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BOURSE & FINANCES
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VENDREDI 29 JUILLET 2022
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L’Euro, une monnaie mort-née D epuis sa mise en circulation sous sa forme fiduciaire en 2002, l’Euro a toujours prétendu au statut d’alternative, ou du moins de concurrent direct au Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d'Arkhé Consulting
Dollar américain. Ancré dans une économie puissante, inno- vante et prospère, celle de l’Union euro- péenne, l’Euro avait en apparence toutes les chances de réussir, si ce n’est un cer- tain nombre d’obstacles infranchissables. Le premier étant l’absence d’unité poli- tique. Car oui, depuis des siècles et des siècles, la monnaie c’est César, autrement dit l’Etat. Le nom de «devise» renvoie lit- téralement à la devise d’un Etat et d’une nation. A savoir, les valeurs fondatrices et fédératrices de cette dernière. La pièce ou le billet de banque servait en quelque sorte de carte de visite étatique à l’international. On pouvait, juste en regardant un billet, savoir qui était le chef de l’Etat, la nature du système politique, les valeurs fonda- mentales du pays, le type d’architecture à travers les monuments représentés,… Dans le cas de l’Euro, tous ces éléments manquent à l’appel. Il n’existe ni Etat euro- péen, ni chef d’Etat par conséquent, ni valeurs séculaires, ni identité civilisation- nelle, sachant que tous les monuments représentés sur les billets d’Euro sont fic- tifs, bien que inspirés de monuments réels. Le deuxième obstacle est celui des dispa- rités de développement entre les différents Etats membres de l’UE. Avant la création de l’Euro, la plupart des pays du Sud recouraient de manière récurrente à des dévaluations monétaires pour gagner en compétitivité, face à une économie alle- mande imbattable sur le terrain de la com- pétitivité industrielle. L’Italie, mais aussi la France, bien que possédant un appareil productif puissant et moderne, ne pou- vaient rivaliser avec le voisin allemand qu’en recourant à ce levier. Cependant, la mise en place de la monnaie commune a été de fait une extension du Deutsche Mark qui ne dit pas son nom. Pour l’Allemagne, rien ne change, mais pour les pays périphériques, ils se sont retrouvés avec une monnaie surévaluée par rap- port à leur puissance économique, et sur
Avec la crise du Covid-19, la BCE a
décidé d’accélérer la dynamique de rachat des obligations d’Etat.
laquelle ils n’ont désormais aucune prise. Le régime de change de l’Euro est flottant, et les Banques centrales nationales sont devenues littéralement des succursales de la BCE dont le siège se trouve comme par hasard à Francfort, en Allemagne. Fini les dévaluations monétaires et place désor- mais à la lutte de tous contre tous à l’inté- rieur de l’arène européenne. Privés de dévaluation et de toute forme de protectionnisme, les économies euro- péennes du Sud vont se transformer gra- duellement en chasse-gardée de l’Alle- magne. Avant la crise du COVID, environ 80% des exportations allemandes se faisaient à l’intérieur de la zone Euro… Puis arrive la crise de 2008, suivie de celle des dettes souveraines de 2012. Les deux ayant des liens étroits, sachant que les solutions apportées à la première ont pro- voqué les malheurs de la deuxième. Petit rappel des faits. La crise de 2007- 2008 fut financière, puis économique. A l’époque, l’urgence était de recapitaliser le système bancaire en vue d'éviter sa faillite. Pour ce faire, les Banques centrales (FED et BCE en tête) décidèrent de recapitaliser les banques en injectant des centaines de milliards de dollars et d’euros dans le système financier, en rachetant à tour de bras tous les actifs pourris que détenaient les banques, et en abaissant les taux direc- teurs à zéro. Des politiques monétaires quantitatives qui ne peuvent à terme que déprécier la valeur de la monnaie (inflation
monétaire). Cette situation de surliquidité engendra de vastes mouvements spécu- latifs, autant sur les marchés des matières premières et alimentaires que sur ceux des dettes souveraines. Les dettes italiennes et grecques explosèrent et les taux d’intérêt devinrent insoutenables. Deux solutions s’imposaient d'elles- mêmes. Soit la Grèce et l’Italie quittent l’Euro et l’Union européenne, menaçant ainsi de faire éclater l’Union et de mettre à mort l’Euro, soit la BCE décide de sauver l’Euro à tout prix, quitte à sortir de son orthodoxie et soviétiser le marché de la dette. C’est la deuxième qui fut retenue avec la célèbre phrase prononcée en juillet 2012 par Mario Draghi, l’ancien président de la BCE : «Whintin our mandate, the ECB is ready to do whatever it takes to préserve the euro» / «Sous notre mandat, la BCE est prête à faire tout ce qu’il faudra pour préserver l’Euro». En septembre 2012, Draghi lance un plan illimité de rachat de dette de pays de la zone Euro, désormais incapables de se financer sur le marché en raison de l’envo- lée des taux. La monnaie n’est plus au service de l’économie, c’est désormais l’inverse. Et si je parle de soviétisation, c’est parce que la BCE a décidé que les taux ne seront plus formés par le marché, mais décrétés par la Banque centrale. Le but était, premièrement, d’éviter le défaut de paiement de la Grèce et de l’Italie, mais également de maintenir les
La mise en place de la monnaie com- mune a été une extension du Deutsche Mark qui ne dit pas son nom.
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