FNH N° 1048

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

DU 23 & 24 DÉCEMBRE 2021

www.fnh.ma

◆ L’économie marocaine continue d’être chahutée par les mesures restrictives prises pour limiter la propagation du coronavirus, surtout avec l’apparition d’Omicron sur le territoire national. ◆ Si l’exercice 2021 devrait être sanctionné par une croissance de 6,5%, voire plus, la dynamique économique pourra-t-elle néanmoins être maintenue avec cette pandémie qui perdure ? Surtout, de quels leviers dispose aujourd’hui le Royaume pour faire de cette crise une véritable opportunité ? ◆ Eléments de réponse avec Mohamed Berrada, professeur universitaire et ancien ministre, qui fait une analyse lucide et pertinente de la situation actuelle, tout en suggérant un certain nombre de pistes à investir par le Maroc. «Plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites» Relance

Propos recueillis par F. Ouriaghli

Finances News Hebdo : L’Etat a déployé des efforts financiers consé- quents pour renforcer la résilience de l’économie marocaine, impac- tée par la crise. Aujourd’hui, selon vous, comment la relance écono- mique s’annonce-t-elle ? Mohamed Berrada : Après une année – 2020 – qui a connu la plus grande récession économique jamais enregistrée dans notre pays (une croissance négative de -6,20%), 2021 a été l’année du redressement de l’activité économique nationale. On s’attend à un taux de croissance autour de 6,50%. Il s’explique évidemment par les mesures prises dans le cadre du plan de relance pour atténuer les effets immédiats de la pandé- mie sur les ménages et les entreprises, mais surtout par les résultats exceptionnels de la campagne agricole, conjugués aux avan- cées notables enregistrées en matière de vaccination. La reprise a concerné la quasi-majorité des activités économiques, mais à des rythmes différenciés. Il y a des éléments positifs, comme le pouvoir d’achat des ménages par exemple qui a progressé, favorisé par l’amélioration des revenus générés par les bons résultats de la campagne agricole, mais aussi par l’importance des transferts des MRE (+43,3% à fin octobre). On a assisté aussi à une reprise des créa- tions d’emplois et une progression des cré- dits à la consommation et ce, dans un

Dans l’immé- diat, on a besoin sur- tout d’une action éner- gique sur l’offre. Il ne faut pas oublier que cette crise est une crise d’offre !

contexte d’inflation modérée de 1,3% en moyenne, à une reprise de l’investissement, stimulé par la hausse des importations des biens d’équipement, à l’amélioration des recettes des IDE, à l’accroissement de l’in- vestissement budgétaire et la dynamique de créations d’entreprises. On a assisté à un accroissement significatif des exportations qui a concerné l’ensemble des secteurs, plus particulièrement celui des phosphates et dérivés, de l’automobile, de l’industrie alimentaire et celui de l’électro- nique et électrique. Mais, par contre, on a assisté à une aug-

mentation du déficit commercial, stimulé par un rebond des importations, entraînant une légère baisse du taux de couverture, alors que les réserves de change se main- tiennent à un niveau permettant de couvrir plus de sept mois d’importations de biens et services. Mais tout cela n’a pas empêché certains secteurs clefs de l’économie, comme par- tout ailleurs dans le monde d’ailleurs, de subir encore les effets néfastes de la crise, à l’instar du tourisme, de l’hôtellerie, des activités qui s’y rapportent, et le transport aérien.

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