Une vision du monde axée sur les systèmes vivants : une histoire d’intégration et de son ensemble Heureusement, un autre paradigme émerge progressivement. À bien des égards, on pourrait même dire qu’il réapparaît. Selon celui-ci, le monde n’est pas perçu comme une machine, mais bien comme un système écologique vivant dont les humains font partie intégrante. C’est de cette vision du monde que découle le concept de régénération. Après tout, seul le vivant peut se régénérer. Notre corps se régénère, tout comme les écosystèmes. C’est aussi le cas des unions de mariage, qui nécessitent sans cesse un renouveau et une régénération. Cette fonction est au cœur de tout système vivant, y compris les organisations, les communautés et les économies. En fait, la régénération peut être perçue comme synonyme de vitalité renouvelée et d’autoguérison. En plaçant ainsi la vie au centre des préoccupations, ce paradigme alternatif met en évidence l’interdépendance et la complexité inhérentes du monde vivant. Tout existe en relation avec tout le reste. Au lieu de mettre l’accent exclusivement sur des parties séparées, cette vision nous incite à interagir avec des systèmes entiers. Plus que de simples ingénieurs, nous sommes des jardiniers ou des gardiens des systèmes vivants dont nous faisons partie, y compris nos organisations et nos communautés. Sans mettre de côté la concurrence, l’efficience et la perspective, on nous invite aussi à reconnaître l’efficacité de la coopération ainsi que des capacités d’adaptation et de réaction locales. Le concept d’émergence est particulièrement important au sein de ce nouveau discours. Plutôt que de chercher à tout prévoir et à tout contrôler avec précision comme on pourrait le faire à l’aide de rouages et de boutons mécaniques, cette vision du monde nous encourage à être attentifs aux changements continus qui émergent autour de nous et à y répondre. Cette évolution peut se
faire de manière lente et progressive, ou soudaine et complètement imprévue, découlant des changements survenus précédemment. Comme l’a résumé John Lennon : « La vie est ce qui vous arrive pendant que vous êtes occupé à faire d’autres plans ». Quand nous cessons de voir la vie comme étant statique et immuable, nous entrons plus facilement dans une logique de relation, de participation, de développement et d’apprentissage. En fait, ce discours n’est pas totalement inédit. Le passage d’un discours mécaniste à un autre centré sur les systèmes vivants repose sur une prise de
conscience des visions du monde autochtones, lesquelles sont fondées sur de telles perspectives depuis des temps immémoriaux. Dans l’ensemble, la vision du monde qui sous-tend la régénération nous incite à nous considérer comme étant pleinement intégrés dans un monde vivant et évolutif. Dans cette optique, le but de nos activités est de prendre part à la revitalisation et à la guérison des écosystèmes et des relations humaines dont dépendent la communauté, l’économie et notre bien- être collectif.
Transition de la vision du monde
Vision mécaniste
Systèmes vivants
12
Le monde en tant que machine
Le monde en tant que système écologique vivant
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Separation & fragmentation
Intégration et entièreté
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Le monde est simple et linéaire
Le monde est complexe et non linéaire
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Commande, contrôle et prévisibilité
Création de conditions favorables et concept d’émergence
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Solutions génériques
Réponses locales
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Intérêts personnels et mode transactionnel
Mutualité et réciprocité
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