FNH N° 1045 ok

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TRIBUNE LBRE

FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 30 NOVEMBRE 2021

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des paiements se dégrade, mais il en a été autrement. Le déficit du compte courant a été de seulement -1,5% du PIB en 2020 contre -3,7% en 2019. Cela est dû notamment à la reprise courant 2020 des exportations et à la baisse des importations, en particu- lier celles liées aux produits énergétiques, sans compter la résilience des transferts des MRE qui, dans un esprit de solidarité, ont progressé de 5% en 2020. Le déficit de la balance commerciale s’est allégé de 23,1%, dû à une baisse de -14,1% des impor- tations, contre une baisse de -7,5% des exportations. Le taux de couverture s’est amélioré de 4,5 points et est de 62,4% en 2020. La baisse des importations en 2020 s’explique notamment par la baisse importante des cours des produits énergétiques, et en particulier des cours de pétrole, ce qui a permis d’alléger la facture énergé- tique. L’indice synthétique de référence des produits énergétiques calculé par la Banque mondiale a enregis- tré en 2020 une baisse de 31,3%. Les cours du pétrole et du gaz butane ont chuté de respectivement 33,1% et 10,5%. Au début de la crise sanitaire, les cours pétroliers sont passés de 63,4 $/bbl en janvier 2020 à 26,6 $/bbl en avril, à cause de l’effet du confinement sur le secteur du transport, et notamment le secteur aérien. La chute de la demande conjuguée à une offre importante ont fait dégringoler les prix. Le 20 avril 2020, le Brent était à 17,4 $ et le cours WTI se marchandait à un prix négatif de -37 $/bbl. A partir de mai 2020, les cours ont commen- cé à se redresser. En 2021, la reprise de l’acti- vité économique mondiale et du trafic aérien a entraîné

les matières premières dans une tendance haussière. Le cours du Brent a atteint une moyenne de 68,6 $/baril. Les produits énergétiques ont vu leur prix doubler du second trimestre 2020 à celui de 2021. Malgré cela, le déficit commercial à fin avril 2021 s’est allégé de 4,2% pour s’établir à 62,8 milliards de dirhams, et le taux de cou- verture s’est amélioré de 5,9 points pour atteindre 62%, suite à l’accroissement des exportations de +22,3%, qui a largement dépassé celui des importations, qui est de +10,7%. En ce troisième trimestre 2021, les exportations de biens et services, en volume, poursuivent un trend haus- sier, après l’augmentation de 25,6% au second trimestre. Les exportations des biens, en valeur, ont connu une hausse de 23%. Quant aux importations de biens et ser- vices, en volume, elles ont augmenté de 17,7% dû à la reprise de la demande inté- rieure, contre une diminution de 11,7% au troisième tri- mestre 2020. Les importa- tions de biens, en valeur, ont augmenté de 35%, dû à la hausse des prix des matières premières importées, les prix moyens à l’importation des gasoils, fuels et autres hydrocarbures ayant connu une hausse supérieure à 50%. On remarquera donc que la hausse des importa- tions en valeur (+35%) est largement supérieure à celle des exportations des biens en valeur (+23%). Si on examine sur les cinq dernières années le solde des exportations dimi- nuées des importations, on constate qu’il était de -59,4 milliards de dirhams en 2017; il s’est aggravé ensuite à -64,2 en 2018 et -67,3 en 2019, avant de s’améliorer

légèrement depuis la crise, à -65,5 milliards en 2020 et -62,8 à fin avril 2021. Il y a donc un déficit structurel de la balance commerciale. Depuis 2020, les postes de la balance de paiement, qui permettent normalement la consolidation de la position extérieure, ont été en par- tie impactés négativement par la crise sanitaire et la baisse de la croissance éco- nomique des autres pays du monde. Ce n’est pas le cas, avons-nous dit, pour les transferts MRE, mais ça l’est pour les recettes de tou- risme. La demande étran- gère adressée au secteur touristique marocain a chuté à cause de la pandémie et de la contraction de l’acti- vité économique. Par rapport à 2019, on enregistre une baisse des recettes voyages de 42,3 milliards de dirhams (MMDH), soit 53,7%. Quant aux flux net des investisse- ments directs étrangers au Maroc, il a été quasiment stable en 2020, avec une augmentation de +161 MDH, correspondant à une évolu- tion de +1,2%, s’établissant à 16,7 MMDH. Les recettes des IDE ont baissé de 7,6 MMDH, ou 22,3%, ce qui est moins que la baisse des IDE dans le monde qui serait de 40% en 2020, d’après la CNUCED. Cette baisse des recettes a été compensée par celle des dépenses des IDE, qui était de - 7,7 MMDH. Pour ce qui est des flux nets des investissements directs marocains à l’étranger, ils ont baissé de 5,3 MMDH, ou 53,1%, pour s’établir à 4,7 MMDH en 2020, alors qu’ils étaient de 9,9 MMDH en 2019. Les postes de la balance de paiement restent donc glo- balement marqués par une certaine irrégularité, même s’ils montrent, à part les

recettes touristiques, une certaine résilience face à la crise. Les finances publiques La discipline budgétaire reste une condition impor- tante pour l’adoption d’un régime flottant. Au niveau des finances publiques, le déficit budgé- taire a été de 82,4 MMDH, soit 7,7% du PIB en 2020, contre 3,6% du PIB en 2019. Les restrictions imposées à l’activité économique dues à la crise sanitaire ont eu un effet négatif sur les recettes fiscales. Le déficit budgé- taire s’est donc dégradé en 2020. Cette dégradation est en fait récurrente dans l’his- toire économique du pays. Elle a été importante entre 2008 et 2012, puis le déficit s’est atténué entre 2013 et 2015, et il se dégrade depuis, en 2018, en 2020. Le déficit reste cependant maîtrisé, si l’on tient compte du contexte de crise dû à l’épidémie de coronavirus. Malgré la poursuite de la pandémie, les comptes du Trésor connaissent en 2021 une petite amélioration. A fin mai 2021, en glissement annuel, le déficit budgétaire s’est réduit de 799 millions de dirhams, soit 3,1%, pour s’établir à 25,1 milliards de dirhams. Cela est dû entre autres, à la hausse des recettes ordinaires, de 8%, plus importante que celle des dépenses ordinaires, qui est de 0,7%. A fin août 2021, les recettes ordinaires se sont améliorées de 4,4% en glis- sement annuel, tandis que les charges ont augmenté de 7,1%, une hausse due à celle de 64,6% des émissions au titre des dépenses de com- pensation. Les dépenses d’investissement ont légère- ment diminué de 0,4%. Les comptes spéciaux du Trésor

ont connu une hausse. On constate donc un allégement du déficit budgétaire (6,8% en glissement annuel). La dette publique L’encours de la dette du Trésor a été de 832,4 MMDH en 2020, soit une augmen- tation par rapport à 2019 de 83,2 MMDH, ou 11,1%. L’évolution de 2019 par rap- port à 2018 était de +26,2 MMDH, ou +3,6%. L’encours est en nette augmentation en 2020, mais la dette est restée soutenable. Rapporté au PIB, le ratio de la dette du Trésor était stable autour de 65% de 2016 à 2019; il était de 64,9% du PIB en 2019, avant de grimper à 77,6% du PIB en 2020. Au premier trimestre 2021, l’encours de la dette exté- rieure publique était de 373,7 MMDH, réparti en 200,9 MMDH pour le Trésor et 172 pour les autres emprun- teurs publics. Le service de la dette extérieure publique s’est monté à 5,3 MMDH, dont 2,7 milliards DH payés par le Trésor et 2,6 MMDH pour les autres. A fin mai 2021, et en glissement annuel, les charges en inté- rêts de la dette ont baissé de 3,7% pour se situer à 10,3 MMDH. Cette baisse s’explique par la diminution de 7,7% des charges de la dette intérieure, s’établissant à 9 MMDH, qui a été cepen- dant amortie par l’augmen- tation de 37,2% des charges de la dette extérieure, à 1,3 MMDH. Au second trimestre 2021, la dette du Trésor a connu une augmentation de 3,5%. Sur les huit premiers mois de 2021, la dette inté- rieure a augmenté de 6%. En 2020, le Maroc a procédé à deux émissions réussies sur les marchés internatio- naux : une le 24 septembre, d’un montant d’un milliard

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