Argenteuil_2012_05_09

ACTUALITÉ

Les médecins et infirmières ont peur de perdre leur licence

garder l’anonymat, nous dit : « Il manque des instruments de base pour pouvoir bien faire notre travail. Il y a quelque temps, nous avions huit patients qui devaient être surveillés par un appareil de télé- métrie et il n’y en avait que quatre. Ces appa- reils sont importants pour ne pas qu’on se trompe dans le dia- gnostic et les traitements pour un patient. Les infirmières ont passé leur temps à faire des rapports d’ac- cident cette journée-là pour signaler le man- que de ressources. Ces conditions sont dange- reuses », explique-t-il. Il déplore également le fait que son espace de

manque de personnel de soutien comme des travailleurs sociaux, des physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Il devrait y en avoir au moins un à l’ur- gence, mais ici, il faut absolument que le patient soit hospitalisé pour avoir le privi-

les patients prioritaires » en premier. Nous ne sommes pas assez! », explique-t-elle. Et les infirmières dans tout ça Tous les médecins rencontrés s’enten- dent pour dirent que celles qui écopent le plus de la gestion actuelle sont les infirmiè-

lège d’être vu par ces profession- nels», soupire-t-il. Une situation que déplore égale- ment le porte-parole du Conseil des méde- cins et dentistes p r o f e s s i o n n e l s (CMDP) Gilles Durocher, qui a re-

res. « Elles se retrouvent à faire toutes sortes de tâ- ches : travail social, répondre au télé- phone en plus de la charge des infirmiè- res auxiliaires », nous dit un méde- cin. Selon les infir- mières rencontrées,

«Si tu n’es pas con- tente, va dont cueillir des fraises!» P ROPOS TENUS À L ' ENDROIT D ' UNE INFIRMIÈRE DÉCOURAGÉE

mis sa démission et qui ne pratique plus à l’hôpital de Lachute depuis vendredi der- nier. « L’équipe de l’urgence ne comprend mêmepas les effectifsdebase tel que l’exige les normes du Guide de gestion de l’unité d’urgence (mis à jour en 2006 par le gouver- nement du Québec). Selon ce document, un travailleur social devrait, entre autres, faire parti de l’équipe de l’urgence. » Après vérification, le Guide de gestion de l’unité d’ur- gence du

le ratio ordinaire de patient à la charge d’une infirmière se situe entre 10 à 12 patients pour une infirmière. « Ici, c’est plutôt 14, 15 et 16 patients que nous avons », nous confie l’une d’elle qui ne souhaite divulguer son identité de peur de repré- sailles. D’après plusieurs d’entre elles, le cli- mat est très tendu au CSSSA. « Plusieurs d’entre nous font du temps supplémen- taire obligatoire (T.S.O.) et c’est très démotivant de voir que nous devons tour- ner les coins ronds pour pouvoir finir notre journée. Il n'y a pas une journée où une infirmière ne part pas d'ici en pleurant ou en étant fâchée.» Plusieurs ont demandé de l’aide et se sont fait répondre assez cavalièrement : « Si tu n’es pas contente, va dont cueillir des fraises! », s’est fait dire l’une d’elle. Un autre s’est fait dire : « Si tu n’es pas contente va travailler ailleurs ». « Tu devrais avoir une attitude plus positive », s’est fait répondre une autre. La dizaine d’infirmières rencontrées af- firment enavoir ras lebol et que rienn’est fait pour les retenir au CSSSA. « Une infirmière avec 11 ans d’expérience a demandé un congé sans solde de trois mois il n’y a pas longtemps. Ils ont refusé de lui accorder, alors l’infirmière a démissionné », nous dit fatalement une autre. Finalement, une patiente de l’urgence a spontanément demandé à nous parler. « Ça fait 5 jours que je suis ici et je vois tout le personnel qui se démène comme des bons. Le préposé aux bénéficiaires est seul ce matin pour s’occuper de 25 patients. Vingt- cinq patients à faire déjeuner, à lever et à débarrasser de leur bassine. Ce n’est pas humain, ils vont se mettent à terre », raconte Mme Groulx.

On aperçoit ici une infirmière qui travaille assise sur une chaise roulante dans un local où les pansements et bandages stérils sont entreposés. Elle écrit sur un dossier à même un chariot surchargé puisqu’il n’y a pas de place pour elle au poste de travail des infirmières de l’urgence.

travail n’est pas nettoyé régulièrement à l’urgence. Il déplace alors un classeur qui

argenteuil@eap.on.ca L ACHUTE

nous dévoile une ta- che brunâtre. « Il y a unmois, j’ai échappé mon thé par mé- garde. La tache est encore là. Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas d’entretien plus rigoureux de nos plans de travail à l’urgence; c’est ici que passe plein de virus et de bactéries. À chaque matin, c’est moi qui lave mon bureau », dit-il. Son collègue, le docteur Budeci, a

« L’équipe de l’urgence ne comprend même pas les effectifs de base tel que l’exige les normes du Guide de gestion de l’unité d’urgence (mis à jour en 2006 par le gouvernement du Québec). » D R G ILLES D UROCHER

Suite à l’article paru dans L’Argenteuil du 2 mai dernier, plusieurs médecins et infirmières ont tenu à faire visiter leur environnement de travail àune journaliste de L’Argenteuil et à son directeur, François Leblanc. Quatre médecins, une travailleuse sociale et une dizaine d’infirmières ont tenu à témoigner de ce qu’ils vivent au quotidien et de leur peur de perdre leur licence professionnelle en exerçant au CSSSA. Ils affirment qu’un problème de gestion sérieux empêche l’hôpital de fonctionner efficacement, tant au niveau de la rétention du personnel qu’au manque de ressources professionnelles. Ils indiquent tous que la qualité des soins s’est dégradée depuis les 4-5 dernières années. Lors de notre passage, l’urgence était pleine à plus de 200 % avec 26 civières d’occupées. Plusieurs civières étaient dans le corridor de l’urgence. Deux des méde- cins « dépanneurs » qui s’y trouvaient expliquent qu’ils se demandent encore sou- vent pourquoi ils travaillent auCSSSAdans ces conditions. L’un d’eux, qui souhaite

gouvernement du Québec stipule qu’ : « Il est essentiel de pouvoir compter sur la disponibilité d’au moins un tra- vailleur social pour l’urgence. (…)De plus, l’intégration à l’équipe de l’ur- gence d’un travailleur social venant des services de première ligne pour effectuer

l’évaluation et le suivi de certains patients favorise une prise en charge plus rapide de ceux-ci dans la communauté et réduit par conséquent la durée de leur séjour, tant à l’urgence que dans les unités de soins. » ( Guide de gestion de l’unité d’ur- gence , chapitre B.5.5.2.) Perte d’un travailleur social l’automne dernier L’Argenteuil a aussi recueilli l’avis d’une travailleuse social (T.S.) du CSSSA. Cette dernière, qui souhaite garder l’ano- nymat, nous explique qu’un des trois travailleurs sociaux a été renvoyé

aussi peur de perdre sa licence quand il vient au CSSA. Il explique avoir plusieurs fois proposé des changements dans la fa- çon de traiter les patients sans avoir été pris au sérieux quand il en a fait par à la direc- tion. « J’ai pu observer d’autres pratiques très intéressantes dans le fonctionnement de l’hôpital de St-Eustache, de l’hôpital Barrie-Mémorial (à Ormstown en Montérégie), à Sorel et en Ontario. Ici, il

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l’automne passé. «À l’épo- que, la direction nous avait demandéde réorganiser no- tre temps pour mieux fonctionner à trois T.S. , ce que nous avons fait du mieux que nous le pou- vions. Et on s’est fait enlever l’équivalent d’un poste à temps complet au départe- ment de services sociaux vers la fin octobre 2011 », raconte-t-elle. Elle déplore le fait qu’elle ne peut assurer un service rapide puisqu’elle doit tou- jours traiter en premier les priorités. « Il y a un patient qui est à l’hôpital depuis janvier dernier et que je n’ai pas encore eu le temps de voir puisque je dois voir «

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Les trois médecins de l'urgencedoivent s’entasser dans cet espace pour rédiger les dossiers des patients et faire leurs recherches. On peut constater que leur table de travail est plutôt rudimentaire.

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