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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
MARDI 31 MAI 2022
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Droits d’auteur
◆ En dévoilant «par devoir de transparence» la liste des attributaires des droits d’auteur du BMDA, El Grande Toto (Taha Fahssi dans le civil) et Small X (Abdessamad Lamrik de son vrai nom), avec la complicité d’El Kamili Youssef (un parfait inconnu) ont dégoupillé une bombe dont l’impact n’est pas, jusqu’à présent, celui souhaité. Tir groupé de certains artistes sur le BMDA I l est des inimitiés tenaces. Celles que se vouent le Bureau marocain du droit d’auteur (BMDA) et quelques artistes issus de pique-assiettes qui se sont invités à la table des faveurs. « Les critères de choix des bénéficiaires ont besoin d'être revus, corrigés et transpa- rents », espèrent-ils. Ce que balaie d’un revers de main le BMDA. Il aurait irréprochable- ment accompli sa mission. Par R. K. Houdaïfa
la scène rap en est l’exemple. Plus le temps passe, plus les nuages s’épaississent dans le ciel des relations entre les deux parties censées, pour- tant, œuvrer pour une cause commune. Notre exception culturelle, encore en ses bal- butiements, se serait fort bien passée de ces tiraille- ments qui risquent d’étouffer ses velléités d’éclosion dans l’œuf. Foin des récriminations ! Examinons le nouvel incident qui a fait du foin. Cartel ? On ne saurait faire litière de quelques objections formu- lées. Celle qui a trait à «la répartition des droits d’auteur» revenait comme un leitmotiv. Et pour cause. « Jusqu’ici, ceux.lles qui sont les mieux écouté.e.s* sont les plus oublié.e.s. Il se trouve que je possède, entre autres calibres, une force d’attraction irrésis- tible. Ne pas s’y mêler, me laisse un goût de cendre. Comment ne pas s’en émou- voir ? », se désole Toto. Ainsi, par leur acte, El Grande Toto et Small X entendaient faire ouvrir l’œil aux citoyens sur les abus du système d’oc- troi des «droits d’auteur» et, du même coup, confondre les
Étrangement, ce ne sont pas que «les grenouilleurs avides» jouissant de la manne qui attisent leur indignation, mais quelques artistes qui se retrouvent mis à l’index au motif qu’ils sont indétrônables. Dans la liste des bénéficiaires, on y trouve l’indéboulon- nable Abdelwahab Doukkali en tête du peloton, lui suc- cédant respectivement le compositeur Moulay Ahmed El Alaoui, le chanteur-com- positeur Abdelati Amenna, le dramaturge-comédien et parolier Ahmed Tayeb Laâlej, le chanteur et compositeur Nouamane Lahlou, le poète Mohamed Al Batouli, le chan- teur Abdallah Issami, le com- positeur Abdelkader Wahbi, le chanteur Mehdi Benbrahim dit Sy Mehdi, Aziz Hasni, le rap- peur Taoufik Hazeb aka Don Bigg (stupeur ! -ndlr), le chan- teur Abdelwahed Tétouani… Décision arbitraire ? Nullement, proteste le BMDA, bien au contraire. Soit ! «Ces artistes ont fait notre musique». Raison suffisante. Un point c’est tout ! Serait-ce une manière de… réponse du berger à la ber- gère ? De cela, lesdits rap- peurs n’en démordent pas. Et
à quoi rétorque que l’argument mis en avant est proprement fallacieux. Ainsi, la thèse d'un complot orchestré se répand inexorablement. Si l’accusa- tion est justifiée, il importerait de mettre en examen ceux qui auront trempé dans cette sordide affaire. Que justice soit faite ! Cela ne pourrait que servir la cause de la musique made in Morocco. Bref. Parmi les noms avancés par nos deux MCs, la plupart ont en commun d’être immer- gés, depuis belle lurette, dans le landerneau musical; sont des artistes au long cours; ont été plusieurs fois consacrés… Si une telle bronca est prévi- sible dans une société encline à brûler ce qu’elle a encensé la veille, elle n’en demeure pas moins outrancière, et surtout injuste. Elle le serait aussi si des artistes dont le talent est
indiscutable, se voient écon- duits. C’est pour le moins inconcevable, devrait-on en convenir. A vrai dire, de tout temps, les êtres qui portent (ont porté) haut les couleurs de leur pays ou contribuent à son rayonne- ment culturel sont récompen- sés d’une façon ou d’une autre. Il est naturel qu’il en soit de même pour nos illustres per- sonnages, tellement illustres que leurs noms se trouvent gravés dans le marbre de la mémoire collective… Pendant ce temps, ceux qui profitent indûment de grâces et de privilèges dorment comme des bienheureux. Par cette bizarrerie, on touche du doigt notre exception cultu- relle. ◆ * «Le hip-hop marocain est d’ores et déjà l’un des genres les plus consommés sur la plateforme», souligne le leader sur le marché des plateformes de streaming musical, Spotify dans un communiqué.
Les critères de choix des bénéficiaires ont besoin d'être revus, corrigés et transparents.
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