/kilo. Alors qu’il y a quelques mois, ils étaient entre 9 et 12 DH. Une partie des exploitants n’a pas voulu inves- tir et prendre des risques car la marge bénéficiaire n’est pas attractive. Parfois, des produc- teurs vendent même à perte juste pour écouler leur stock et ne pas subir des frais supplé- mentaires» .
source de protéine à bon marché comparativement à la viande rouge ou le poisson, le poulet de chair devient ina- bordable pour les ménages à revenus contenus. Il est actuellement négocié à plus de 20 DH/kilo. Il a atteint dans certaines régions les 25 DH/ kilo. Les consommateurs sont contraints de réduire le volume acheté. Le gouvernement doit intervenir en urgence pour trouver des solutions», sou- ligne Bouaâzza Kherrati, pré- sident de la Fédération des associations de protection des consommateurs. Avec la conjoncture actuelle, notamment les tensions géos- tratégiques à l’international, les orientations haussières des prix des matières premières devraient se maintenir. Il est peu probable qu’un retour à la situation normale soit envi-
L’ aviculture natio- nale passe par des moments difficiles. La sécheresse et le renchérissement des prix des intrants à cause de la flambée des cours à l’interna- tional ont réduit sensiblement les marges de manœuvre des opérateurs. Cumulant des pertes et des dettes, cer- tains professionnels qui ont des structures de petite taille sont dos au mur et confrontés actuellement à des déboires avec leurs créanciers, voire la justice. Cette situation a porté un coup dur à l’activité. Actuellement, les prix des pro- duits avicoles, notamment le poulet de chair, affichent des niveaux record. «Considéré comme une Par C. Jaidani
Seuls les grands opé- rateurs qui disposent d’une assise financière
solide peuvent résister à une conjoncture contraignante sur une longue durée.
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