ORILLIA : LE RÉCIT D’UN LIEU (PETITE VILLE RURALE)
Adaptation d’un texte de Michael Jones paru dans The Age of Thrivability
Au cours des dernières années, j’ai coprésidé deux tables rondes communautaires à Orillia, un milieu agricole dans la campagne ontarienne à 90 minutes au nord de Toronto, qui fut aussi à une époque un pôle industriel prospère. Nous avions notamment pour tâche de nous pencher sur la revitalisation du centre-ville d’Orillia, son développement économique, la planification événementielle et culturelle, ainsi que la conception d’infrastructures. Nous appuyant sur des discussions avec le public, des projets individuels et le soutien du personnel municipal, nous avons pu mettre l’accent sur le caractère unique de notre communauté et sur la façon de redéfinir notre rôle citoyen.
bien-aimée de Mariposa dans son livre Sunshine Sketches of a Little Town . Au beau milieu des grands bouleversements de la guerre et du développement industriel, Leacock a su donner vie à l’attrait pour des lieux qui ont préservé notre humanité commune. C’est ce qui a inspiré la création des tables rondes, une occasion d’imaginer comment le récit de ce lieu, tel que raconté par Leacock à travers celui de Mariposa, peut servir de référence pour mieux comprendre de nombreux projets communautaires. Nous avons ainsi réimaginé nos propres récits sous nos chapeaux d’anthropologues, révélant les histoires inédites, les artefacts oubliés et les sens cachés qui allaient servir de fondement pour le récit de cette communauté. Notre quête nous a aussi amenés à découvrir un autre récit de la région, plus ancien celui-là : le récit autochtone de Mnjikaning, qui signifie « rassemblement ». Pendant des millénaires, des gens de tous les horizons ont convergé à cet endroit pour discuter et jouir du sens de l’hospitalité des peuples qui y avaient élu domicile. Ils étaient les « gardiens des barrières à poissons », soit des barrages, qui se trouvent toujours à The Narrows. Cet endroit était aussi le point de rencontre entre la plaine calcaire et les lacs à brochets aux eaux chaudes et peu profondes au sud, ainsi que le granit profond et les lacs à truites aux eaux froides du bouclier précambrien au nord. Les peuples de Mnjikaning vivaient sur cette « terre du milieu », où ils devaient être maîtres de deux systèmes écologiques distincts.
L’imaginaire de Mariposa créé par Leacock ainsi que le récit autochtone de Mnjikaning ont forgé le récit narratif évocateur de notre communauté en tant que lieu de rencontre; une destination pour des conversations d’envergure mondiale et une occasion pour les visiteurs de développer leur potentiel créatif en prenant part à des expériences uniques à ce lieu. Notre vision sous-jacente était de créer une éthique et une culture d’accueil local. Cette vision nous a amenés à repenser notre nouvelle bibliothèque publique en tant qu’espace de rencontre et en tant que cœur physique de la communauté, un « lieu commun » où des personnes aux intérêts divers peuvent se rassembler et discuter. Elle nous a également incités à qualifier une partie de notre centre-ville de « quartier des arts », où se tiennent des festivals de musique et d’art. Nous sommes convaincus que l’avenir appartient aux communautés qui sont à l’écoute des récits, font preuve d’empathie, reconnaissent le talent artistique, s’ouvrent aux dialogues, démontrent leur originalité et partagent un sens commun, aspects qui expriment leur caractère unique et leurs forces.
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Ce faisant, nous étions accompagnés – en esprit, du moins – par l’humoriste canadien Stephen Leacock, qui, un siècle plus tôt, avait consigné ses observations sur la population d’Orillia pour ensuite les transposer au sein de la communauté imaginaire
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