FNH N° 1045 ok

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 30 NOVEMBRE 2021

www.fnh.ma

◆ Le Conseil de la concurrence vient de passer au peigne fin le secteur de l’enseignement scolaire privé au Maroc. ◆ Son président, Ahmed Rahhou, nous explique en exclusivité les enjeux et principaux enseignements tirés de cette étude, et détaille les priorités actuelles du Conseil. «Nous allons multiplier les autosaisines» Conseil de la concurrence

Propos recueillis par F. Ouriaghli & D. William

Finances News Hebdo : Le Conseil de la concurrence a rendu récem- ment un avis relatif à l'état de la concurrence dans le secteur de l’enseignement scolaire privé au Maroc. Qu’est-ce qui a motivé votre démarche ? Ahmed Rahhou : Nous avons été saisis par le président de la Chambre des représen- tants sur le sujet du niveau de la concur- rence dans le secteur de l’enseignement privé, du primaire à la terminale. Nous avons examiné le mode de fonctionnement du sec- teur, ses relations avec l’Etat et les relations entre les parties prenantes, à savoir les éta- blissements, les parents et les élèves. Nous nous sommes inscrits d’emblée dans l’orientation stratégique du pays, qui est de consacrer l’enseignement privé comme étant une composante du système éducatif marocain. D’ailleurs, il a été même fixé l’ob- jectif d’atteindre 20% d’élèves dans l’ensei- gnement privé. Sur la base de cet objectif, nous avons analysé où en est le Maroc et quelles sont les conditions qui permettraient d’aller de l’avant. F.N.H. : Que vous a donc appris cette radioscopie du secteur de l’ensei- gnement scolaire privé ? A. R. : D’abord, il y a l’importance du sec- teur, à travers notamment quelques chiffres. L’enseignement scolaire privé regroupe plus de 6.000 établissements contre 12.000 au total pour l’enseignement public. Il compte 1 million d’élèves, soit 15% du nombre d’enfants scolarisés au Maroc, avec cepen- dant des disparités régionales, puisque dans certaines villes ce taux atteint 30%. Ce secteur génère un peu plus de 100.000 emplois, dont une bonne partie d’ensei- gnants, brasse un chiffre d’affaires de 20 Mds de DH et paye à l’Etat pour 1 Md de DH d’impôts. Il fait aussi économiser à l’Etat 8 Mds de DH, équivalent au coût qu’aurait

La pandé- mie liée à la Covid-19 a montré l’ur- gence d’une meilleure régulation du secteur afin d’apaiser les tensions entre parents

représenté le million d’élèves s’ils étaient inscrits dans l’enseignement public. Nous avons aussi constaté qu’il y a une offre très différenciée, avec des prix qui vont de 4.000 à 40.000 DH par an dans certains éta- blissements primaires. Et dans des établis- sements qui ont des cursus scolaires liés à des programmes étrangers, les prix peuvent atteindre plus de 100.000 DH par an. C’est un secteur ouvert et concurrentiel, où il y a beaucoup d’investisseurs et pas de concen- tration très forte, même si certains acteurs sont relativement importants. Cette structure du marché fait que les parents d’élèves ont le choix. Ce constat fait, se pose une problématique importante inhérente au rapport qualité/prix,

puisque, rappelons-le, la mission du Conseil de la concurrence est non seulement de veiller à ce que les secteurs soient concur- rentiels, mais également de protéger les consommateurs. Aujourd’hui, les parents d’élèves n’ont pas les moyens de savoir la vraie qualité de ce qu’ils payent. D’où l’importance de mettre en place un système de mesure de la qua- lité. Cela permettra aux parents d’apprécier la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants, mais aussi la qualité du périscolaire, d’autant que certaines activités (sportives, artistiques…) sont prises en compte dans le choix d’un établissement. Nous avons aussi relevé que les relations parents d’élèves – établissements n’étaient

d’élèves et établisse- ments.

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