FNH N° 1028

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 24 JUIN 2021

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Foncier industriel

◆ Les prix sont dissuasifs dans les zones à forte demande comme Casablanca. ◆ Certains industriels ont opté pour des terrains agricoles, au risque d’opérer dans l’informel. Les investisseurs en manque d’offres adaptées

immobiliers (AMAI). Face à cette situation, et au risque de basculer dans l’in- formel, certains investisseurs n’hésitent pas à transformer des terrains agricoles en espaces pour leurs sites de production. Conscient de ce constat, le département de tutelle a adopté, dans le cadre du plan d’accélération industrielle, une nouvelle approche en matière de planification, de dévelop- pement, de revitalisation et de gestion des espaces d’accueil industriel, impliquant un parte- nariat public-privé. Une assis- tance technique est appor- tée aux parties prenantes en matière de développement et de gestion des zones indus- trielles. Le plan prévoit égale- ment un nouveau modèle de développement de ces ZI. Il comporte la mise en place du Fonds des zones industrielles durables (Fonzid). Mais les réalisations demeurent nette- ment en deçà des attentes des opérateurs, surtout les petits investisseurs. «Les ZI sont cal- quées sur des modèles stan- dards réalisés à l’international sans prendre en considération certaines spécificités maro- caines», conclut Lahlou. ◆

taller plus loin de la région de Casablanca. Un choix qui, a priori, s’avère pertinent, mais ils rencontrent néanmoins dif- férentes contraintes. Ils font face à de nombreux handicaps, comme l’éloignement de leurs

fournisseurs et de leurs clients, sans compter des difficultés pour séduire les ressources humaines les plus qualifiées», souligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Pour le locatif, la situation

La spéculation a transformé des quartiers industriels en zones résiden- tielles.

ne se présente pas sous de bons auspices. La tarification est jugée dissuasive; elle est comprise en moyenne entre 80 et 100 DH le m2/mois. Pour les activités nécessitant de grandes superficies, le coût est très élevé et pèse lourde- ment sur les charges d’exploi- tation. «Les investisseurs industriels mettent beaucoup de temps pour trouver un foncier adapté à leurs besoins, à cause de l’absence de la superficie sou- haitée, de l’emplacement loin des réseaux de communica- tion et l’inadéquation des équi- pements de base existants», affirme Mohamed Lahlou, président fondateur de l’Asso- ciation marocaine des agents

Noires ou La Gironde. Sous l’effet de la spéculation, les propriétaires de locaux en arrêt d’activité préfèrent les laisser vacants afin de réali- ser d’importantes plus-values en les vendant aux promo- teurs immobiliers. Ce phéno- mène commence à toucher des zones industrielles dans la périphérie de la ville, jadis épargnée. Plus attractives il y a quelques années, des cités satellitaires comme Tit Mellil, Zenata, Aïn Harrouda, Médiouna, Nouasseur ou Bouskoura ont vu le prix du foncier sensiblement grimper. «Face à cette flambée, les industriels cherchent à s’ins-

L e foncier industriel est devenu hors de portée pour les opé- rateurs économiques, surtout dans la région de Casablanca, pénalisant les investissements dans le sec- teur. Avec la crise sanitaire ayant engendré une crise éco- nomique, les opérateurs s’at- tendaient à une régression des tarifs, mais la réalité est bien différente. Excepté les zones industrielles spécialisées comme celles dédiées à l’automobile ou les agropoles, où l’Etat s’est activé à travers un vaste programme lancé en partenariat avec de nombreux organismes pour proposer des offres adéquates et à des prix très compéti- tifs, pour les autres activités la situation est plus compliquée. Dans la capitale économique où il y a une forte pression, plusieurs zones connues par leur vocation industrielle ont commencé à changer de phy- sionomie urbanistique, comme Aïn Sebaâ, Aïn Borja, Roches Par C. Jaidani

Pour les activités

nécessitant de grandes superficies, le coût du locatif est très élevé et pèse lourde- ment sur les charges d’ex- ploitation.

Limite de la plateforme digitale dédiée

Pour faciliter l’accès au foncier industriel, le département de tutelle amis enplace une pla- teforme digitale pour mettre à la disposition des investisseurs des terrains adéquats par rapport à leurs besoins et à des prix compétitifs. Cet outil est censé livrer des données particulièrement larges et diversifiées. La plate- forme a vocation à éclairer les opérateurs sur les disponibilités en zones industrielles afin de les aider dans la prise de décision et à augmenter la transparence et la visibilité du fon- cier industriel, auservicede l’acted’investir.Mais les informations véhiculées sont généra- listes et peu détaillées et ne prennent pas en considération les spécificités des différentes filières.

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