FNH N° 1028

12

BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 24 JUIN 2021

www.fnh.ma

Politique monétaire

◆ Interpellé sur les propositions de la Commission sur le nouveau modèle de développement en matière de politique monétaire, Abdellatif Jouahri a rappelé les fondamentaux de l'action de l'institution qu'il dirige. Jouahri accepte le débat sur les missions de BAM

centrale accomplit sa mission dans le cadre de la politique économique et financière du gouvernement, sans préju- dice à l'objectif de stabilité des prix. Dit autrement, tant que l'objectif de stabilité des prix est atteint, la Banque centrale peut entreprendre d'autres actions en faveur de l'économie. Plusieurs expériences à l'actif de BAM En 2014 déjà, Bank Al-Maghrib a introduit un dispositif de refi- nancement auprès des banques, destiné à soutenir les TPME exer- çant dans le secteur de l’industrie ou dont au moins 40% du chiffre d’affaires sont réalisés à l’export. Une manière de soutenir un sec- teur qui peinait à convaincre les banques. Cette action, qui n'a pas pour but la stabilité des prix, a permis à des milliers d'entre- prises d'accéder aux crédits. D'ailleurs, à ce jour, les banques ont fait de ce dispositif un vrai relais de communication et de croissance. Une autre initiative

en faveur de l'économie, beau- coup plus récente cette fois-ci, est en lien avec le dispositif mas- sif de financement lancé il y a un an au démarrage de la crise sani- taire. Bank Al-Maghrib a ouvert les vannes du crédit et réduit ses conditions de refinancement pour permettre aux banques de continuer à irriguer l'économie, malgré le pic de craintes. Là aussi, cette action, qui continue de donner ses fruits, n'avait pas pour but la stabilité des prix. Abdellatif Jouahri invite tout de même à l'ouverture du débat sur le sujet de la modification du cadre de son intervention avec les membres de la Commission et tout autre acteur concerné. Il a expliqué que la réorienta- tion de la stratégie de la Banque centrale est tout à fait envisa- geable, à condition de ne pas tomber dans l’excès. «Il ne faut pas me demander de laisser filer l'inflation ou le déficit», a résumé le wali, des éléments dont la maîtrise a fait la crédibilité de la Banque centrale que l'on connaît aujourd'hui. ◆

Abdellatif Jouahri a fait référence à l'ar- ticle 6 des Statuts de BAM pour expli- quer sa position.

années déjà. Le commentaire du wali était donc très attendu à ce sujet, l'occasion pour lui de rap- peler les fondamentaux de son mandat. Abdellatif Jouahri a ren- voyé les journalistes à l'article 6 des statuts de Bank Al-Maghrib, qui indiquent que l'objectif prin- cipal de la Banque centrale est la stabilité des prix. La formulation est importante, puisque le terme utilisé est «principal» et non «unique», ce qui laisse de la lati- tude à Bank Al-Maghrib pour agir en dehors de ce cadre. Le même article précise que la Banque

R echerchez l'expres- sion «Politique moné- taire» dans le rap- port général de la Commission sur le nouveau modèle de développe- ment et vous tomberez sur un paragraphe, un seul, qui inter- pelle la stratégie de la Banque centrale en la matière ! On y propose notamment l’adaptation des règles macro-prudentielles aux besoins de financement de l’économie nationale et une conduite de la politique moné- taire qui concilie de manière plus équilibrée les objectifs de crois- sance et d’inflation dans le cadre d’un mandat dual. Comprenez par-là que Bank Al-Maghrib devrait moins se focaliser sur l'inflation, qui devient structurel- lement maîtrisée, et lier plutôt sa politique à d'autres indicateurs macroéconomiques, à l'image d'autres Banques centrales, comme la Réserve fédérale amé- ricaine (FED) qui, officiellement, a mis l'emploi au cœur de sa poli- tique l'été dernier, ou encore la BOJ japonaise qui essaye d'agir sur la croissance depuis des Par A. Hlimi

Abdellatif Jouahri invite à l'ouverture du débat sur le sujet de la modification du cadre de son interven- tion.

Les avoirs officiels de réserve (AOR) devraient atteindre 328,5 milliards de dirhams à fin 2021 et 338,6 Mds de DH à fin 2022. «Tenant compte notamment des tirages extérieurs du Trésor, ainsi que de l'allocation de DTS (droits de tirages spéciaux) prévue par le FMI, les AOR de Bank Al-Maghrib avoisi- neraient 328,5 Mds de DH à fin 2021 et 338,6 Mds de DH à fin 2022, soit l’équivalent de plus de 7 mois d'importations de biens et services», a fait savoir Jouahri. Le wali a précisé que ces allocations DTS, dont lemontant atteint 11Mds de dollars, «sont reprises auniveaudes avoirs extérieurs deBAMet sont également comptabilisés en engagements à long terme, permettent à la Banque centrale de renforcer ses réserves, les arbitrer contre des devises, outre les utiliser pour financer ses dépenses». Cette émis- siondeDTS a été proposée par le staff duFMI à sonConseil d'administration. Elle porte sur 650Mds de dollars et concerne l'ensemble des paysmembres, et ce pour faire face aux problèmes de liquidités qui peuvent survenir les 5 années à venir. La quote-part duMaroc est de 0,19%de cemontant, soit 10,8Mds de dollars. Lewali a indiqué que leMaroc va tirer sa quote-part. Les réservesde change seront dopéesparuneallocation de DTS du FMI de 11 Mds de dollars

Made with FlippingBook flipbook maker